Le Comité national des jeunes du sud aura été jeudi au rendez-vous à Ouargla pour organiser sa manifestation. A la place d’une marche pacifique, un projet abandonné par les organisateurs « par peur de dérapage et de provocations », ils ont opté pour un rassemblement devant le siège de l’APC de Ouargla. Environ 10.000 personnes, selon les organisateurs, ont assisté 0 ce « rassemblement pacifique », en présence d’un service de sécurité discret.
Pourtant, les autorités avaient pris les devants durant la semaine, en dépêchant à Ouargla, pas moins de 7.000 membres des forces de l’ordre, (gendarmes et policiers), selon certaines indiscrétions, pour empêcher cette manifestation. Visiblement il y a de la part des autorités une réelle volonté de privilégier l’apaisement sur la confrontation.
Selon des échos recueillis sur place, les manifestants ont exprimé leurs revendications sociales mais ont tenu également à répondre au Premier ministre Abdelmalek Sellal qui accusait la semaine dernière les animateurs du Mouvement « d’appliquer un agenda politique décidé à l’étranger ». « Avec autant de personnes rassemblées ici, j’espère que le premier ministre changera d’appréciation, nous ne sommes pas un +groupuscule manipulé+ comme il le dit, mais bien une force qui revendique simplement les mêmes droits que nos jeunes concitoyens du nord », a déclaré un des membre du Comité.
« Droit au travail pour les jeunes du sud », « non à l’exclusion sociale", « non à l’esclavagisme des temps moderne », « non à la manipulation politique de nos revendications », sont autant de slogans clamés par des manifestants bien encadrés par le Comité d’organisation. Les animateurs du mouvement, qui redoutaient les provocations ont insisté sur le caractère purement social des revendications.
Une insistance qui se veut comme une réponse aux tentatives du Gouvernement «qui s’est attaché, à travers les médias publics à jeter le doute et la suspicion sur les animateurs du Comité des chômeurs, accusés « d’exploiter les frustrations sociales des jeunes pour exprimer des revendications politiques ». « Le fait que tant de monde soit ici aujourd’hui, est une preuve que les citoyens n’ont pas écouté la propagande du pouvoir qui cherche à dénaturer notre mouvementa, dit un des organisateur, nous sommes les seuls authentiques représentants des jeunes chômeurs du sud et notre combat ne date pas d’aujourd’hui ».
En insistant sur leur représentativité, un de leur leitmotiv, les organisateurs entendaient en fait dénoncer ce comité parallèle créé de toutes pièces en cours de semaine par les autorités pour semer le trouble dans les esprits des habitants. Ce comité parallèle, est composé de proches des notables locaux et des élus et se présente comme le représentant de la société civile.
Maintenant que cette manifestation, point d’orgue de l’action du Comité qui devient désormais un acteur incontournable, la question est de se demander de quoi sera fait demain. Surtout que le Premier ministre Abdélmalek Sellal avait annoncé dimanche une batterie de mesures de nature à réponde un tant soit peu aux attentes sociales des jeunes chômeurs.
Priorité dans le recrutement au sein des compagnies pétrolière aux jeunes originaires du sud, mise en place de crédit sans intérêts pour les jeunes désirant lancer leur start up, création de centres de formation professionnelle, suppression des sociétés privées chargées du recrutement et obligation pour les société pétrolières de passer désormais par l’agence nationale de l’emploi pour tout recrutement », sont les principales mesures.
Reste à savoir si l’application suivra. Il en va de la stabilité sociale et politique de la région et du pays en général. Mais les groupes d’intérêts qui ont tiré profit de cette situation accepteront-ils de jouer le jeu. L’autorité du président Bouteflika, déjà mise à mal par la noria de scandales sur la corruption, se mesurera par son pouvoir à neutraliser ces groupes d’intérêts qui sont de véritables négriers des temps modernes.