Algérie 1

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Incidences de la baisse des prix du pétrole sur l’économie mondiale et l’économie algérienne

13-05-2015 12:54  Contribution

Synthèse de la conférence du professeur des Universités Expert international, Dr Abderrahmane MEBTOUL

Dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui aucun prix n’a plus d’importance que celui du pétrole brut. Plus de 80 millions de barils sont produits et consommés chaque jour, dont la plus grande partie est vendue sur les marchés internationaux. Les réserves prouvées de pétrole traditionnel sont les suivants selon les données internationales de 2012/2013 : Venezuela 298 milliards de barils de pétrole 24,80% - Arabie Saoudite, 266 milliards avec 22,10%, l’Iran 158,13 soit 10% et l’Irak 140 11,70%. Loin derrière, le Koweït avec 102, les Emiraties 98 , la Russie 90 , la Lybie 49, le Nigeria 38 et l’Algérie 12 milliards données de BP de 2000. Pour les réserves prouvées   de gaz naturel traditionnel la Russie vient en tête avec 48.000 milliards de mètres cubes gazeux, l’Iran 34.000, le Qatar 25.000, le Turkménistan 25.000n l’Arabie Saoudite 8000, les USA, 7100, les Emiraties 6100, le Venezuela 5200, le Nigeria 5100, l’Algérie 4500 données de BP de 1998 estimation actuelle environ 3500. Le 08 mai 2015, le cours du Brent  a été coté à 65,63 dollars, le WIT 58,99 dollars et la cotation du dollar/euro est passée de 1,055 à 1,12 cette appréciation de l’euro  expliquant en partie cette relative hausse récente. Le Wall Stree Journal en date du 11 mai 2015 vient de confirmer les prévisions de l'AIE, sous réserve du retour à la croissance de l’économie mondiale n’atteindra peut être 95/100 dollars pas avant 2025 (1)

