Près de 7% des militaires français ayant combattu en Afghanistan souffriraient d'un trouble psychologique, selon les résultats partiels d'une étude, communiqués lundi lors d'un séminaire organisé à Paris par le Service de santé des armées (SSA).
L'étude en question a porté sur trois régiments de l'armée de Terre, déployés au cours de trois années consécutives et au sein desquels "6 à 7% des personnes présentent un trouble psychologique", a précisé Jean-Paul Boutin, directeur adjoint du SSA.
Ce taux a été calculé à partir d'un questionnaire à choix multiples, qui propose aux militaires de noter de 1 à 5 la fréquence de 17 "problèmes et symptômes" survenant couramment "à la suite d'un épisode de vie stressant".
Des "simulations" avaient pourtant montré que "la proportion moyenne de militaires nécessitant un suivi spécialisé pourrait atteindre 15%", selon un extrait du plan d'action "troubles psychiques post-traumatiques dans les armées" révélé par France-3 dans un documentaire qui sera diffusé mercredi soir.
"Ce taux de 15% pouvait être un maximum (...) Le nombre de personnes que nous aurons à prendre en charge ne cessera d'augmenter année après année", a-t-il expliqué.
Les plus affectés sont les soldats blessés au combat, qui présentent "un état de stress aigu" dans 70% des cas lors de leur rapatriement en métropole, a indiqué Franck de Montleau, médecin chef du service psychiatrique de l'hôpital Percy, à Clamart (Hauts-de-Seine).Déjà 1.100 invalides de guerres indemnisés
Les forces combattantes ne sont pas pour autant les plus vulnérables. "Les personnels dans l'action, les 'chasseurs', semblent relativement plus protégés que les personnels logistiques qui ont le sentiment d'être chassés et qui, quand ils sont sur la route, ne savent ni d'où ni quand peut venir le danger", a ajouté Jean-Paul Boutin.
A ce jour, environ 550 militaires souffrent d'un état de stress post-traumatique (ESPT) reconnu, la plupart provenant d'unités combattantes, a souligné Humbert Boisseaux, médecin chef du service de psychiatrie de l'hôpital du Val-de-Grâce, à Paris.
Le nombre de soldats indemnisés pour des blessures de guerre psychiques est cependant plus important: environ 1.100 demandes ont été acceptées ces dix dernières années, sur 1.600 dossiers déposés. Le taux moyen d'invalidité est compris dans la plupart de cas entre 10% et 30%. Parmi les quelque 150 demandes validées depuis deux ans, 80 concernent des anciens d'Afghanistan.
L'ampleur du phénomène pourrait être bien supérieure, à la mesure des 20.000 militaires passés par le "sas de fin de mission" installé à Chypre depuis juin 2009 (voir encadré).
"Il faut encourager la parole de ces patients pour les remettre dans un parcours de soins approprié", a conclu Jean-Paul Boutin.(Sipa)