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Déclaration du Président français sur les élections en Algérie : Macron a-t-il lancé sa guerre contre Alger ?

14-12-2019 13:17  Belakram Moumène

Impair etmanquement à l’éthique diplomatique ?

Ladéclaration, très prompte, du Président Français, Emmanuel Macron, à l’annoncedes résultats de l’élection présidentielle algérienne ; qui a consacréAbdelmadjid Tebboune à la magistrature suprême du pays, interpelle, à plus d’untitre.

Sur laforme, d’abord, d’aucuns s’interrogent sur la pertinence d’une positionaffichée avec une grande promptitude, qui plus est, à partir d’une tribune del’Union Européenne, dont des députés venaient juste de s’illustrer de par unerésolution sur les droits de l’homme en Algérie, soulevant de grosses vagues àla veille de la tenue du scrutin du 12 décembre et une réactiontraditionnellement épidermique de toutes les couches sociales et politiques dupays.

Sur le fond,la faille est encore plus prononcée. Emmanuel Macron a eu une phraséologie desplus ambigües, déclarant que «J’ai pris note de l’annonce officielle queMonsieur Tebboune a remporté l’élection algérienne dès le premier tour». Exitla moindre formulation, en usage en diplomatie, de félicitations ou de vœux àl’adresse du vainqueur d’un scrutin populaire.

A croirequ’un tel événement, en dépit de toutes les controverses qui l’entourent, et capitalpour une nation souveraine, supposément très proche, à tous les niveaux del’Hexagone, en soit arrivé à être confiné à un banal fait divers.
L’autre axe,qui apparait également lourd d’insinuations allusives, à trait, dans la bouchedu Chef de l’Elysée, à l’appel, redondant au demeurant, à «un véritabledialogue démocratique» occultant, par- là, que le fait constituait, en soi déjà,un sacerdoce de la doxa, ici, et qu’il faille surtout l’entretenir loin du videconstitutionnel.

Autrement,tout appel provenant d’outre- mer dans ce sens s’expose à la suspicion légitimede velléités d’ingérence dans les affaires internes du pays.

Ceci d’autantque le chef de l’Etat français, en bute à de sérieuses difficultés socio-économiques et dont le mouvement des Gilets jaunes, sur la brèche depuis plus d’uneannée, essuie dans la douleur l’approche du ‘’dialogue démocratique’’ versionMacron.

La révoltede la rue française avance déjà un lourd tribut, à travers une répressionsévère traduite par une dizaine de morts, de grands blessés et des centaines d’arrestations.Quasiment, aucune commune mesure avec le fait algérien !

L’on ne peutque s’interroger, en définitive, sur l’opportunité et la pertinence de lasortie du Président Macron qui peut s’apparenter en première lecture à uneinsulte de l’avenir algéro- français. Cela aumoment où chancelleries européennes et gouvernements présentent leurs vœux et félicitationsau successeur d’Abdelaziz Bouteflika.

Si la duretéde l’impair a eu impact sur le nouveau Président algérien ?

AbdelmadjidTebboune a zappé, d’abord, le sujet, lors de sa première conférence post-élections,vendredi, avant de mettre sa punchline : «Il (Macron) est librede vendre sa marchandise… ».

Comme uneréponse du berger à la bergère, qui augure que la hache de guerre est déterrée.

A moins que laposition si singulière et assez inélégante d’Emmanuel Macron, qui avait, à toutle moins, le loisir de se réserver sur le coup, ne procèdât de quelque habile manœuvrede diversion, inaccessible au commun des mortels; comme pourraient bien lesubodorer les adeptes de la théorie du complot !



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