1.-.L’essence de la crise tant de 1929 que de 2008 est lié à la financiarisation accrue en déconnection avec la sphère réelle et la non symbiose de la dynamique économique et de la dynamique sociale oubliant que le travail est certes un prix mais créateur de valeur et vecteur de croissance à travers la consommation. La raison essentielle de la chute des cours du pétrole depuis juin 2014 est donc la faiblesse de la croissance de l’économie mondiale. Le FMI estime la croissance de l’économie mondiale à 3,5% en 2015. La Réserve fédérale mise sur une expansion US entre 2,6% et 3% pour 2015, rejoignant les estimations du FMI pour qui .le taux de croissance devrait progresser de 3,1% en 2015 et 2016. Pour la zone euro, le FMI prévoit un taux de croissance de 1,5 % en 2015 contre 0,9 % en 2014 dont l’Allemagne (1,6 %), la France (1,2 %) et l’Espagne (2,5%). Cependant c’est la déprime au niveau des pays émergents à l’exception de l’Inde où après moins de 5% en 2014,  le Fonds s’attend à une croissance de 7,2% en 2016 grâce à une reprise notable des investissements et à la baisse des prix du pétrole. Surtout le cas de la Chine, qui inquiète l’économie mondiale. Car la Chine est le deuxième pays au monde par son produit intérieur brut PIB -11285 milliards de dollars  derrière les USA avec 18287 milliards de dollars mais pour une population de 360 millions d’habitants, loin devant le Japon (4882), l’Allemagne(3909) le Royaume Uni(3003) et la France (2935 milliards de dollars).  Selon FMI en parité de pouvoir d'achat (PPA)  prévoit que le  PIB PPA de la Chine atteindra 27 000 milliards de dollars en 2019, quand celui des États-Unis ne devrait être que de 22 000 milliards  de dollars. Confrontée au ralentissement du marché immobilier mais aussi des échanges commerciaux et des investissements, la Chine s'achemine en 2015  vers une croissance  de 7% soit la plus faible depuis vingt-cinq ans alors que la  population  active du pays compte 800 millions de personnes. Bien que selon les données de  la Banque populaire  de Chine,  à 3.820 milliards de dollars  fin 2014, permettant de les  placer,  une partie en bons du Trésor américains, 1.223,7 milliards de dollars  fin 2014 et en dette souveraine d'autres Etats,  une autre  partie  pour investir dans des entreprises à l'étranger à travers son principal fonds souverain, le CIC. . Cependant, la population reste relativement pauvre  car il faut relativiser, non voir le PIB en valeur absolu mais le diviser  par la population totale : en parité de pouvoir d’achat, on évalue le PIB par habitant en 2013 à 9 800 dollars par habitant, ce qui place la Chine au 121e rang mondial. Il y a également les perspectives de l’Amérique latine qui sont  alarmantes avec 1,3 % en 2014 contre 2,9 % en 2013 avec une probable récession du Brésil dont le PIB devrait reculer de 1 % en 2015. La baisse des cours du pétrole a accéléré le ralentissement de l'économie russe et la dévaluation du rouble avec d’importantes sorties de capitaux qui ont un effet négatif sur de nombreux pays d'Eurasie, notamment dans les pays émergents de la région Europe et Asie centrale (ECA). La chute du rouble porte à plus de 50% sa baisse face au dollar depuis le début de l'année. L'euro a dépassé le seuil inimaginable de 100 roubles et le dollar 80 roubles. Ainsi, selon  le gouverneur de la Banque centrale russe, avec un  volume total des exportations russes  d’environ 500 milliards de dollars,  une chute de 10 dollars du prix du baril de pétrole coûtant  10 milliards de dollars au budget fédéral russe et 0,4% point de croissance au PIB,   la Russie perdrait quelque 160 milliards de dollars par an dans ses exportations de pétrole si le cours du pétrole se maintient à 45 dollars le baril. En plus des fuites de capitaux qui selon les Echos.fr du 19/01/2015 , atteignant 151 milliards de dollars, plus du doublement entre 2013/2014  selon la Banque centrale de Russie, existant une étroite corrélation  entre le cours du pétrole et le cours du rouble.. . Par ailleurs, l'Arabie Saoudite ( par de 35% de l’OPEP) , ne voulant plus jouer seul le rôle de variable d'ajustement,  ne tient pas à baisser davantage sa production, voulant que les autres pays de l'OPEP (l’OPEP représentant 33% de la production mondiale commercialisée, 67% se faisant hors OPEP) , qui produisent tous à pleine capacité, réduisent eux aussi leur production. L’expérience a monté par le passé