Il y a quelques jours, le ministre duCommerce avait mis la pression sur les agents économiques pour se  doter des terminaux de paiement électronique(TPE) avant la fin de l’année en cours. Auparavant son collègue de la Posteavait estimé que la généralisation de ce moyen de payement allait mettredéfinitivement fin au manque de liquidités dans les bureaux de poste et dansles banques.

Il va falloir oublier ces bellesassurances et se contenter de l’effet d’annonce, puisque le gouvernement assumeofficiellement son incapacité à ce passage vers les transactions électroniques.

En effet, l’avant projet de loi desfinances (APLF) 2021 propose tout simplement «d’ajourner d’un an» lagénéralisation des Terminaux de paiement électronique (TPE). Motif ?  Le gouvernement justifie cette prorogationpar le fait qu’elle est « nécessaire » pour satisfaire les besoins du marchénational en quantités suffisantes de TPE et éviter de recourir à leurimportation !

« Les agents économiques doivent seconformer aux dispositions du présent article, au plus tard, le 31 décembre2021 », souligne l’article 141  de l’avant projet, repoussant ainsi de faitle délai du 31 décembre 2020.

 Legouvernement justifie sa décision par le fait que l’opération soit « gigantesquetant sur l’aspect coûts que sur l’aspect logistique»

«(…) avec un peu plus d‘un million etdemi de commerçants susceptibles d‘accepter les paiements par cartes, de faitl‘obligation de les équiper en TPE implique une opération gigantesque, tant surl‘aspect coût que sur l‘aspect logistique, car il s‘agit de développerplusieurs millions de TPE, étant donné qu‘un seul commerçant peut avoirplusieurs points de vente dotés de plusieurs caisses (esp : supermarché,opérateur téléphonique, ….)», arguent les concepteurs de cette mesure. .

Il y est précisé que cette «prorogationest nécessaire pour permettre à l‘appareil de production nationale desatisfaire les besoins du marché en quantités suffisantes de terminaux depaiement électronique (TPE), et d‘éviter ainsi l‘importation de quantités importantesde ces équipements».

Au-delà de la pertinence de cet exposédes motifs pour justifier cette remise à plus tard, il y a lieu de s’interrogerpourquoi des ministres censés savoir se qui se prépare au sein du gouvernementse permettent de faire des déclarations tranchantes avant de se faire démentirpar un texte de loi !

Cette question se pose d’autant plusqu’elle ne concerne pas uniquement la généralisation des TPE.

La quête de l’effet d’annonce prend l’allure d’une stratégie de communicationdestinée à faire «rêver» le consommateur-usager pour qui, la promesse d’unministre équivaut à la parole de l’Evangile ou du Coran…

Preuve en est qu’aujourd’hui même, le ministrede l’Industrie, Ferhat Aït Ali, a douché l’espoir des milliers d’algériensd’acquérir les fameux véhicules de moins de trois ans tel que prévu dans la loide finances complémentaire 2020.

Lors de son intervention ce dimanche surles ondes de la radio chaine 1, le ministre a annoncé le report del’autorisation de l’importation de voitures de moins de trois ans «à…trois ans ouquatre»!

Il a justifié cette surprenante décisionpar le souci de préparer d’abord  «des réformes financières etéconomiques qui permettront aux citoyens de posséder une voiture selon le tauxde change officiel à des prix raisonnables».

Question à deux sous : Pourquoi legouvernement s’est-il contredit en moins d’une année sur l’importation desvéhicules de moins de trois ans ? S’agit-il d’une manœuvre populistedestinée à absorber la colère citoyenne et faire passer l’agenda politiquesans encombre ? Ou alors que ce revirement traduit tout simplement une panned’imagination et une improvisation dans la prise de décision.

Quoi qu’il en soit, ces deux exemplesd’annonces solennelles suivies de reports tout aussi solennels, pose à tout lemoins le problème de la communication du Gouvernement qui doit savoir se taire, aulieu d’annoncer de fausses bonnes nouvelles pour les démentir juste après. Gouverner,c’est savoir aussi manier l’arme du silence.