La tenue de l’élection présidentiellemême dans les conditions que tout le monde sait, et l’intronisation d‘Abdelmadjid Tebboune à la magistrature suprême, mettent d’ors et déjà le Hirakface à ses responsabilités.
Il serait impossible d’imaginer lemouvement populaire garder la même stratégie de combat qui consiste à sortirchaque vendredi et mardi dans toutes les villes du pays.
Il n’est plus question ni ne servirait àquelque chose en effet de continuer à crier haut et fort « Non aux élections avec la Issaba»,maintenant que le président de la république est «élu».
Comme dans tous les mouvements de cegenre, le Hirak devrait faire preuve de pragmatisme pour capitaliser sonincroyable aura auprès des algériens à travers une architecture qui le rendraitde fait comme l’interlocuteur incontournable du nouveau président.
En d’autres termes, le Hirak doit sestructurer et se donner les moyens politiques et institutionnels de setransformer en un puissant bloc politique national capable de porter la voix dupeuple dans les quatre coins du pays.
L’enjeu est immense mais il vaut la peine d’êtretenté face à un pouvoir qui a, il faut le reconnaître, réussi son pari de menerà terme sa feuille de route et faire élire un président qui ne cristallise pasforcément la rupture avec le système.
Le Hirak qui vient d’être solennellementinvité par le nouveau président à un dialogue direct est désormais tenu de transformerson rejet en projet.
Il doit se montrer capable de proposerune alternative politique sérieuse à une classe politique sclérosée qu’il a luimême balayé à partir du 22 février.
L’échec cuisant du duo RND-FLN à porterAzzedine Mihoubi au palais d’El Mouradia signe la fin d’une époque.
Les deux béquilles politiques du pouvoirne sont plus que les ombres d’elles mêmes. Même le président Tebboune n’en veuxpas, lui qui a répété qu’il était un candidat libre et qu’il ne comptaitsurtout pas sur un parti politique.
On est donc face à l’ébauche d’unereconfiguration politique que la nouvelle constitution et la nouvelle loi surles partis vont entériner.
Le Hirak, pourra, pour quelques temps encore,continuer dans sa vocation revendicative pour arracher le maximum d’acquis aunouveau président histoire de sécuriserla pratique politique en Algérie.
Mais à un moment donné, les courbes desmillions d’algériens qui s’étaient croisés pour défendre un SMIG collectifcontre l’ancien régime, vont se séparer pour donner naissance, naturellement, àdes blocs politiquement et idéologiquement distincts.
Et le Hirak aura eu l’insigne honneurd’avoir généré une nouvelle classe politique qui a fait ses armes sur leterrain des vendredis !