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Après les propos misogynes de son commissaire : Des intellectuels appellent au boycott du SILA

23-09-2017 14:05  N. S

Les propos sexistes et misogynes du commissaire du 22 SILA (Salon international du livre d’Alger), Hamidou Zitouni, ne sont pas passés inaperçus au sein de l'opinion. Sur les réseaux sociaux, les réactions hostiles ont été très nombreuses et toutes étaient unanimes à demander son éviction de son poste.

Par ailleurs, une autre réaction est venue d’un groupe d’intellectuels, signataires d’une déclaration dans laquelle ils appellent, au boycott de ce salon qui, faut-il le souligner, prend au fil des années les allures d’une caisse de résonance des  thèses fondamentalistes, à travers la prépondérance du livre religieux. 

“Parce que la survivance des outrages est toujours le fruit d’une accumulation de petits + détails + tolérés, négligés, minimisés. Parce que la femme algérienne a déjà trop d’ennemis, de bourreaux et au- delà de l’interdit et des conventions implique forcément une certaine cohérence qui ne doit souffrir aucune relativisation ou coquetterie sémantique. Parce que les violences faites aux femmes n’ont pas besoin d’un coup de pouce supplémentaire, qui plus est, venant d’un haut-responsable culturel. Parce que le Salon international du livre d’Alger traîne suffisamment de tares, allant du non professionnalisme à la marchandisation vulgaire en passant par la censure et la prolifération du livre religieux. Parce que, enfin, Hamadache, Chamseddine, Benhadj ainsi que des milliers d’anonymes promoteurs de géhennes terrestres, n’ont pas besoin d’un renfort inespéré venu de ce qui devrait être le bastion de la liberté et de l’équité » écrivent les auteurs de l’appel qui invitent à   boycotter ce rendez-vous annuel du livre qui marque  une soi-disant rentrée culturelle en Algérie.

«Nous, écrivain(e)s, éditeur (trice)s, intellectuel(le)s, lecteur(trice)s, avons aussi le droit de déserter massivement ce 22e Salon international du livre en exprimant, sur toutes les tribunes qu’il nous sera possible d’occuper, les raisons morales et historiques qui nous poussent au boycott. Morales parce que la violence conjugale est tout simplement inacceptable, quel que soit ‘‘l’opinion’’ du sacré à ce sujet. Historiques, car, dans un passé pas très lointain, écrivains, intellectuels, journalistes et artistes ont pris part à la résistance citoyenne contre la terreur intégriste qui voulait imposer cette négation de la vie et de la dignité humaines», font valoir encore les auteurs de cet appel.

Pour eux, une réponse à cet appel pour un boycott massif de ce salon «sera une réponse à ce que nous considérons comme une atteinte aux principes fondamentaux du respect de la personne humaine, une insulte à des années de combat féministe et un crachat sur les tombes de toutes celles qui ont été égorgées, battues, violées, kidnappées, maltraitées ou détruites psychologiquement, parce que femmes».

Pour rappel, Hamidou Zitouni, invité sur le plateau de la télévision Ennahar, pour faire le point sur les préparatifs du SILA qui s'ouvre du 25 octobre au 5 novembre avait défendu l’utilité d’un livre dans lequel l’auteur explique « comment battre la femme. » D'où un véritable tollé de protestations dans la population à travers le pays provoqué par les élucubrations d'un responsable indigne et qui doit être poursuivi en justice pour apologie de la violence envers les femmes.



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