Le drame de Lampedusa a suscité de nombreuses critiques vis-à-vis du dispositif européen Frontex.
Depuis, la marine italienne a promis de renforcer la surveillance autour de l'ile. Mais c’est en fait une immense zone qu'il faudrait surveiller pour pouvoir prévenir ce genre de naufrage en Méditerranée.
Cette semaine, les habitants de Lampedusa ont laissé éclater leur colère. "Il y a cinq bateaux pneumatiques, deux vedettes des douanes, une des carabiniers, celle de la capitainerie… Qu’est-ce qu’ils font ? Là, à un mille de la côte, ils n’ont pas vu le bateau ? Il y a un truc qui cloche !" s’énerve l’un d’eux.
Après deux naufrages successifs qui ont fait 400 morts en Méditerranée, l’Italie a annoncé le déploiement de douze vedettes autour de l’île de Lampedusa et d'un navire-hôpital, deux patrouilleurs et de deux frégates dans la zone.
L’agence Frontex, qui coordonne les opérations de sécurisation des frontières de l’Europe, prend en compte deux bateaux et deux hélicoptères.
6.500 kilomètres de côtes à contrôler
Mais depuis le début de l’année, 31.000 migrants se sont rendus en Europe en transitant par la Méditerranée centrale.
Au-delà de Lampedusa, ce sont 6.500 kilomètres de côte qu’il faut contrôler, de l’Atlantique au Bosphore, explique le capitaine de vaisseau Philippe Ebanga de l’état-major de la marine française : "Le premier point de passage, c’est entre la Mauritanie, le Sénégal et les Canaries, en Atlantique. Une fois qu’on passe en Méditerranée, le détroit de Gibraltar ; plus à l’est l’île de Lampedusa qui est un peu la tête de pont de l’Europe par rapport à la Tunisie et la Libye ; et ensuite autour de Chypre... Il y a un certain nombre ‘d’autoroutes de migration’, parce que ce sont les points de passage les plus simples".
Chaque année, la France mobilise pendant un ou deux mois l’un de ses navires ou de ses avions de patrouille maritime. Ainsi, de mi-septembre à mi-octobre, la marine nationale a patrouillé au sud de l’Espagne pour le compte de l’agence Frontex et a sauvé une douzaine de migrants entassés sur un bateau pneumatique.
"Le patrouilleur de surveillance océanique L’Adroit a opéré conjointement avec la Guardia civil espagnole au large du détroit de Gibraltar. Et au cours de sa patrouille, a détecté un certain nombre de petites embarcations pneumatiques. Donc ces braves gens ont été ramenés à leur point de départ et remis aux autorités algériennes", raconte Philippe Ebanga.
Obligation d'assistance
Mais au-delà de la zone des 12 milles nautiques (22 224 mètres, qui correspond aux eaux territoriales NDLR), rien n’oblige un bateau civil ou militaire à venir porter assistance à des migrants, s’ils ne sont pas en danger immédiat.
"En mer internationale, la seule obligation qui nous est donnée à nous, commandants de bateaux, c’est de porter assistance aux naufragés".
Une assistance qui peut revêtir plusieurs formes. "De la récupération à bord à la reconduite au point de départ pour leur éviter une mort certaine, à la fourniture d’eau ou de nourriture pour leur permettre de continuer à naviguer", précise encore le capitaine de vaisseau.
En océan Indien, à Mayotte, les interceptions sont quotidiennes. Dix à 12 000 personnes en situation irrégulière sont récupérées chaque année par la marine ou la gendarmerie maritime.(Rfi)