Abdelmadjid Tebboune prend désormais ses fonctions de Président de la République à l’issue d’un processuspolitique qui est loin d’être un long fleuve tranquille.
Il est clair qu’une partie dupeuple algérien rejette ce qu’elle considère comme un fait du prince ou unfait accompli, en témoignent les réactions de déception qui se font entendresur les réseaux sociaux où des appels sont déjà lancés pour un 45ème vendredi de manifestation.
Le nouveau président himself connait biencette réalité charriée par un Hirak populaire qui dure depuis près de dix mois.Il sait qu’il part avec un déficit de légitimité qu’il va lui falloir combler.Et ce n’est pas impossible.
Aujourd’hui même, il a concédé quelquesgestes symboliques qui laissent supposer qu’il ira peut être loin dans savolonté d’apaisement et de rupture.
En décidant de ne pas inviter les députéset les sénateurs, symboles de l’ancien régime, le nouveau président signequelque part la fin de mission des deux chambres du parlement, devenues desimples chambres d’enregistrement, en plus d'être des produits de la fraude et de l'argent sale, incarné par le tandem Ould Abbès/Tliba.
L’autre symbolique, c’est d’avoir décidéde se séparer de l’encombrant ex-ministre de l’intérieur Salah Eddine Dahmoune, qui a eu des motsindignes de son rang à l’égard du peuple algérien.
Ce sont certes deux petits gestes, mais ilslaissent espérer qu’Abdelmadjid Tebboune va jeter les passerelles avec lemouvement populaire qui s’apprête à marcher pour le 45ème vendredide suite en faveur du changement du système.
Précisément, le président Tebboune a étéélu avec un slogan : «Engagés pour le changement».
Jusqu’au pourra t-il aller pour se glisserpour de vrai dans le costume d’un président de la république qui doit rassembler les algériens ? Et il l'a encore dit dans son discours d’investiture.
Nombre d’activistes du Hirak étalent déjà au comble de leur déception après avoir pris connaissance du discours dunouveau président, eux qui attendaient qu’il ordonne séance tenante lalibération des détenus du mouvement populaire .
Une attente légitime en ce qu’elle est denature à faire baisser la tension de plusieurs crans. Mais le présidentTebboune qui vient juste de prendre ses fonctions, pourra bien honorer cetteexigence dans les jours qui viennent
Le changement c’est maintenant ...
Ensuite, le casting de son prochaingouvernement pourra lui aussi crédibiliser davantage son action et rehausser son image d’un homme d’Etatsoucieux du développement du pays.
Le gouvernement Tebboune devra traduireun savant dosage entre jeunesse, compétence et intégrité.
C’est avec ce genre de ministres que leprésident pourra convaincre les plus réticents que les choses sérieusement vontchanger.
Il va sans dire que le nouveau locatairedu palais d’El Mouradia est particulièrement attendu dans ses réformes dessecteurs de la justice et de la communication, qu’il a promis d’assainir en donnanttoute la liberté aux professionnels de la justice et des médias.
Deux secteurs qui sont fortement décriéspar le Hirak populaire à cause de leur alignement total sur les thèses dupouvoir.
Alors que la justice envoie des dizainesd’activistes en prison, les médias affichent une sainte horreur desmanifestations populaires comme s’il ne se passe rien dans nos villes.
Cette reprise en main musclée de deuxsecteurs clés doit cesser. Les libertés individuelles et collectives doiventreprendre leur droit de cité.
C’est comme cela, et comme cela seulement, que les algériens pourront changer d’avis sur le nouveau président ets’inscrire sincèrement dans l’agenda politique où, espère-ils, toutes lesquestions seront mises sur la table de la discussion pour adopter non pas une Constitution sur mesure pour le président mais celle d’un Etat réellementdémocrate et républicain.
En attendant, wait and see.