que la baisse du quota  OPEP a profité aux pays non OPEP dont la Russie qui ont augmenté leur part de marché. Comme,  nous devrions assister après l’accord probable avec l’Iran pour fin juin 2015,  qui ne produit qu’un(1) million de barils/jour avec des possibilités  de plus de 4 millions  de barils/jour sans compter qu’il constitue, comme montré précédemment, le  deuxième réservoir mondial de gaz traditionnel à un rééquilibrage géostratégique. Actuellement, la baisse du prix du pétrole brut  permet aux pays importateurs d’importantes économies. Pour l’UE et les USA, cela représente 2 à 3% de leur PIB. Pour la zone euro, cette baisse du prix du pétrole permet une dépréciation de la monnaie européenne qui n'entraîne pas de hausse du prix des importations de la zone. Depuis le début de 2014, l'euro s'est déprécié de 10 % par rapport au dollar et le prix du pétrole en dollars a baissé de 17 %. La zone a profité de l'effet positif de la dépréciation de l'euro sur ses exportations (ce qui devrait augmenter sa croissance de 0,2 point), sans être pénalisée par la hausse des prix des importations. où  selon des experts uniquement pour la France, une baisse des prix à la production de combustibles et carburants se traduirait par une économie directe de coût de l'ordre de 21 milliards d'euros pour l'ensemble de l'économie, le principal secteur « gagnant ex-ante » étant le secteur des transports. Mais cela concerne également, d’autres pays importateurs net. Ainsi,  selon le département US à l’énergie, la facture pétrolière des Etats-Unis a été réduite de 70 mrd USD en 2014 grâce à l'effondrement des prix du brut et la Chine  important   chaque année 300 millions de tonnes de pétrole, si le prix du pétrole  se maintient à 60 dollars  en 2015, les économies seraient de l’ordre  de 50 milliards de dollars.  Mais des experts estiment qu’un pétrole bon marché n’est pas sans inconvénient. Les analystes considèrent que les investissements ne sont plus rentables pour les gisements marginaux si le pétrole reste à un prix évoluant autour de 65 à 70 dollars, excepté les grands gisements qui peuvent tenir entre 50/60 dollars, pouvant assister à une re-concentration de cette industrie si le bas prix persiste en deçà de 60/70 dollars. Dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui sont les plus touchés, les recettes tirées des exportations de pétrole et de gaz devraient diminuer d’environ 300 milliards de dollars.  Lors du précédent contre-choc pétrolier de 1985-86, les importations de l'Arabie Saoudite avaient reculé de 39 %, celles du Nigéria de 60 %. Pour l'ensemble de la zone euro, les exportations à destination des seuls pays de l'OPEP et de la Russie représentent un montant de 198 milliards d'euros en 2014. Une chute des importations de l'ordre de 20 % occasionnerait alors un choc équivalent à 0,4 point de PIB très dommageable pour les exportateurs orientés vers ces zones. Par ailleurs,   cela accroît les tendances déflationnistes dans les pays  qui ont  croissance faible. La chute actuelle des prix du pétrole constituerait ainsi une menace pour la zone euro, une économie aussi endettée car la déflation augmente le fardeau réel de la dette et fait courir le risque d'un défaut souverain et d'une nouvelle crise bancaire. En effet, la situation spatio-temporelle de la dette publique, les différents Etats au cours de leur histoire ont souvent eu recours à la dette pour faire face à de fortes dépenses, comme les guerres par exemple, mais après des périodes de fortes augmentations, la part de la dette dans le PIB a été rapidement réduite, principalement en raison d’une forte hausse de l’inflation qui réduit la valeur réelle de la dette et d’une croissance forte du PIB. Outre que le risque d’une déflation serait source de démotivation, profiterait aux rentiers et aux retraités, d’une manière générale, compte tenu du poids des importations de pétrole, une baisse de 10 % du prix du pétrole réduit de 0,4 point le taux d'inflation. Si le prix de l'or noir continue à baisser, l'inflation de la zone euro  pourrait devenir négative. Cela explique que la Banque centrale européenne (BCE) face à cette situation favorise actuellement à une politique expansionniste en injectant 1100 milliards d’euros supplémentaires et a officialisé un programme de rachat massif d'actifs de 60 milliards d'euros par mois de mars 2015 jusqu'à fin septembre 2016 au plus tôt.

