La Syrie promettait d'être l'objet de discussions à tout le moins difficiles entre David Cameron et Vladimir Poutine, en visite ce jeudi au Royaume-Uni pour la première fois depuis sept ans afin d'assister à des finales olympiques de judo, son sport de prédilection.
Alors que les combats entre insurgés et forces gouvernementales font rage à Alep, la deuxième ville syrienne, le Premier ministre britannique devrait une nouvelle fois tenter d'infléchir la position du président russe lors d'un entretien à Downing Street.
Alliée de longue date de Damas, la Russie a bloqué à trois reprises des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU menaçant la Syrie de sanctions et d'intervention militaire. Moscou a aussi continué à livrer des armes à la Syrie, engagée dans une lutte sans merci contre une rébellion armée depuis mars 2011.
«Nous nous attendons à avoir une nouvelle opportunité (...) d'expliquer à la partie britannique notre position cohérente, très claire et transparente», a déclaré mercredi un porte-parole du Kremlin.
Perspectives de coopération économique et énergétique
Le président russe entend mettre à profit cette visite pour évoquer les perspectives de coopération économique et énergétique. Et satisfaire à son amour du judo (il est ceinture noire) en assistant à des finales olympiques en compagnie de David Cameron.
Ce dernier espère que cet intermède sportif lui permettra de conclure quelques grands contrats. «Ma priorité majeure est de conclure ces contrats» et «non de me concentrer sur ce qui se passera sur le tatami», a-t-il expliqué récemment.
Lors de sa visite à Moscou fin 2011, il était reparti avec plus de 300 millions de livres (384 millions d'euros) de contrats. Après la victoire de Vladimir Poutine à la présidentielle en mars, il l'avait appelé pour lui dire qu'il avait «hâte» de travailler avec lui pour «surmonter les obstacles dans les relations entre les deux pays et bâtir des liens politiques et commerciaux plus forts».
Depuis le meurtre en 2006 à Londres de l'ex-agent russe Alexandre Litvinenko, très critique envers Moscou, les rapports russo-britanniques ont été tumultueux.
Droits de l'Homme
La question des droits de l'Homme a alimenté la controverse. De même que les déboires en Russie du groupe BP, qui lorgnait sur les immenses réserves d'hydrocarbures de l'Arctique.
Le géant pétrolier a ainsi renoncé dernièrement à participer à la construction d'une conduite sur le gazoduc Nord Stream allant jusqu'en Grande-Bretagne, en raison de tensions avec ses partenaires russes au sein de la coentreprise TNK-BP, dont le Britannique cherche aujourd'hui à se désengager. Nord Stream relie la Russie à l'Allemagne.
Vladimir Poutine ne pourra pas «éviter de discuter des questions difficiles», soulignait ce jeudi le quotidien économique russe Vedomosti. Une référence à la Syrie, mais aussi à la lettre ouverte de deux ex-chefs de la diplomatie britanniques, David Miliband et Malcolm Rifkind, qui demandent la libération «des prisonniers politiques» en Russie, dont les membres du groupe punk Pussy Riot. (AFP)