Le Gouvernement Djerad est en sursis depuis des mois déjà, maisle président Tebboune a signé dimanche son arrêt de mort, en attendant l’exécutionde la sentence, lors de son départ en Allemagne.
« S’agissant du Gouvernement, il y a du bon et du moinsbon », dira le président Tebboune en s’adressant à son premier ministreavec un air entendu qui en dit long sur « l’amour » qu’il porte à cetexécutif, à bout de souffle.
La réflexion du président Tebboune, dimanche, à l’aéroport militaire de Boufarik, faitécho à son appréciation critique qu’il avait déjà portée lors du dernierconseil des ministres au cours duquel l’action de l’exécutif était passée au criblefin.
Mais avant le coup de boutoir du président, en attendant lecoup de grâce, l’exécutif Djerad est régulièrement la cible de critiques pour son « incompétence », une sentencelargement entendue lors du débat sur la loi de finances 2021.
Un député de Batna, par la suite désavoué par certains deses pairs, avait même accusé le Premier ministre en personne de rouler pour sa proprechapelle, en profitant de l’absence duchef de l’Etat pendant son hospitalisation en Allemagne.
Certains ministres sont lynchés sur les réseaux sociaux, àcause de leurs déclarations intempestives, comme Sid Ali Khaldi, auteur d’unedéclaration zélée, lors de la campagne électorale sur la révision constitutionnelle.
« Certaines parties sont irritées par la constitutionnalisationdu Hirak, s’ils ne sont pas contents, ils n’ont qu’à changer de pays » , s’est-il laissé aller lors d’un meeting, provoquant du coup un déluge de critiques.
Khaldi a du manger son chapeau, mettant en ligne une vidéodans laquelle il s’est excusé, en expliquant que son propos « est sorti deson contexte ». Et depuis ce pas de clerc, qui a certainement scellé sonsort, Sid Ali Khaldi tourne sept fois sa langue avant de …se taire.
Kaouthar Krikou, ministre de la Solidarité nationale, s’estattirée les foudres de l’opinion le jourdu référendum sur la constitution en faisant preuve d’un zèle maladroit lors duvote.
Au lieu de se rendre à l’isoloir, pour choisir « enson âme et conscience », selon la formule consacrée, Mme la ministre apris ostensiblement le bulletin « oui » pour le glisser dans l’urne,ignorant royalement les observations de la préposée au bureau de vote qui luirappelle la procédure.
Ferhat Ait Ali, ministre de l’industrie n’échappe pas luiaussi au feu des critiques, venant souvent de ses ex amis du camp démocrate, quilui reprochent d’avoir « tournécasaque » après être devenu ministre. Sans compter qu’il lui est aussireproché ses déclarations contradictoires sur le très sensible dossier d’importationde véhicules.
Le ministre des finances, Aimane Benabderrahmane, accusé de ne pas posséder l’étoffe nécessaire pour ce poste stratégique, est également vilipendé à cause de l’assèchement des liquidités et des regrettables files des retraités devant les bureaux de poste, donnant de l’Algérie l’image d’un pays en faillite. Son manque d’anticipation à ce sujet et la dévaluation vertigineuse du dinar lui seront également reprochés. Son départ serait pratiquement acté.
Le ministre de l’intérieur, Kamel Beldjoud, est un Ovni qui a atterri au niveau de ce ministère régalien, alors que son parcours dans les collectivités locales se limite à un poste de wali délégué. Il lui est reproché d’interférer dans les prises de décision au niveau de toutes les structures, intérieur et collectivités locales, où il a placé des gens considérés comme incompétents selon ses détracteurs. Il sera certainement parmi les partants, tant son passage dans ce ministère ne laissera pas de bons souvenirs.
Amar Belhimeur, ministre de la Communication, est lui aussi abonné au baching médiatiquesur les réseaux sociaux. Si certains lui reprochent sacaution à l’arrestation des journalistes, notamment Khaled Drarni, d’autrestrouvent qu’au bout d’une année à latête du ministère de la Communication, c’est le statut quo, son action en faveur du changement dans lesecteur est inversement proportionnelle à ses déclarations récurrentes.
Le ministre du Commerce est souvent taclé pour son stylejugé « trop populiste », en plus de sa non maitrise de la langue française qui lui a valu bien des sarcasmes, notamment cette malheureusedéclaration où il a parlé de « enfrac » au lieu de « en vrac ».
Que dire aussi des dissonances régulières entre les ministres en charge du secteur de l’Energie,Abdelmadjid Attar et Mohamed Arkab, et lePr Chems Ediine Chitour, qui n’ont pas toujours accordé leurs violons enparlant du fameux Desertec où encore de l’avenir (ou du non avenir) des énergiesfossiles en Algérie .
Et pour compléter ce tableau en camaïeu noire, il fautrappeler que deux ministres ont été limogés par le président Tebboune, à savoirAhmed Chawki Fouad Acheuk Youcef, ministre du Travail, viré le 26 juillet 2020, pourmensonge par omission. Et avant-hier, leministre du Transport,Tahar Hani, à cause de supposées malversations dans laconclusion d’un contrat de catering.
A la décharge de ces ministres, cibles de critiquesrégulières, il faut convenir que la conjoncture marquée par une crise protéiforme, est difficile et rend l’exercicede la fonction problématique. Descirconstances atténuantes que le président Tebboune va certainement prendreen considération au moment de changer d’équipe. Reste à savoir le timing, c'est à dire quand et qui partira, qui restera.