Le remodelage de certaines structures de l’armée, notamment le rattachement de certaines directions du Département du Renseignements et de la Sécurité (DRS) à l’état-major de l'armée nationale populaire (ANP) et le limogeage de plusieurs généraux réputés proches du général de corps d'armée Mohamed Médiène dit Toufik , patron de ce département, a été dicté par les les services américains et britanniques qui ont voulu un tel nettoyage dans les rangs de l’armée.
Ce sont les propos de Hocine Malti, ancien vice-président de la Sonatrach, consultant, et auteur de "Histoire secrète du pétrole algérien" qui s'exprimait, mardi, dans un entretien paru sur les colonnes du quotidien national Liberté. Il a expliqué que "l’attaque de Saâdani contre Toufik a poussé ce dernier à réagir par le biais de trois personnages qui ont couru à son secours : le général à la retraite Hocine Benhadid qui s’est attaqué au chef de l’état-major, Aboud Hichem qui a descendu en flammes Saïd Bouteflika et le Dr Chafik Mesbah qui a tenté de blanchir le DRS, allant jusqu’à lui trouver une volonté d’instaurer une société démocratique. Parallèlement, le DRS a maintenu la pression sur le chef de l’État au sujet d’un éventuel soutien pour un 4emandat. Ce qui a fait que, miracle à l’algérienne, les affrontements ont cessé et, quelque temps après, Bouteflika a annoncé sa candidature à sa propre succession".
A la question si la la candidature du président de la République pour sa propre succession à l’occasion du scrutin présidentiel du 17 avril a été le résultat d’un consensus au sommet de l’État, Malti soutient que "la fracture au sein de l’armée est profonde et le cessez-le-feu n’est que temporaire. Ma conviction est que les affrontements vont reprendre à l’occasion notamment de la désignation du vice-président, après l’amendement de la Constitution".
Comme il prédit que "l’alternative tout aussi détestable qui nous attend est que les deux clans s’entendent sur un partage du pouvoir et de la rente afin de faire perdurer le système en place depuis 1962. Il faut espérer que ce qui nous attend ne sera pas une nouvelle guerre civile. Car, de mon point de vue, un affrontement entre les deux clans de l’armée présenterait les prémices d’une situation à la libyenne ou à la syrienne".
Revenant sur l’éventualité d'un 4e mandat de Bouteflika, Hocine Malti affirme que "pour le moment, avec le 4emandat, l’Algérie est repartie pour une nouvelle période de glaciation à la Brejnev ; période qui, pour 4 ou 5 ans, selon la volonté divine, sera dirigée par un homme incapable de parler, incapable de se mouvoir, incapable de voyager, incapable de participer à des forums internationaux".
Abordant le dossier de la corruption notamment sa lettre d'interpellation de Toufik au sujet de l’affaire Sonatrach II, il soutient que "la justice algérienne n’a pas avancé d’un iota. Si les Italiens et les Canadiens n’avaient pas dévoilé en 2013 certaines magouilles et cité des personnes, dont notamment Chakib Khelil et Farid Bedjaoui, on n’en aurait rien su. Je suis convaincu qu’il n’y a rien à attendre de la justice algérienne qui va s’arranger pour étouffer toutes ces affaires d’une manière ou d’une autre". Pour lui la raison de cet état de fait est qu'"autrefois, c’était le général Larbi Belkheïr qui était le parrain en chef pour tous ces gros contrats, pour les très grosses commissions. Aujourd’hui, c’est Saïd Bouteflika qui est le chef d’orchestre de la grande corruption".