Pour sa première réapparition publique depuis le crash de la défunte AigleAzur, l’ex-Président Directeur Général, Frantz Yvelin, a pointé un doigtaccusateur en direction des autorités algériennes, coupables d’après lui,d’avoir bloqué les devises de la compagnie.
En effet, dans un entretien fleuve qu’il a accordé au magazine online «L’Écho Touristique», paru dimanche, FrantzYvelin ne met certes pas la faillite d’Aigle Azur sur le dos de l’Algérie, maisestime qu’elle était un «facteur déterminant ».
«AigleAzur avait toujours un problème latent de trésorerie bloquée de l’autre côté dela méditerranée avec la banque d’Algérie et l’État algérien, soyons honnête,qui ne joue pas nécessairement le jeu sur le sujet ; et la France ne voulaitpas trop mettre de l’huile sur le feu», assène-t-il.
L’expatron d’Aigle Azul qui s’est livré les «yeux dans les yeux» àl’éditorialiste du magazine Dominique Gobert, a expliqué le paradoxe quel’Algérie fut à la fois la force et la faiblesse de la compagnie.
«L’Algérie,c’était la plus grande force d’Aigle Azur. Cependant, c’était aussiparadoxalement une grande faiblesse. 30%-40% du revenu est en dinars, qui estune monnaie fermée ; c’est compliqué de remonter les fonds et retourner unavion à Alger», a-t-ilexpliqué.
Pour FrantzYvelin, ce qui a plombé la boîte, «cesont les problèmes de trésorerie liés à l’Algérie; avec des pertes accumulées depuis2012 ; soit 5 ans avant mon arrivée».
Ilexplique qu’Aigle Azur avait à l’été 2019 plus de 20 millions d’euros detrésorerie dont une partie était enAlgérie, une partie en France.
Pourautant, il ne perd pas de vue le fait qu’il y ait eu un «manque de productivité du personnel». «Oui,c’est clair. Il y avait beaucoup de gens bien chez Aigle Azur-heureusement-mais aussi des voyous», reconnait-il.
Iln’hésite pas d’ailleurs à citer nommément - Monsieur Houa en l’occurrence – undes actionnaires de la compagnie- qui aurait été directement responsable del’échec de la tentative de sauver AigleAzur d’un crash.
Idjerouidènemonte au ciel, Aigle Azur perd l’attitude…
«AigleAzur avait à ce moment-là un plan de continuation qui était validé. Enrevanche, ce qui a foutu par terre tout ça, c’est le fait que le 26 août tout s’est arrêté à cause du putsch deMonsieur Houa», soutientFrantz Yevlin.
En juillet2019, avec toute mon équipe, nous avions sauvé Aigle Azur, mais ce sont sespropres salariés, et l’un de ses actionnaires qui ont flingué l’ensemble […]C’est très dur à avaler ! » regrette-t-il non sans pointer également la responsabilité de «certainssyndicats».
Frantz Yvelin révèle eneffet que lui et ses collaborateurs avaient trouvé un acquéreur -Vuelingdu groupe AIG en l’occurrence- qui offrait 27 millions d’euros qui étaientd’après lui largement suffisantes pour la remise à flot d’Aigle Azur.
«Dès la mi-juillet 2019, nousavions trouvé une solution que nous avons présentée à l’ensemble despartenaires sociaux le 5 août. Cela consistait à vendre une certaine partie denos actifs, principalement à Orly. Nous avions un acquéreur qui offrait 27millions d’euros et nous sauvions la boîte» précise-t-il.
Et d’ajouter : «Parailleurs, en ayant un accord d’abandon de créances, une quarantaine de millionsd’euros au total, nous pouvions avoir un tiers d’abandon de créances, et lereste étalé sur quelques années».
Mais ce plan de sauvetage a voléen éclat à cause selon lui du «putsch» de son successeur, ce fameux «MonsieurHoua».
Frantz Yvelin garde tout de mêmeun grand respect à son ex employeur, feu Arezki Idjerouidene, en rendant hommage à un «dirigeant emblématique d’AigleAzur» et qui, dira t-il, «lui a redonné ses lettres de noblesse» avantde laisser les règnes de la compagnie à François Hersen, un ancien d’AirCaraïbes, puis à son fils Meziane.
«Si j’ai acceptéc’est pour la famille Idjerouidene, que je respecte. Le père, entrepreneur, estun grand Monsieur envers lequel j’ai une admiration profonde », témoigne Frantz Yvelin.
Mais, ironie dusort, après avoir volé très haut en allant jusqu’en Chine, Aigle Azur a fini par cracher l’été 2019 et n’a donc pu survivreà son pilote, Arezki Idjerouidene, décédé en avril 2016.