2- Mais, outre cette dépression de l’économie mondiale, il existe huit autres raisons de la baisse du cours du pétrole. Premièrement, du côté de l'offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévu de la production de pétrole (non conventionnel) des USA qui bouleverse toute la carte énergique mondiale. Ils sont passés de 5 millions de barils/jour de pétrole à 8,5 actuellement étant prévu en 2016 9,5 millions de barils jour. Les Etats-Unis, toujours grand importateur actuellement, devraient devenir le plus grand producteur de pétrole brut (tenant compte consommation intérieure) devant l'Arabie Saoudite et la Russie. Selon The Telegraph en date du 28 avril 2014, les Etats-Unis, devraient pénétrer fortement dès 2016 le marché mondial avec des quantités sans précédent de gaz naturel liquéfié (GNL) 30 projets sont en cours de réalisation, grâce au gaz et le pétrole de schiste pesant ainsi sur le marché mondial du GNL où l’Algérie fait partie des principaux exportateurs avec le Qatar , la Russie, le Nigeria l’Australie et bientôt d’autres pays africains. Deuxièmement, les rivalités au niveau de l’OPEP dont certains ne respectent pas les quotas, bien que cette organisation représente que 35/40% de la production mondiale commercialisée, 60/65% se faisant hors OPEP, de la rivalité Iran-Arabie Saoudite (plus de 35% de la production OPEP), qui ne veut pas perdre ses parts de marché. Cela rentre dans le cadre géostratégique avec l’Occident dont les USA pour affaiblir la Russie et l’Iran, qui peut avec les Emiraties le Qatar, Oman, le Koweït, se permettre un cours plancher de 65/80 dollars. L’Arabie Saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l'offre mondiale, et donc sur les prix, tout dépendant d’une entente entre les USA et l’Arabie Saoudite pour déterminer le prix plancher, encore que cette entente pourrait se déplacer dans un proche avenir avec une entente avec l’Iran. Troisièmement, la stratégie expansionniste de Gazprom, à travers le North Stream et le South Stream (ce dernier gelé actuellement) d’une capacité prévu de plus de 125 milliards de mètres cubes gazeux pour approvisionner l’Europe, sans compter les nouvelles canalisations vers l’Asie. La Russie a besoin de financement, les tensions en Ukraine n’ayant en rien influé sur ses exportations en Europe où sa part de marché a été de 30% entre 2013/2014. Quatrièmement, du retour sur le marché de la Libye 800.000 barils/jour actuellement et pouvant aller vers 2/3 millions de barils/jour, de l'Irak avec 3,7 millions de barils jour (réservoir mondial à un coût de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) pouvant aller vers plus de 8 millions/jour. Et surtout l’Iran si les accords sur le nucléaire se concrétisent avant le 30 juin 2015, l’embargo l’autorisant à exporter seulement un millions de barils jour. L’Iran, comme rappelée précédemment , a des réserves de 160 milliards de barils de pétrole lui permettant facilement d’exporter entre 4/5 millions de barils jour et le deuxième réservoir de gaz traditionnel avec plus de 34.000 milliards de mètres cubes gazeux , sans compter qu’il aura alors accès aux quelques 100 milliards de dollars bloqués dans les banques étrangères, qui pourront augmenter ses exportations et attirer les investissements étrangers. Par ailleurs, retenons les nouvelles découvertes dans le monde notamment en offshore notamment en Méditerranée orientale (20.000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région) et en Afrique dont le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d’or noir en Afrique et les nouvelles technologies permettent l’exploitation et la réduction des couts des gisements marginaux. Cinquièmement, les USA/Euro qui représentent actuellement plus de 40% du PIB mondial pour une population inférieure à un milliard d’habitants poussent à l’efficacité énergétique avec une prévision de réduction de 30%. Sixièmement, les tendances à sont à une nouvelle division et spécialisation internationale avec la concentration de l’industrie manufacturière forte consommatrice d’énergie en Asie qui absorbera 65% de la consommation mondiale horizon 2030, notamment l’Inde et la Chine. Les relations clients –fournisseurs seront à leurs avantages, pour avoir des avantages comparatifs et pousseront à la baisse des prix. Septièmement, l’occupation par les terroristes de champs pétroliers et gaziers les écoulements au marché noir notamment en Irak pour un baril entre 30/40 dollars et huitièmement, l’évolution des cotations du dollar et l’euro, toute hausse du dollar, bien que n’existant pas de corrélation linéaire, pouvant entraîner une baisse du prix du baril.

