Latension est loin d’être retombée en Kabylie où des manifestations se poursuiventici et là, en signe de protestation contre le refus des députés de voter unamendement en faveur de « la promotion de la langue Tamazight »
Cematin, des centaines de jeunes ont tenté de bloquer l’auroroute dans les deuxsens au niveau de la localité D’El Asnam à Bouira, au grand dam des automobilistesbloqués pendant des heures avant que la gendarmerie n’intervienne avec des enginspour dégager les barricades (pneux enflammées, troncs d’arbre et autres objets)
Cettetension sur le terrain a trouvé son prolongement naturel sur les réseauxsociaux où l’on assiste, vraiment interloqués, à une véritable escalade dontles auteurs, des deux bords, puisent sans réserve, dans un langage ordurier oùla haine se la dispute au racisme. C’est à croire qu’on est revenu auxannées soixante-dix, au moment où la revendication Amazigh était un taboupolitique.
Sila presse a fait naturellementses choux gras de ces manifestations qui secouent depuis deux semaines lesrégions berbérophones, on en sait peu sur le déclencheur.
Enfait, la personne par qui la tempête est arrivée, c’est Nadia Chouitem, unedéputée du Parti des Travailleurs. Peut- être à l’insu de son plein gré, car c’estelle qui est l’initiatrice du fameux amendement qui a mis le feu aux poudres.
« Ellea proposé cet amendement, mais le jour de son examen au niveau de la commission,pour une éventuelle reformulation ou retrait, elle était absente, d’où laprésentation de cet amendement en plénière qui l’a rejetée » , nous aexpliqué un député.
Connaissantles positions du PT, qui qui a toujours fait de la défense et illustration de l’Amazighité(comme facteur d’intégration nationale), une de ses causes, mais jamais audétriment de la stabilité nationale, on se demande bien comment NadiaChouitem, une députée qui en est à son troisième mandat, ait agi délibérément,comme l’accusent nombre de partis.
MmeLouisa Hanoune, patronne du PT rejetait mardi de façon péremptoire lesaccusations portées contre son parti. « Le Partides travailleurs dépose cet amendement depuis que le Tamazight est devenulangue nationale en 2002. J’ai eu moi-même à le déposer en 2002. C’est doncpour la quinzième fois que nous le proposons pour l’effectivité de laconstitutionnalisation du Tamazight comme langue nationale etofficielle », a-t-elle indiqué lors d’une conférence de presse organisée hierau siège du parti.
A prendre au pied de la lettre les explicationsde Mme Hanoune, concernant le caractère récurent de cet amendement déposéinvariablement depuis 2002, pourquoi alors cette année, les choses ont pris latournure que l’on sait ?
« Ceuxqui ont orchestré cette manipulation savent bien ce qu’ils font, la question del’amazighité c’est de la poudre, ils cherchent à soulever la Kabylie, selon unagenda politique précis », soupçonne un député qui redoute un remake du tristementcélèbre « Printemps noir. »