Algérie 1

Icon Collap
...

Décès du Pr Jean-Paul Grangaud : l’hommage de ses collègues

05-08-2020 15:11  Amel Benabi

LeProfesseur Jean-Paul Grangaud, a tiré sa révérence mardi à Alger à l'âge de 99 ans, laissantderrière lui pour la postérité le souvenir d’un humaniste, un grand militant del’indépendance de l’Algérie et un professeur qui a formé des génération demédecins qui portent aujourd’hui le secteur de la médecine en Algérie dans lepublic et le privé.

"Pionnier"de la vaccination infantile en Algérie,  LePr Gango a grandement contribué au programme sanitaire chez l'enfant, comme lerappelle ses collègues qui lui rendent un hommage, en réponse aux questions del’APS.

Pourle Professeur Noureddine Zidouni, pneumologue et ex-directeur de l’Institutnational de santé publique (INSP), le Pr. Grangaud était "un des pionniers"de la pédiatrie en Algérie. "On lui doit énormément sa contribution dansla lutte contre les maladies infectieuses de l’enfant. Il est le principalmoteur du programme sanitaire chez l’enfant à travers la lutte contre lesdiarrhées aigues et les maladies respiratoires chez cette frange de lasociété", a-t-il témoigné, se rappelant même que feu Grangaud "n’ajamais quitté l’Algérie, même pendant sa période la plus difficile", durantla décennie noire des années 1990, marquée par le terrorisme aveugle. 

« Quandil était directeur de la prévention au ministère de la Santé et moi directeurde l’Institut national de santé publique à l’époque, on a fait beaucoupd’actions d’envergure pour améliorer les programmes nationaux de santépublique", se rappelle, le menton haut, Pr Zidouni, qui dit perdre en lapersonne de Grangaud un "maitre" de la spécialité.

"Ilétait proche du Professeur Pierre Chaulet, un autre professionnel de la santéet militant de la première heure au sein du FLN, lors de la guerre delibération nationale. Ils ont travaillé ensemble et avaient l’Algérie chevilléeau cœur", témoigne encore Pr. Zidouni.

Auxyeux du Pr. Messaoud Zitouni, chargé du suivi et de l'évaluation du Plan Canceren Algérie, le Professeur Grangaud était un "Grand Homme" qui a "faitbeaucoup" pour la santé publique, surtout en matière de pédiatrie et devaccination. "C’était un grand patriote qui n’a jamais accepté de quitterl’Algérie. Il insistait pour qu’il soit inhumé en Algérie, pays qu'il atoujours considéré comme sa patrie sacrée", confie Pr. Zitouni.

Pourlui, feu Grangaud était une "véritable passerelle" entre les différentescivilisations (le défunt était franco-algérien). Il a représenté l’Algérie dansplusieurs missions médicales en Afrique où il a laissé un bonne impression etde très bons souvenirs", se rappelle-t-il, rapportant que lors de laprésentation, dans les années 70 du siècle dernier, du dossier de vaccinationen Afrique du Sud par le Pr. Grangaud, lesresponsables de l'OMS désignaient, pour le décrire, "un Algérien aux yeuxbleus qui ne maitrisait pas la langue arabe".

"Ila organisé la pédiatrie en Algérie et le calendrier de vaccination. Il étaittrès franc, mais ne parlait pas beaucoup. Il a inculqué la morale à sesétudiants, était humain et universaliste", confie encore le Pr. Zitouni,soulignant la "bonhomie" du défunt. "Il recevait tout le mondede la même manière. Certains des malades qu’il a soignés à l’intérieur du pays etqu’il a hébergés chez lui, continuaient à venir lui rendre visite après saretraite", se rappelle-t-il.

 L'infectiologueet ministre délégué à la Réforme hospitalière, Ismail Mesbah, évoque, luiaussi, une personne avec qui il a exercé pendant plusieurs années et qui a"consacré toute sa vie au seul service de l’Algérie". "Il n’ajamais cessé de servir notre pays, non seulement pendant son combat libérateur,mais également dans son combat contre la maladie, passant de la lutte contreles maladies infantiles qui sont en voied’être vaincues, à la lutte contre le cancer dont il a été un acteur clef dupremier Plan national en la matière", souligne-t-il, rappelant que le défuntavait participé avec "abnégation" à la formation de milliers de médecinsen s'attachant particulièrement à être un "défenseur acharné" de lasanté de l’enfant en Algérie.

 LeProfesseur en pédiatrie Abdelatif Bensenouci témoigne, pour sa part, que feuGrangaud était parmi "très peu" de pédiatres qui exerçaient ce noblemétier à l'époque (post-indépendance). "Son riche cheminement professionnelde l'hôpital El-Kettar (actuellement El Hadi Flici) à celui deBeni-Messous en passant par celui de Parnet (actuellement Nefissa Hamoud) lui apermis de côtoyer d'imminents professeurs à l'image des Mazouni,Bakouri et du docteur Cherni, de nationalité tchèque", se rappelle Pr.Bensenouci pour qui une des nobles missions assignées à feu Grangaud consistaitaussi à lancer les activités de la prévention et de la recherche dansl'enseignement au niveau des hôpitaux.

Dansune réaction à chaud au décès, mardi, le ministre de la Santé, de la Populationet de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, évoquait "un desgrands praticiens de la santé qui ont voué leur vie à l'Algérie".

Rappelantle soutien du défunt à la guerre de libération nationale et de l'indépendancede l’Algérie, M. Benbouzid a souligné "l’apport considérable" du PrJean-Paul Grangaud au développement du système de santé national par sestravaux et actions dans le domaine de la médecine.

"Sesétudiants n'oublieront jamais tout ce qu’il leur dispensait comme cours etexpertises scientifiques", a ajouté le ministre qui a relevé également que"son souvenir restera gravé dans toutes les régions et wilayas del'Algérie qu’il a eu à visiter dans le cadre des activités de prévention,notamment en matière de pédiatrie".



Voir tous les articles de la catégorie "A la une"