Abdelmadjid Tebboune élu président dès lepremier tour. Est ce vraiment une surprise ? Si l’on s’en tient au tapagefait ces derniers jours sur les chances prêtées à Azzedine Mihoubi donnépratiquement vainqueur, oui ç’en est une.
Mais à y voir de près, l’ex Premierministre paraissaitt le mieux placé pour succéder à Abdelaziz Bouteflika dontil avait juré un jour de poursuivre le programme.
Enfant du système par excellence etcommis de l’Etat depuis sa prime jeunesse en tant que Wali, AbdelmadjidTebboune est un président qui garantit à priori une assurance tous risques àtout le monde.
Avec lui, les décideurs n’auront pas desoucis à se faire quant à des décisions qui pourraient provoquer des schismes àl’intérieur du sérail. Pour avoir fréquenté pendant près d’un demi siècle les allées du système,Tebboune connait assez bien les lignes rouges et les lignes de fractures. A cetitre, avec lui, le pays est en quelque sorte entre de «bonnes mains» selon la doxa officielle.
En revanche, un Ali Benflis empli derancœurs et de rancunes de ses échecs passés, aurait été un facteur aggravant ycompris pour le système compte tenu de l’ampleur de ses conflits avec nombre dedécideurs.
En termes simples, Ali Benflis est unhomme tellement clivant que le pouvoir n’a pas osé prendre le risque avec luimalgré ses sollicitations et ses offres de services.
Pour les autres, Abdelkader Bengrinamalgré l’aspect sympathique et parfois même guignolesque qu’il dégage, reste unredoutable islamiste pur jus, capable de renverser la table de la république àtout moment.
Son score inattendu (17, 38%) est là pourservir de révélateur que le danger islamiste n’est jamais loin.
Sans doute qu’il a bénéficié en sous maindes voix du MSP et du mouvement ADALA de Djaballah bien qu’ils n’aient pasdonné de consignes de vote officiellement.
Reste les deux «jeunes» du hit parade decette présidentielle, Azzedine Mihoubi et Abdelaziz Belaid.
En ne récoltant que 14% environ dessuffrages exprimés, ils se classent bons derniers d’une course à lamagistrature suprême plus que jamais réservé aux septuagénaires.
De ce point de vue là, l’Algérie n’a pasvraiment changé au grand dam du Hirak qui réclame depuis dix mois larajeunissement du personnel politique.
Bien qu’ils soient des enfants légitimesdu système, Mihoubi et Belaid ne sont pas dans les bonnes grâces du régime etmême des électeurs. Il faut reconnaitre tout de même que ces deux là, n’ont pasvraiment la carrure d’hommes d’Etat.
Les algériens ont eu tout le temps devoir à l’œuvre Azzedine Mihoubi en tant que ministre. Effacé et un peu timide,il ne pouvait raisonnablement se glisser dans le costume de président de larépublique qui lui, suppose un charisme et de la poigne.
Quand à Belaid Abdelaziz, il parait lemoins outillé pour la fonction du fait qu’il n’a jamais été aux commandes neserait ce que d’une petite administration.
Au final, Abdelmadjid Tebboune paraitêtre le président le moins mauvais des cinq et peut être celui quicorrespond le mieux à la période que vit le pays.
Mais il sait qu’il est attendu autournant par un mouvement populaire qui ne va pas rentrer à la maison de sitôt. Tebboune sait désormais ce qu’il doit faire pour retisser le lien entrel’Algérie d’en haut qui gouverne et celle d’en bas qui crie.