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Conseil de la Nation : une institution de trop dans le paysage parlementaire

08-06-2020 15:50 

La publication de l’identité des «heureuxélus» pour siéger au Conseil de la Nation (Sénat) au titre du  tiers présidentiel, a provoqué undéchainement ‘tsunamique » de la Toile notamment les réseaux sociaux.

Cette institution totalement effacée dupaysage institutionnel, créé en 1996 en dehors de sa mission «doublon»d’examen et d’adoption des projets de loi, déjà pliés à l’APN, et sans pouvoir demodification, vient de rappeler aux internautes son caractère anachronique.

La tranche d’âge d’où sont puisés les 14nouveaux arrivants Sénat «privilégiés» mais aussi leurs pédigrées, renseignentsur l’utilité de cette institution qui confine à une maison de retraite pourdes personnes ayant rendu service au pouvoir.

A preuve, les internautes ont abondammentcommenté la consécration d’un membre de l’association nationale des…éleveurs debétail. Oui, vous avez bien lu des éleveurs de bétail ! 

Ils ont explosé leur colère sur lagratification de Leila Aslaoui pour la seconde fois –privilège inédit-  en tant que Sénateur du tiers présidentiel deBouteflika et aujourd’hui de Tebboune.

Les 14 nouveaux membres du Conseil de laNation sont majoritairement des septuagénaires qui ont leur carrières derrièreeux et pour qui, la salle des plénières de la chambre haute du parlement estpresque une salle de repos…

Faut-il souligner soit dit en passant,que le président par intérim de cette institution, Salah Goujil, est âgé de 89ans et qu’il éprouve toutes les peines du monde à lire ses discours.e qui ne l'empêche pas de s'accrocher au poste, créant du coup un crise de légitimité.

Le fait est que l’ex président AbdelazizBouteflika avait parachuté quasiment tous ses anciens ministres (Benbouzid,Djiar, Berkat, Ould Abbès, Ghoul …) dans cette auguste assemblée aprèsavoir «réussi» à labourer leurs secteurs respectifs de long en large.

Conçue et présentée pompeusement commeune assemblée peuplée de «sages» qui aura pour mission de discipliner etcontrer les envies de rébellion de l’Assemblée Populaire Nationale (APN), leConseil de la Nation, parait aujourd’hui tout à fait hors du temps.

En 1996, le pouvoir d’alors, sous lahoulette du général Liamine Zeroual, qui sortait laborieusement d’une guerre contre le terrorisme et d’une expérience périlleuse d’un FIS triomphant qui avait raflé lamajorité à l’APN, avait cru utile deplacer une soupape de sécurité pour bloquer une éventuelle majorité menaçante.

Maison de repos et de  retraite

L’institution du bicaméralismeparlementaire était clairement destinée à éviter le scénario du FIS. Mieuxencore, le pouvoir avait peur que ces élus incontrôlables et indésirablespassent via les urnes, s’est offert le «tiers présidentiel» c’est à dire, 48sénateurs choisis par le président de la république.

Dans le jargon du pouvoir, on l’appelle àjuste titre le «tiers bloquant». Une sorte de bouclier législatif qui permetau pouvoir de bloquer tout projet de loi qui ne trouve pas grâce à ses yeux.

Maisalors que les observateurs s’attendaient à ce que le président Bouteflika  débarrasse l’Algérie comme il l’avait promisde cette institution budgétivore, d’autant plus que le fantôme du FIS n’existeplus et les islamistes neutralisés, il avait finalement changé d’avis.

Rusé, Bouteflika avait décidé d’en faire un instrument politique pours’acheter des bonnes grâce en y casantdes copains, des coquins et parfois en retournant quelques opposants fragiles.

C’est comme cela que le Conseil de laNation a survécu même après la levée de l’hypothèque sécuritaire.

Alors qu’il sert la démocratie sousd’autres latitudes, le Sénat en Algérie remplit une fonction politique aubénéfice exclusif du pouvoir en place. Et çà continue encore et encore… ! Unemalheureuse expérience qui est reconduite au grand dam d’un changement que toutle monde appelle de ses vœux.

Eu égard à la crise financière qui frappele pays réduit à compter ses sous,, non seulement, il eût été plus « sage »de rayer de la carte institutionnelle le Conseil de la nation, « une institution inutile et budgétivore » , mais ilfallait même, dans le cadre de la révision de la constitution, revoir à labaisse le nombre de députés sachant que les 462 qu’ils sont actuellement où  les 196 qu’ils étaient avant 2012 n’avaient aucune importance, dès lors que le but est le même : servir decaisse enregistrement.   



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