Cela fait un peu plus d’un mois, soit le 5 mai, que la présidence de la République, a levé l’embargosur le projet de révision constitutionnel dont le texte avait été remis par lePr Laraba au président Tebboune, en sa qualité de maître de l’ouvrage.
Force est de relever que l’échange intensif, plurielet contradictoire, en écho aux revendications du "Hirka béni", promis par le président Tebboune, dans le cadre du débat sur la révision de la Constitution, n’apas encore été au rendez-vous.
La mayonnaise n’a pas encore pris et probablement que le confinement sanitaire, imposé par lapandémie du Coronavirus, est un peu responsable de la situation, car plusieursinstitutions comme les universités, les syndicats, les ONG, qui devaient organiserdes débat n’ontpas eu la latitude de le faire.
Mais cet aléasanitaire est loin d’être la vraie cause du peu d’emballement, pour le moment s’entend,soulevé par le chantier de la révision de la constitution.
La diffusion massive du document, promise par leprésident de République et réitéréepar le porte-parole de la présidence, n’a pas été suivie d’effet et ni le sitede la présidence, ni celui du ministère de la communication n’ont mis en ligne letexte pour permettre au large public d’y avoir accès ; seuls quelquespartis, institutions, personnalités ont eu le privilège de se faire remettre laversion papier du document.
Simple contingence logistique que cette non diffusionmassive du texte, où volonté politique délibérée pour privilégier des destinataires choisis en fonction de leurbienveillance, à priori, pour le projet présidentiel ?
En fait, de débat, c’est plutôt à un monologue à sensunique qui est proposé aux algériens sur les chaînes de télévisons publiques etparapubliques.
La quasi-totalité des « experts » qu’on a vu sur les plateaux ont fait plus office d’avocats pour défendre les vertus,les « avancées » du projet que de critiques et encore moins decontradicteurs.
Exit donc tousles avis contradictoires, notamment des partis d’oppositions et des universitairesindépendants qui n’ont pas eu droit au chapitre dans les médias publics, « migrants »du coup sur les réseaux sociaux (Youtube, Facebook) pour apporter lacontradiction et donner un meilleur éclairage à l’opinion publique.
Est-ce un ordre des autorités aux responsables desmédias publics et parapublics de mettre en mode « off » les voixcontradictoires ?
Les conséquences d’un tel choix, quelles qu’en soientles responsables, sont aujourd’hui palpableset mesurables à travers le manque patent d’enthousiasme du citoyen (en proie au Covid-19et à ses conséquences sociales, économiques et psychologiques) pour le projet de révision constitutionnel.
Un tel déficit d’emballement pour un projet politiquequi se veut comme quelque chose de fondateur de « la Nouvelle Algérie »du président Tebboune, pourrait se traduire par un risque d’abstention le jourdu référendum.
Le débat s'ouvre enfin à tous
Les autorités ont-elles pris conscience de ce risque ?On est tenté de répondre par l’affirmative, au vu de l’appel lancé aujourd’huipar le président du Comité de rédaction du projet de révision, le ministre dela communication et le président de l’ARAV pour « un débat large et inclusifautour du projet de révision de la Loi Fondamentale ».
Les trois personnalités, le Pr Laraba, Amar Belhimeuret Mohamed Louber, réunis aujourd’hui, ont tenu une séance de travail. Elle « a été propice à un échange de vuesautour des voies et moyens requis pour un débat national inclusif, large etpluriel, ouvert à toutes les composantes de la société civile et du mondepolitique, autour du projet de révisionde la Constitution", selon un communiqué.
Le passage d’un débat à sens unique, quasiment la seule chose à laquelle nous avons assisté jusque-là,à un débat contradictoire « « inclusif, large et pluriel » estde nature à lui donner une nouvelleimpulsion et lui assurer surtout un surcroît de crédibilité, qui ne manqueraitpas de se traduire par une large participationle jour du vote.
Ce qu’attendle président Tebboune pour la mise à feu de la fusée des réformes politiques etéconomiques.