Dimanche 19 avril, c’est demain.Tous les algériens sont plus que jamais accrochés à cette date à grande densité psychologique en se posant cette douloureuse question de savoir « Quedécidera le président ? »

En effet, c’est demain 19 avril  2020 que le délai de  confinement prolongé le 15 mars par leprésident Tebboune, lors de sa rencontre avec les responsables de la presse,  arrivera à son "dead line".

« J’ai décidé de prolongerpour la même période et si on doit encore prolonger on prolongera », avaitalors justifié le président de la République en adossant sa décision sur l’avisde la communauté médicale nationale.

On imagine que plusieurs pistes detravail sont actuellement sur la table du président de la République, qui doit rendre sonarbitrage dont le moins qu’on puisse en dire est qu’il ressemble à un dilemme  cornélien.

Alors, prolongation du confinementdans sa configuration actuelle pour une autre période de deux semaines ? Prolongationavec assouplissement des conditions des contraintes horaires pour les 38 wilayasastreintes au couvre-feu sanitaire de 15 heures à 07 heures, le lendemain ?Début déconfinement progressif, comme dans certains pays européens ?  

Ce qui va certainement peser dansla décision du président, c’est encore une fois l’avis de la Commissionnationale chargée de la veille et du suivi des mesures de prévention contre leCoronavirus.

Quelle est la situationépidémiologique  de la pandémie ? Leministre de la Santé , Abderrahmane Benbouzid, qui est en première ligne, etpour cause, a martelé durant toute la semaine un message d’optimisme, maisun optimisme prudent, tout  de même.

« La situation est maîtrisée »,soutenait-il, tout en insistant à chaque fois sur la nécessité pour lescitoyens de respecter le confinement , comme la seule parade, le pis-aller,  contre la pandémie, en l’absence d’un traitement.

Il est vrai que le tableau épidémiologique,sur le plan des statistiques, n’est pas aussi  catastrophique, comparé à l’hécatombe quiprévaut sur les continents européen et américain. Au dernier pointage établivendredi 17 avril  par le Pr Djamel Fourar, le nombre de cas contrôlés positif est de2418 personnes, 3639 sous traitement et 364 décès.

Le seul bémol est que ceschiffres, si relatifs soient-ils, sont en ascension quotidienne ; ce quilaisse supposer que la fameuse vague dont parlent tous les sachants quidéfilent sur les plateaux est à redouter,malgré l’optimisme mesuré du Pr Benbouzid.  

Une décision qui se fonderait exclusivementsur le tableau épidémiologique conduirait alors le chef de l’Etat à dire « rebelote ! », c'est-à-dire une nouvelle prolongation du confinement.

Sauf que cette éventuelleprolongation sera alors percutée par une échéance importantissime, à savoir lemois de Ramadhan, dont le début est annoncé pour jeudi ou vendredi.

Inutile derappeler la particularité sociétale etspirituelle de ce mois sacré dans la vie des algériens,  l’instar de tous les pays musulmans. Les algériens, en plus d'une lassitude psychologique due au confinement qui dure depuis plusieurs jours déjà, sont-ils prêts à consentir encore un nouveau sacrifice en renonçant aux délicespost jeûne de ce mois, dés lors qu’il en va de leur santé ?

Les autorités religieuses enAlgérie et dans les pays musulmans  ont déjàdonné le ton à ce propos en assurant, d’une part, que le jeûne doit êtreobservé rigoureusement, sauf pour les personnes contaminées par le Coronavirus, et d'autre part, les mosquées resteront fermées, y compris en Arabie saoudite.

Impératifs sanitaires et attentescitoyennes: ce sont les deux têtes de cette redoutable équation que le président Tebboune doitrésoudre pour annoncer  sa décision aujourd’hui ou demain au plus tard.