Tout le monde pensait que la ministre de l’Educationnationale, Nouria Benghabrit allait enfin pouvoir convaincre le Cnapested’arrêter sa grève, et remettre du calme dans ce secteur ultra sensible. Etvoilà que la protestation flambe avec cette annonce faite aujourd’hui par pasmoins de cinq syndicats autonomes appelant à une grève nationale les 20 et 21 du mois.
Benghabrit devrait donc compter sur l’Unpef, le Snapest, la SNTE, le Satef et le Celaen plus du Cnapeste ! C’est décidément l’effet domino qui fait se levertous les personnels de ce secteur réputé pour son instabilité chronique et sesenjeux politiques et idéologiques.
Comme si cela ne suffisait pas, ces cinqsyndicats annoncent leur ralliement au mot d’ordre de grève de la Confédérationgénérale autonome des travailleurs algériens (CGATA) pour le 14 de ce mois.
Celle-ci brandit des revendications plus générales liéesà l’érosion du pouvoir d’achat, à la réforme des retraites et aux droitssyndicaux. Autant dire que la confédération veut ratisser le plus largepossible parmi les fonctionnaires et les personnels des entreprises publiques.
Du coup, c’est tout le secteur public qui monte aucréneau, au grand dam du fameux Pacte de non agression signé entre l’UGTA et legouvernement.
Il est vrai que ce document n’engage que ceux qui l’ont signé etle terrain a largement prouvé que la centrale syndicale ne représente pasgrand-chose depuis son alignement avec le patronat et le gouvernement dans destriparties qui ressemblent à des kermesses entre amis.
Cet enchaînement de mouvements de protestation prouve entout cas que ce mécanisme ne tient pas grand-chose mise à part la photo defamille qui immortalise la sainte alliance «politique».
Fait curieux, on observe que seuls les deux ministres del’éducation et de la Santé tentent tant bien que mal de désamorcer les conflitssociaux qui éclatent dans leurs secteurs respectifs.
Benghabrit et Hasseballoui, qui sont envoyés au charbon, ont du mal à faire face à toute cette cascade degrèves dont la satisfaction des revendications dépasse largement le cadre deleurs prérogatives.
Seule Benghabrit et Hasbelaoui
Le Premier ministre qui était habitué à faire des déclarationssur les mouvements sociaux, a curieusement avalé sa langue, donnant cetteimpression qu’il laisse faire. Pourquoi ce silence du Premier ministre AhmedOuyahia ? N’aurait-il pas de réponses à apporter aux grévistes pour fairebaisser la tension ? A-t-il été invité à se taire où est-ce une stratégiede sa part depuis qu’il a été rappelé à l’ordre par le président de larépublique via une instruction dans l’affaire de la privatisation desentreprises publiques ?
Autant de questions que les observateurs se posent face àce retrait bizarre du chef du gouvernement devant une multiplication des foyers detension.
Ceci est d’autant plus bizarre que cette situationubuesque intervient à un peu plus d’une année de l’élection présidentielle pourlaquelle les manœuvres ont déjà commencé.
Certains n’hésitent d’ailleurs pas àfaire le parallèle entre cette ébullition dans le monde du travail et lestractations politiques en cours.
Quoi qu’il en soit, cette poussée de fièvreest loin d’être "normale". Et pour cause ! Elle touche deux secteursstratégiques : La Santé et l’éducation. Et ça fait craindre…