Le 15ème Sommet des pays ayant en partage la langue française, ou plus prosaïquement l’organisation internationale de la francophonie (OIF) qui se tient depuis aujourd’hui à Dakar (Sénégal) sera-t-il le prélude à une adhésion pure simple de l’Algérie ?
La question, aussi prématurée qu’elle puisse paraître n’en est pas moins d’actualité. D'autant que le plus grand pays francophone au monde après la France, l’Algérie n’a strictement rien à perdre et peut être quelque chose à gagner en rejoignant ce regroupement géopolitique qui s’étale désormais sur trois continents.
Le fait est que la présidence de l’organisation ait échu cette fois à l’ex gouverneur du Canada Michaëla Jean.
S’il est vrai que les rapports avec la France sont souvent empreints de délicatesse et de sensibilité compte tenu de son passé mais surtout son passif colonial en Algérie, cette adhésion mérite tout de même d’être examinée à l’aune de ce que notre pays pourrait en tirer.
L’un des premiers fournisseurs de l’Algérie et également son premier client, la France reste historiquement et géographiquement et désormais économiquement très proche.
Quant à la dimension culturelle il n’est même pas besoin de la souligner tant la langue française se porte mieux en Algérie que dans certaines régions de l’Hexagone…
C’est un peu la quintessence du message transmis par le ministre des affaires étrangères Ramtane Lamamra qui représente l’Algérie à ce sommet.
Lamara tacle Sarkozy et cite Kateb Yacine
Lamamra a même convoqué feu Kateb Yacine pour décrire le rapport des algériens à la langue française.
«pour les Algériens, ainsi que l'exprime l'immortelle formule du grand écrivain Kateb Yacine, la langue française constitue un «butin de guerre», vécue comme extérieure certes, mais en même temps acceptée comme nécessaire pour la part de lumière qu'elle peut projeter sur notre espace de rapprochement et de découverte mutuelle», a-t-il déclaré..
Et d’ajouter que «Si une part de notre culture s'est brillamment exprimée dans la langue française, c'est d'abord parce que celle-ci a été un instrument efficace de résistance et de lutte pour imposer notre identité et la reconnaissance de cette même identité ainsi que l'histoire en a finalement pris acte» a ajouté le ministre.
L’ex gouverneur du Canada aux manettes
Sur un autre plan, Ramtane Lamamra a taclé l’ex président Sarkozy en tressant des lauriers à l’Afrique «berceau de l’humanité» et louant «son apport à l'histoire et à la civilisation universelle ont trop longtemps été injustement méconnus ou délibérément ignorés».
Et au-delà de ce discours, le MAE algérien en a profité pour faire son job de diplomate, en ayant une intense activité. Il a notamment rencontré les présidents français, François Hollande, du Tchad, Idriss Deby Itno, du Benin, du Sénégal Macky Sall, Yaya Boni et le Président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz. Il a en outre échangé avec ses homologues africains dont ceux du Rwanda et du Togo ainsi qu'avec le Premier Ministre de Djibouti.
Il faut rappeler que ce 15ème sommet est placé sous le thème «Femmes et jeunes et francophonie: vecteurs de paix, acteurs de développement», enregistre la participation de cinquante sept (57) chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'OIF. Michaëla Jean a succédé aujourd’hui au secrétariat général de l'organisation à M. Abdou Diouf, ancien président du Sénégal ayant accompli trois mandats à la tête de l'OIF.