Djamel Ould Abbès qui comparaissait aujourd'hui devant le tribunal Sidi M’hamed dans le cadre du procès de corruption de détournement des fonds au profit d'associations inexistantes avec son ex collègue, Said Barkat, tous deux, anciens ministres de la Solidarité nationale, était dans une posture pitoyable.
Face au juge qui l'accablait de questions, "Si Djamel" qui jadis, haussait le ton, avec arrogance, a craqué jusqu'à fondre en larmes, devant l'assistance partagée entre compassion et sidération face à un homme, âgé de 83 ans, visiblement affecté par des mois de détention.
« j'en ai gros sur le cœur, laissez-moi parler, je vais exploser, Je suis moi même victime... je n’avais même pas bénéficié d’un appartement, j’habitais dans mon domicile personnel. Ma conscience est tranquille, et Dieu rendra justice... » égrenait-il les yeux en larmes.
Mais les larmes d'Ould Abbéès ne semblaient pas émouvoir le juge, imperturbable, qui lui a demandé de s’expliquer sur les 64 milliards de centimes dépensés entre 2009 et 2014. Ould Abbès répond alors que le conseiller instructeur l’avait informé en 2019 qu’il y’avait des faux chèques.
« Il y avait des chèques signés en ton nom ? », lui lance encore le juge. " J'étais moi même surpris de découvrir 13 chèques signés en mon nom », se défend Ould Abbès, dans sa tentative de jouer le naïf avec le juge. Ce dernier l'interpellera également sur les fonds provenant de son association pour le financement de la campagne électorale de Bouteflika. Là aussi, l'ex ministre, a nié le fait et a prétendu que cet argent « était destiné exclusivement aux associations".
Quid du financement de la campagne électorale ? Comme tous ses ex-collègues impliqués dans les affaires de corruption, Ould Abbès a essuyé son couteau sur le dos de l'ex-Premier ministre. "Cétait Sellal qui s’en occupait ! », a-t-il soufflé.
Cela étant dit, et en attendant le verdict dans cette affaire, c'est surtout l'attitude pathétique de Djamel Ould Abbès qui choque, car après avoir longtemps affiché une certitude sans limite qu'il resterait au pouvoir "jusqu'à 2030", et qu'il était indéboulonnable avec son ami de président Abdelaziz Bouteflika, le voilà, à son âge, suppliant le juge de lui éviter l'enfer de finir ses jours en prison.
Said Barkat s'est montré plus digne devant le juge et plaidant non coupable en affirmant: " j'ai géré le secteur de la Solidarité nationale en toute intégrité, avec un coeur blanc, je n'ai jamais pensé à gaspiller l'argent de l'Etat".
Au sujet des contrats pour l'achat des bus, il explique au juge qu'il avait juste poursuivi la politique qui était déjà en oeuvre avant lui avec un travail entre le ministère et les association". "J'ai trouvé que le travail avec ces associations est un moyen de créer du lien et de renforcer la solidarité nationale", s'est-il défendu.