Incontestablement, la persistance voire la montée inexorable de la tension à Ghardaïa, marquée, hélas, par la mort d'au moins trois personnes ce week-end, signe un échec recommencé du gouvernement. Il y a tout lieu de craindre le pire dans cette région en proie à des affrontements à forts relents ethnico-confessionnels entre <<Mozabites et arabes>>.
Pour cause, ces corps à corps meurtriers durent depuis plus de quatre mois sans que le gouvernement ne réussisse à faire la paix entre les deux communautés. Le fameux repas suivi d'une prière du Premier ministre Abdelmalek Sellal avec les responsables des deux communautés n'a finalement rien donné.
A trop vouloir réduire l'ampleur des tragiques événements à de simples faits divers, les pouvoirs publics ont, sans le vouloir, attisé le feu. La reprise des affrontements très violents ponctués par des décès et des dizaines de blessés, est une preuve si besoin est de la faillite de l’État face à une tension qui monte crescendo.
Le déplacement de Sellal à la fin de l'année dernière s'est avéré être un cautère sur une jambe de bois. Faut-il attendre que la situation dégénère dangereusement pour que les pouvoirs publics prennent enfin conscience qu'il y a péril en la demeure à Ghardaïa ?
Joie à la coupole, larmes à Ghardaïa
En effet, pendant que Sellal haranguait samedi des milliers de jeunes venus faire la claque à Bouteflika à la coupole du 5 juillet, ses compatriotes à Ghardaïa s'affrontaient rageusement à coups de pierres et autres objets dangereux. Cela donne cette image contrastée d'une Algérie à deux visages : l'une, joyeuse et libre (celle de la coupole) et l'autre, triste et blessée (celle de Ghardaïa) qui s'interroge sur son avenir...
"Stabilité", où est -elle ?
Il est ainsi difficile pour Sellal et ses compagnons de faire avaler aux algériens notamment ceux de Ghardaïa la "stabilité" comme carburant du quatrième mandat. Où est donc cette stabilité que ce gouvernement n'a même pas réussi à installer chez nous en Algérie ? Il serait pour le moins malvenu d'agiter une nouvelle fois l'argument éculé de la "main de l'étranger" pour justifier la panne d'imagination qui frappe le gouvernement incapable de réconcilier des citoyens d'une même ville.
Ce n'est pas non plus avec des contingents de force anti émeutes qu'on pourrait mettre fin à un conflit aussi dangereux. Encore moins par de belles formules patriotardes comme on a habitude d'entendre au JT de 20h de l'unique. Non, ce qui se passe à Ghardaïa est gravissime. Et il serait suicidaire de le prendre pour un fait divers qu'il faudrait mettre de côté pour ne pas polluer la campagne électorale. Espérons que le Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi puisse trouver les mots qu'il faut et prendre les décisions qui s'imposent pour éviter au pays une dérive.