La compagnie aérienneAigle Azur, placée en redressement judiciaire, a suspendu jeudi une partie deses vols faute de trésorerie et espère qu'un repreneur se manifestera d'icilundi pour ne pas sombrer.
Les liaisons enprovenance ou à destination du Mali, du Brésil et du Portugal sont suspendues à compter de ce jeudi,a annoncé la compagnie aérienne.
Les liaisons avec l'Ukraine sont également interrompues, a affirmé àl'AFP un de ses représentants.
A l'aéroport d'Orly,base principale d'Aigle Azur, 38 vols étaient planifiés sur lajournée, dont 20 avec le Portugal et un avec Kiev.
"Les vols sontannulés au fur et à mesure" et la compagnie s'est engagée à prévenir lespassagers par SMS, selon Aéroports de Paris. Certains avions ont ainsi pu décoller ouatterrir dans la matinée.
A Orly, la situationétait "calme" jeudi matin, "parce que la compagnie a pu préveniren amont les voyageurs. Il y a juste eu un peu de monde hier avec l'annulationd'un vol sur Bamako", selon la police aux frontières.
Des passagers algériensqui devaient embarquer mardi sur Toulouse sont bloqués à l’aéroport d’Alger etaux dernières nouvelles un vol est prévuà 16heures.
La compagnie se justifiepar le fait qu'elle est entrée "dans une période de recherche active derepreneurs, encadrée par la justice commerciale, qui l'oblige à suspendreprogressivement ses vols réguliers".
Le temps presse pour ledeuxième transporteur aérien français, spécialiste des liaisons avec l'Algériequi représente 50 % à 60 % de son activité: les éventuels repreneursont jusqu'au lundi 9 septembre à midi pour déposer leur offre.
Dans l'attente, lesventes de billets pour l'ensemble des vols sont "pour le momentsuspendues" à compter du 10 septembre, prévient Aigle Azur, quiprésente ses "sincères excuses" à ses passagers et partenaires.
La pépite des créneaux
Selon une source prochedu dossier, "on entre dans une phase où l'avenir de la compagnie est plusqu'incertain, mais pour l'instant les vols pour l'Algérie restent maintenusjusqu'à la fin de cette semaine".
Cette accélération desévénements est due à la dégradation de la trésorerie, loindes 25 millions évoqués en août par l'ex-PDG Frantz Yvelin, selonMartin Surzur, président du syndicat de pilotes SNPL d'Aigle Azur et membre ducomité d'entreprise (CE).
M. Yvelin a démissionnémercredi, se disant "fatigué" après avoir "traversé une"zone de fortes turbulences depuis le début du mois d'août".
Dans le cadre duredressement, les salaires ne sont plus réglés par la compagnie mais pris encharge par un système de garantie (AGS). Mais environ 15 millionsd'euros sont bloqués en Algérie et "difficilement rapatriables",selon M. Surzur. Une trésorerie dont la compagnie a désespérément besoin.
Le gouvernement a assuréque l'ambassade à Alger faisait "toutes les démarches possibles" pourfaciliter le rapatriement des fonds.
L'avenir de la compagnieest donc suspendu à la date du 9 septembre. Plusieurs repreneurspotentiels ont fait part de leur intérêt, sans que l'on sache s'ils vontdéposer une offre.
Parmi eux se trouventGérard Houa, un actionnaire minoritaire qui avait tenté un coup de force pourprendre le contrôle de la compagnie fin août, Air France ou encore LionelGuérin et Philippe Micouleau, anciens dirigeants du groupe Air France, selondes sources syndicales. Le nom du groupe Dubreuil, propriétaire d'Air Caraïbes,a également été évoqué.
Car Aigle Azur disposed'atouts susceptibles d'intéresser un repreneur, plaident ses salariés,notamment des droits de trafic vers l'Algérie qui lui donnent une place dechoix sur cette destination.
La compagnie dispose surtoutd'une pépite de 9.800 créneaux horaires annuels à Orly, où le total pour toutesles compagnies est plafonné à 250.000.
Aigle Azur compte 1.150employés, dont 350 en Algérie. La compagnie dispose d'une flottede 11 avions et a transporté 1,88 million de passagers en 2018, annéependant laquelle elle a réalisé un chiffre d'affaires de 300 millionsd'euros.(Avec AFP)