A rebrousse-poil du discours des membres du gouvernement qui glosent sur la nécessité de freiner le recours excessif à l’importation, la réalité est bien dramatique pour l’économie nationale.
Les chiffres se suivent et se ressemblent pour les amateurs de ce segment juteux du commerce qui suppose aucun effort sinon de dédouaner les véhicules achetés de France et d’ailleurs.
Une fois de plus la facture des importations de véhicules de l'Algérie explose. Pour le compte du premier semestre 2013, le taux a grimpé de 17,38% par rapport à la même période de l'année d'avant, selon le centre national de l'informatique et des statistiques des Douanes (Cnis). Une très mauvaise nouvelle qui confirme une tendance haussière observée depuis trois années.
Le Cnis nous apprend ainsi que les importations algériennes de véhicules ont atteint 324,63 milliards DA (mds DA), soit environ 4,3 milliards de dollars, durant le premier semestre 2013 contre 276,55 mds DA à la même période en 2012, en hausse de 17,38%, indique le Centre de janvier à juin 2013.
En nombre, l’Algérie a importé quelque 323.321 voitures contre 295.113 en 2012, soit une hausse de 9,56%. C’est dire que tous les voyants sont passés au rouge pour ce secteur qui avale chaque année un peu plus de 8 milliards de dollars.
Et si cette tendance se maintient, l’Algérie risque de boucler l’année 2013 avec une facture salée de prés de 10 milliards de dollars qu’elle devra payer uniquement pour l’importation de véhicules.
Plus de 4 milliards de dollars en six mois !
C’est assurément l’une des plus grosses cagnottes au monde que se partagent les constructeurs automobiles agréés en Algérie.
Le marché de l’automobile en Algérie vieux d’à peine une quinzaine d’années a littéralement explosé ces dernières années pointant au top des pays africains où l’importation automobile est devenu un métier à très forte valeur ajoutée. Et dans ce gros gâteau qu’est devenu l’Algérie, la voiture française s’offre la part du lion.
Les deux groupes, PSA et Renault trônent toujours en tête des achats à l'international de l'Algérie, suivie par le réseau SOVAC qui regroupe plusieurs constructeurs, essentiellement allemands.
On y apprend dans le détail, que durant ce semestre, le groupe PSA (Renault) devance son compatriote Peugeot en se classant en tête avec 68.362 unités contre 63.269 véhicules à la même période en 2012 (+8,05%).
Tant que le pétrole coule…
Le japonais Toyota devance le sud-coréen Hyundai. Peugeot a occupé la seconde place avec 51.297 véhicules contre 28.430 unités durant la même période de comparaison, en hausse de 80,43%, suivi par le groupe SOVAC Algérie avec 28.465 unités (+17,07%).
La marque japonaise Toyota a devancé également le sud-coréen, Hyundai motors, durant ce semestre, pour se classer en 4ème position avec 21.339 véhicules (+7,41%), suivie par Hyundai qui a vendu 20.407 voitures durant les six premiers mois de 2013, contre 23.497 voitures durant la même période de 2012, reculant de 13,15%.
Le Cnis tente comme toujours d’expliquer cette "boulimie mécanique" qui s’est emparée des algériens par les relèvements de salaires opérées en 2010. Mais cela n’explique pas tout.
Beaucoup de concessionnaires ont de plus en plus du mal à vendre leurs véhicules. D’où d’ailleurs la multiplication des opérations de promotion pour capter une clientèle plutôt passive.
Il est à se demander à quoi servirait finalement la construction de la fameuse usine Renault alors que le groupe s’en sort très bien par l’import-import.
Ce modeste projet qui sera concrétisé grâce aux considérables facilitations et autres avantages accordés par l’Etat à la marque au losange, ne va certainement pas alléger la "facture".
Il est juste destiné à masquer l’échec d’une stratégie industrielle qui a été "bâtie" sur la magie du discours. Et tant que les pétrodollars coulent à flot, rien ne semble pouvoir arrêter la saignée.