L’on s’achemine tranquillement vers une virtuelle année scolaire blanchemalgré les belles assurances de la ministre Nouria Benghebrit. Rattraper lescours perdus et finir l’année sans problèmes est plus facile à dire qu’à faire.La grève du CNAEPSTE qui dure depuis quatre semaines voire des mois par endroits, rend lediscours de Mme la ministre sinon caduc du moins peu rassurant. Lefait est qu’il sera techniquement mais surtout pédagogiquement difficile defaire comme si de rien n’était.
Le moral des élèves est hélas bienatteint. Et si par chance une solution est trouvée d’ici aux vacances duprintemps, ce sera juste pour sauver la face pour éviter une solution ingérablel’année prochaine. On sera donc contraint de valider une année scolaire non«consommée», quitte à adopter des mesures détestables que même la ministreelle-même ne cessait de brocarder. Sans doute qu’on va reparler de la fameuse« Ataba», le seuil de cours éligibles aux examens.
Les élèves et leurs parents n’accepteront pas de subir des examens sur descours qu’ils ont reçu à la hussarde ou pas du tout. Et c’est un peu logique ence sens qu’ils ne sont pas responsables des grèves cycliques mais les dindonsde la farce de l’incroyable bras de fer entre les pouvoirs publics et lessyndicats. Mais au-delà de ces aspects strictement pédagogiques, il y a lieu de s’interroger sur les arrière-penséespolitiques de cette impasse inédite.
Comment expliquer en effet cette incroyable posture inflexible du CNAPESTEface au gouvernement avec tous ses moyens de pression ? Il faut bienreconnaitre que, jusque-là, ce syndicat a largement prouvé sa force sur leterrain en paralysant des milliers d’établissements malgré le fait que seshomologues lui ont régulièrement faussé compagnie. Il a réussi àdéfier la ministre voire tout le gouvernement et dans le même temps, reléguéles autres syndicats ayant signé la charte de stabilité avec Mme Bengheberit,au mieux, au statut de figurants, au pire d’alliés objectif des pouvoirspublics.
D’où tire finalement sa force le CANEPSETE qui mène, avec beaucoup desuccès, une double bataille ? Agit-il vraimentseul, où inscrit-il son action dans une feuille de route adossée à unagenda politique ? Ce sont autant de questions légitimes qu’ondevrait se poser face à cette impasse intégrale dont l’Etat tout entier peine àen sortir. Il n’est pas question ici dejeter la pierre à ce syndicat qui, après tout, défend une plateforme derevendications clairement énoncée et qui ne dégagent pas spécialementd’effluves politiques.
Pour autant, son insistance et son jusqu’auboutisme qui met en sursis lesintérêts et l’advenir de millions d’élèves, paraissent biencurieux. Par ce que, aussi légitimes que puisses êtres sesdoléances, il aurait pu mettre certaines d’entre elles sous le coude histoirede montrer sa bonne volonté et redonner espoir aux élèves ainsi qu’à leursparents. En campant sur ses positions scellés et non négociables, il place,pensent beaucoup d’observateurs, le curseur ailleurs que sur le terrain desluttes syndicales.
De l’autre côté, le fait que le gouvernement via la ministre de l’éducationaffiche une fermeté à toute épreuve face aux grévistes, est peut-être un signed’une bataille larvée dont les tenants et les aboutissants ne sont pas ceuxqu’on nous donne à voir et entendre.
Mettons donc les pieds dans le plat et posons la question de savoir sicette prise d’otages des élèves ne serait pas liée aux manœuvres et autrestractations qui ont lieu en ce moment sur la présidentielle de2019 ? Aquatorze moins de cette échéance politique cruciale pour l’avenir du pays, surfond de polémiques sourdes sur l’opportunité ou pas d’un 5èmemandatpour Bouteflika, ce remue-ménage politico-syndical, est peut être inspiré etencouragé.
Le gouvernement a peur de céder au CNAPESTE au risque de subir un effetboule de neige qui va sûrement irradier toutes les catégories professionnellesà commencer par les médecins résidents. Les animateurs de cesyndicat gréviste sont convaincus eux aussi que ce contexte préélectoral seprête plus que jamais à la pression pour arracher ce qu’ils pensent être leursdroits.
Qui va gagner ce match au final ? Une chose est certaine : Pourles élèves ce match nul est une cinglantedéfaite.