C’est un scénario catastrophe qu’a évoqué ce jeudi matinl’économiste Abderrahmane Mebtoul s’agissant de l’effondrement des cours dupétrole.
«Si le cours est à 30 dollars le baril, les recettes deSonatrach s’établiraient à environ 12/13 milliards de dollars. Et si onretire 20/25% de charge et la part des associés, le profit net deSonatrach se situerait autour de 9/10 milliards de dollars et pour le gaznaturel si le cours sur le marché libre est inférieur à 1,5 dollars le MBTU etle GNL 3 dollars, 80% des gisements ne seront plus rentables et à 20 dollars,il n’y aurait plus de profit net pourl’ensemble desgisements», s’est-il alarmé lors de son intervention sur les ondes de lachaine III
L’expert en vaut pour preuve que l’impact de l’épidémie ducoronavirus, est «comparable à une catastrophe naturelle, et même à une guerreplanétaire». L'économie mondiale connait en ce mois de mars 2020, d’après lui, «trois chocs : un choc del’offre avec la récession de l’économie mondiale, un choc de la demande du faitde la psychose des ménages, et un choc de liquidités où la majoritédes banques centrales abaissent leur taux directeurs».
Mebtoul rappelle que la crise en Chine, représentant 17%du PIB mondial, s’est répercutée sur les chaînes d’approvisionnementmondiaux, pays développés et pays émergents.
Et cette crise se fera sentir durant toute l’année 2020, d’aprèslui, avec des ondes de chocs en 2021.
Abderrahmane Mebtoul précise que la Commission économique pourl’Afrique (CEA), a dans une note datant du 13 mars 2020, avertit queles pays exportateurs de pétrole africain «les plus vulnérables sontle Nigéria, l’Algérie, l’Angola» dufait que ces pays n’ont pas une économiediversifiée mais reposent sur la rente.
Et contrairement à certains pronostics, «méconnaissantl’ampleur de la récession», le rapport de l’AIE publié le 12 mars 2020 dernier,souligne selon l’invité de la rédaction, que lademande de pétrole devrait «fortement baisser avec la contraction profondede la consommation pétrolière en Chine (14 % de la consommation mondiale et 80% de la croissance de la demande,) et des perturbations importantes des voyageset du commerce dans le monde.
L’AIE prévoit ainsi que le Brent pourrait se coter à 43 dollars en moyenne annuelle en 2020, 37 dollars pour le premiersemestre, 45 dollars le second semestre 2020 contre une prévision de61 dollars, soit une baisse de 29,3%, la moyenne annuelle de2019 ayant été de 64,37 dollars.
Le pire d’après Abderrahmane Mebtoul ce seraient d’autres scénarioscatastrophes qui verraient l’épidémie du Coronavirus provoquer une «très grave crise mondiale,où pour la banque Goldman Sachs, la guerre des prix déclenchée parl’Arabie saoudite pourrait faire glisser les cours du pétrole autour de 20dollars le baril».
C’est dire que l’horizon s’annonce bien obscur pour des payscomme l’Algérie qui risquent de subir le double choc de l’érosion des sesrecettes en devises et des implications de l’épidémie.