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Gouvernement et protestataires du Sud évoluent sur deux parallèles

13-04-2013 17:44  Rafik Benasseur

Au fil des mouvements de protestation au sud du pays, on a la nette impression que le gouvernement et les «marcheurs» évoluent sur deux parallèles qui ont du mal à se rencontrer.

Les choses pourrissent chaque jour un peu plus sans que les autorités ne réussissent à trouver la bonne formule pour rassurer nos jeunes compatriotes de Ouargla, Ghardaïa et Illizi que l’Etat est déterminé à s’occuper d’eux. La récurrence des marches de protestations émaillées quelques fois de heurts voire de corps a corps entre manifestants et forces anti émeutes, prouve en l’occurrence que le gouvernement n’a visiblement rien compris à la situation.

Depuis le déplacement du premier ministre, pas grand-chose de concret n’a été proposé à ces jeunes désœuvrés qui réclament légitimement une part de développement pour leurs villes mais surtout pour eux même. Le ballet des ministres dans les différentes wilayas du sud ponctués par des rencontres avec des «sociétés civiles» triées sur le volet, n’était finalement qu’un effet d’annonce d’une démarche improvisée destiné uniquement à absorber la colère et reporter la protestation…

Le fait est que, les jeunes de Ouargla sous la houlette de l’infatigable Tahar Belabes, sont revenus à la charge. Ils ont réinvesti la rue pour crier leur ire de ce que le gouvernement les a floué par des belles promesses dont ils ne perçoivent pas encore la substance.

Mise à part la propagande et la rhétorique patriotarde servie à grands décibels sur les médias publics notamment la télévision, les algériens du sud tout comme ceux du nord d’ailleurs n’ont pas l’impression que le gouvernement a pris à bras le corps les préoccupations exprimées.

Mieux encore (ou pis), un certain discours insidieux tend à montrer du doigt les protestataires.

 La gestion par la manip

A travers certains relais connus du paysage politique pour leur accointances avec la périphérie du régime, certaines voix tentent de jeter le discrédit sur les jeunes sortis dans la rue.

Et dans cet exercice, la patronne du parti des travailleurs Louiza Hanoune aura sans doute ravi la vedette à tous ceux qui critiquent la démarche de Tahar Belabas et ses troupes.

Après avoir lourdement chargé Ahmed Benbitour et Soufiane Djilali, coupables d’après elle, de souffler sur la braise du sud, elle est allée jusqu’ à soupçonner les marcheurs d’obéir à un agenda extérieur, celui du Qatar et du NDI !

 Retour forcé à la rue

Ce genre d’affirmation est déjà en soi une grossière manipulation et une insulte à l’intelligence de nos compatriotes du sud qui seraient incapables de bouger par eux-mêmes.

Mais si dans la bouche de la responsable du PT ces propos ne sont guère étonnants, çà l’est moins chez les officiels.

Coller cette étiquette de «suppôt de l’étranger» comme une étoile de David à chaque citoyen qui crie contre la hogra, n’est certainement la bonne recette à l’heure des réseaux sociaux.

Tout se passe comme si tous les algériens qui «gueulent» devraient d’abord montrer patte blanche ; une sorte de quitus en vertu duquel ils doivent prouver qu’ils ne sont pas téléguidés de l’extérieur comme des marionnettes !

La rhétorique officielle est hélas encore à ce niveau d’analyse. Le gouvernement a vraiment perdu non pas le nord mais le sud en l’occurrence.

«Le peuple doit faire confiance à l’Etat. Nous devons nous faire mutuellement confiance si l’on aspire à aller de l’avant », affirmait Abdelmalek Sella jeudi dernier à Oran.

Oui, mais comment faire confiance à cet Etat quand ce dernier ne trouve pas les voies et moyens idoines pour solutionner rapidement cette situation ? Voilà la vraie question à laquelle le gouvernement doit répondre.

Quand aux «conneries» qu’on tente de coller injustement aux manifestants du sud ; à savoir qu’il seraient manipulés par Al-Qaida, le Qatar ou que sais-je encore, les jeunes de Ghardaïa et de Ouargla ont répondu à l’unisson : foutaises !

 

 



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