 

3.-D’une manière générale, il y a urgence  d’une régulation mondiale face aux nouvelles mutations. Alors que le monde entier affronte une profonde récession après avoir encaissé un choc financier colossal, tout se passe comme si la page avait déjà été tournée. L’on se comporte comme un malade qui sortirait de l’hôpital juste après avoir réchappé d’un infarctus, sans avoir changé ni son régime alimentaire ni son mode de vie, sans même avoir fait les examens nécessaires pour vérifier qu’il ne court plus de risque à court terme. L’objectif stratégique est de repenser l’actuel système économique mondial. Les gouvernements à travers les États-Nations – et la crise actuelle en est la démonstration, sont désormais dans l’impossibilité de remplir leurs missions du fait de la complexification des sociétés modernes, de l’apparition de sous-systèmes fragmentés, de l’incertitude liée à l’avenir et de la crise de la représentation politique, d’où l’exigence de s’intégrer davantage dans un ensemble plus vaste pour pouvoir répondre aux nouvelles préoccupations planétaires. Aussi, l’objectif stratégique est de repenser tout le système des relations économiques internationales et notamment le système financier mondial issu de Breeton Woods en 1945 en intégrant le défi écologique. Car en ce début du 21ème siècle, des disparités de niveau de vie criardes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L’abondance et l’opulence y côtoient d’une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement dont d’ailleurs la mauvaise gouvernance des dirigeants du Sud est en grande partie responsable. Sur les sept milliards d’habitants que compte la planète, un cinquième – dont 44% en Asie du Sud à moins d’un (01) dollar par jour de revenu. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de deux milliards d’individus – dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement – on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l’humanité si rien de décisif n’est entrepris. Pour l’Algérie, dépendante de ces mutations mondiales, le solde global de la balance des paiements a été de 130 millions de dollars en 2013 et négatif de 5,88 milliards de dollars fin 2014. Les réserves de change étaient de 193,3 milliards de dollars à fin juin 2014, à 185,273 milliards de dollars à fin septembre 2014 et de 178,9 milliards de dollars à la fin décembre 2014, soit 15,6 milliards de dollars de moins que les 193,3 milliards de dollars enregistrés fin juin 2014 et le FMI annonce que l’Algérie a puisé uniquement pour 2015 plus de 11,6 milliards de dollars.  D’une manière générale, si l’on maintient le même niveau des dépenses que 2014, si non plus puisque la loi des finances 2015 votée par le parlement prévoit plus de 60 milliards de dollars d’importation uniquement de biens sans les importions de services (plus de 11 milliards de dollars) pour 2015, l’on devrait normalement puiser dans les réserves de change environ 30 milliards de dollars en 2015. La situation financière est intenable : une sortie de devises de 80 milliards de dollars y compris les transferts légaux de capitaux des firmes et une recette fluctuant entre 40/50 milliards de dollars. Si l’on maintient le niveau des dépenses de 2014 /2015, les réserves de change qui devrait s’épuiser horizon 2020/2021. Au cours de 95 dinars un dollar, nous aurons 47 milliards de dollars, en signalant que la loi de finances 2015 paradoxe, a été établi sur la base d’un cours de 79 dinars un dollar. La loi des Finances 2015 prévoit des recettes budgétaires de 4.684,6 milliards de dinars et des dépenses publiques de 8.858,1 mds de dinars, soit un déficit budgétaire de 4.173,3 mds de dinars. Au cours de 95 dinars un dollar, en prenant le même taux pour plus de cohérence, nous aurons 44 milliards de dollars qui devaient être alimentés par le fonds de régulation des recettes. Ainsi si le cours moyen pour 2015 s’établit à 60 dollars, en cas du maintien des dépenses prévues par la loi de finances 2015, le fonds de régulation risque de s’épuiser courant 2016. Mais il faut éviter une vision de sinistrose par rapport à 1986 où à cette époque commençait le niveau d’endettement et les réserves de change étaient presque nulles. Ainsi grâce au remboursement par anticipation, la dette à moyen et long terme est passée de 22,44 milliards de dollars en 2001 à 4,84 en 2008, à 4,35 en 2009, à 3,26 en 2010, 2,47 en 2012, à 2, 068 en 2013. La dette extérieure est passée de 22,70 en 2001 à 5,92 en 2008, 5,68 en 2009, à 5,68 en 2010, à 4,40 en 2011, 3,63 en 2012 et à 3,396 en 2013 et 3,666 milliards de dollars à fin 2014. Il faudra