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Décès d'André Ravéreau, l'architecte du désert

14-10-2017 08:18  Djamil Mesrer

L’architecte français André Ravereau, auteur du livre « Le M’zab, une leçon d’architecture » est décédé jeudi 12 octobre 2017 à l’âge de 98 ans.

Né le 27 juillet 1919 à Limoges (France), André Ravéreau avait découvert la vallée du M'Zab en 1949 alors qu'il était étudiant à l'Ecole des Beaux Arts. Ebloui par ce site saharien, il décide de revenir en Algérie en 1959 pour y créer un atelier et former des architectes. André Ravéreau a à son actif plusieurs oeuvres sur des sites archéologiques dont "La Vallée du M'Zab, une leçon d'architecture" et "La Casbah d'Alger, le site créa la ville".

En effet au Sud de l'Algérie, dans une oasis du désert cachée par les ergs, se nichent les cinq cités du M'ZAB: GHARDAIA, MELIKA, BENI-ISGUEN, BOUNOURA et EL ATTEUF,  et pour André Ravéreau les cités ibadites offrent l'exemple le plus achevé d'une adaptation aux contraintes du milieu, d'une architecture et d'un urbanisme respectueux de l'environnement.

Le M'Zab lui dévoile la cohérence d’une architecture adaptée aux contraintes d’un milieu ; ce voyage lui inspirera une véritable « leçon d’architecture ». « Comme tout le monde, j’ai reçu la séduction de GHARDAÏA avant d’en faire l’analyse. On a l’intuition que les choses possèdent un équilibre que l’on appelle esthétique, et cela avant de savoir comment c’est, un équilibre […]. C’est l’analyse qui me l’a appris par la suite, j’ai vu dans le M’Zab à la fois la rigueur que j’aimais chez Perret, dont j’étais l’élève, et les formes exaltantes que l’on trouve chez Le CORBUSIER ».

Pour renforcer sa compréhension du lieu il installe son atelier à Ghardaïa en 1959, cet "atelier de désert" verra se succéder plusieurs générations de jeunes architectes venus se confronter à cette gestion du territoire respectueuse des traditions culturelles et du contexte naturel.

Pour Ravéreau,«l'architecture se devait de revenir aux sources de l'histoire pour mieux échapper à ses propres démons d'une modernité sans usage, sans présent ni futur». Là, dans le désert, il propose de «s'intéresser au lieu, aux traditions, au climat, pour inscrire le projet d'architecture dans l'épaisseur d'une culture, privilégiant l'enracinement dans le site».

Il sera un temps Architecte des Monuments Historiques en Algérie, et chargé de mission par l'UNESCO pour la citadelle de la Casbah d'Alger.

Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a décidé, en 2012, au moment où l'Algérie célèbre le cinquantenaire de son indépendance, d'attribuer la médaille du mérite national rang Achir à l'architecte en guise de reconnaissance pour sa contribution à la valorisation du patrimoine culturel algérien.



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