Certains confrères journalistes, s’attendaient à ce que le président de Talaie El-Houriyet, Ali Benflis, annonce aujourd’hui, lors de sa conférence de presse, la participation de son parti aux prochaines législatives. Il n’en fut rien… L’homme est plus que jamais scotché à ces certitudes politiques de ne pouvoir… accéder au pouvoir sans l’appui décisif de l’armée.
Il ne l’a pas dit expressément, mais Benflis à fortement laissé entendre que son parti n’ira pas au charbon pour constater ce qu’il vaut sur le terrain. «A défaut de nous rassembler pour faire face à cette crise, on nous propose la tenue d’élections qui porteront comme d’habitude la marque infamante de la tricherie politique et de la fraude électorale», assène Benflis dans un discours conforme à sa rhétorique qu’il ressasse depuis son second échec à la présidentielle en 2014.
Talaie El-Houriyet, monté en grande pompe pour porter le «projet» de Benflis, si tant et qu’il en aurait un, va sûrement agiter le drapeau blanc. Le ton et le discours de son chef ne laissent pas l’ombre d’un doute. « … Cela est connu de tous, et si nous avions encore quelques illusions, les deux lois organiques sur le régime électoral et sur l’Instance de surveillance des élections sont venues les effacer définitivement de nos esprits. En effet, ces deux lois n’ont rien fait d’autre que de venir aménager deux pépinières luxuriantes pour la poursuite de la tricherie politique et de la fraude électorale», a-t-il appuyé.
Tout au long de son speech, Ali Benflis a surtout redoublé de formules pour disqualifier les prochaines législatives et donc forcément, exclure une éventuelle participation de son parti. «Dans notre système politique les élections n’ont au fond qu’une raison d’être : celle d’actualiser périodiquement la distribution par l’appareil politico-administratif des quotas électoraux entre les forces politiques participantes, en fonction de leur docilité ou de leur indocilité. Il ne faut attendre des élections telles qu’elles se déroulent dans notre pays rien de plus et rien de moins» a-t-il déclaré.
Benflis s’est ainsi borné à gloser sur «l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays» que les élections ne régleront pas d’après lui.
La même rhétorique…
Sa conférence de presse a été un long manifeste pour le boycott du scrutin bien qu’il se soit bien gardé de prononcer le mot.
«Le régime politique en place tiendra les élections qu’il veut, dans les conditions qu’il veut, et selon les règles faussées qu’il a lui-même imposées unilatéralement et arbitrairement. Mais au lendemain de ces élections qu’y aura-t-il de bien nouveau et qu’y aura-t-il de bien profitable pour le pays ? La désaffection de nos concitoyennes et de nos concitoyens à l’égard de la politique n’en sera que plus grande», a-t-il soutenu.
Pourtant, les prochaines législatives pourront être un sérieux test pour voir ce que son discours et son parti pèsent sur l’échiquier politique. Mais Benflis qui craint visiblement qu’il soit balayé comme il l’a été lors des deux présidentielles auxquelles il avait participé, préfère botter en touche. En excluant virtuellement sa participation aux élections, Benflis prends le risque de voir son parti voler en éclats. Les cadres qui ont marché avec lui se sentiront légitimement trahis par un homme dont la carrière est derrière lui et qui leur refuse de prétendre tester leur popularité.
«A des institutions auxquelles nos concitoyennes et nos concitoyens n’accordent ni crédit ni confiance succéderont d’autres institutions auxquelles il n’accordera toujours pas de crédit ni de confiance», assène-t-il, sous forme de «vérité absolue». Un discours qui aura du mal a rassurer «sa base» qui va sans doute quitter un bateau qui coule…