donc optimaliser ces réserves de change pour éviter le scenario dramatique de 1986. En ce monde turbulent et incertain, annonçant de grands bouleversements géostratégiques militaires, politiques et économiques à nos frontières, où les   batailles futures  pour le développement sont conditionnées par la bonne gouvernance et la valorisation du savoir, l’Algérie malgré la chute du cours des hydrocarbures, a l’ambition de ses choix qui doivent indiquer : comment se pose le problème : quelles sont les contraintes politiques, économiques et techniques ; quels sont les choix possibles ; les ensembles de choix cohérents et quelles sont les conséquences probables de ces choix ? Pour l’Algérie est posée  la problématique de sa sécurité, de  l’urgence d’une transition énergétique raisonnable  et maîtrisée s’insérant dans le cadre global d’une transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Cela suppose de lever toutes les contraintes bureaucratiques d'environnement qui freinent  l'expansion de l’entreprise créatrice de valeur ajoutée pour une société participative et citoyenne. Cela suppose un profond réaménagement de la gouvernance actuelle afin d ‘éviter des tensions sociales généralisées car  la mondialisation peut nous nous réserver de mauvaises surprises. L’Afrique qui devrait dynamiser l’économie mondiale à l’horizon 2030 est un enjeu majeur au XXIe siècle, préfigurant d’importantes reconfigurations géostratégiques, avec le défi écologique et la transition énergétique. Grâce à ses importantes potentialités, l’Algérie pouvant devenir un vecteur actif, un pays pivot entre l’Europe et l’Afrique, l’avenir de l’Algérie étant en termes d’avantages comparatifs en Afrique. Et la diplomatie économique (sous segment de la théorie de l’intelligence économique)  actuellement en berne doit investir dans cet espace. En bref, l’entrave principale au développement provient de l’entropie. Le défi majeur, est de réfléchir aux voies et moyens nécessaires pour contrôler et réduire cette entropie à un niveau acceptable. L’Algérie au moment où avec la chute du cours du pétrole est appelée à procéder, afin d’éviter le drame des impacts de la crise de 1986, à de profonds ajustements économiques et sociaux douloureux, supposant un sacrifice partagé. Comme j’ai eu à le rappeler lorsque la présidence   de la république  m’a invité  en tant  personnalité nationale, pour la révision constitutionnelle, puisse l’Algérie rassembler ses tous   ses enfants, ne signifiant pas unanimisme signe de la décadence de toute société, donc respecter les différences et développer les libertés et non diviser   grâce à un dialogue productif permanent, fondement de la bonne gouvernance,   entre toutes les forces économiques, sociales et politiques  afin de rétablir la confiance entre l’Etat et les citoyens, sans laquelle aucun  développement fiable  ne pourra se réaliser. D’où l’importance d’organisations non gouvernementales pour dynamiser nos relations internationales où le monde actuel repose sur des réseaux et non sur des relations personnalisés de chefs d’Etat et au niveau interne de relais sociaux, économiques et politiques crédibles loin des bureaux climatisés, afin d ‘éviter l’affrontement direct Etat-citoyens et alléger la pression sur les forces de sécurité. Je suis convaincu que l’extérieur que certains brandissent comme un épouvantail, sans proposer de solutions crédibles,  ne peut agir  négativement que si le front social a interne est faible. J’ose imaginer une Algérie où les nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif des cadres expatriés. Il existe un lien dialectique entre la sécurité et le développement. Un bon développement allège le poids sur les forces de sécurité ; un frein au développement par une mauvaise gouvernance accroit les tensions sociales ; et une bonne sécurité inscrit dans le cadre d’un Etat de Droit, respectant les libertés fondamentales, permet le développement. Aussi, L’Algérie qui a d’importantes potentialités sera ce que le peuple algérien et les responsables chargés de gérer  la Cité voudront qu’elle soit.

(1)-Synthèse de la conférence du professeur des Universités Expert international, Dr Abderrahmane MEBTOUL-Direction générale de la sureté nationale-DGSN- Ecole supérieure de police Châteauneuf Alger - et diffusé à l’Ouest par vidéo/conférence avec l’école supérieure de police de Sidi Bel Abbès et à l’Est avec l’école supérieure de police d’Annaba avec un très large débat avec ces trois écoles et ce le 12 mai 2012 pendant trois heures de 10h à 13h.

 

 



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