Le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesslam Bouchouareb, coprésidera demain mardi en compagnie du ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Laurent Fabius, la réunion d’évaluation d’étapes du Comité mixte économique algéro-français (Comefa), à l’hôtel El-Aurassi, à Alger.
Quelques jours après la célébration du 70ème anniversaire des massacres du 8 mai 1945, cette rencontre se décline comme un message subliminal de passer à autre chose…
La France officielle qui manque de courage pour assumer son passé colonial et reconnaître ses crimes tente, avec beaucoup de succès devons-nous reconnaître, de confiner la question de la mémoire au niveau presque anecdotique.
Il est vrai que les autorités algériennes ont tendance ces dernières années à ne pas en faire leur cheval de bataille dans leur relations avec l’ancienne puissance coloniale.
Du coup, la France gère le contentieux par doses homéopathiques via des déclarations bien ciselées de ses officiels qui condamnent le système colonial sans jamais franchir le pas des excuses.
La guerre des mémoires ayant gravement pollué les rapports entre les deux pays ces dix dernières années, le constat des deux côtés est désormais de voir ce qui rassemble et non plus ce qui divise.
Les responsables de l’Hexagone rappellent à chaque occasion à leurs homologues algériens qu’il faut «regarder vers l’avenir».
Exit les sujets qui fâchent
Oui, mais faut-il pour autant déchirer cette page sombre du passé colonial au nom d’une Realpolitik où l’argent s’avère être le nerf de la guerre ?
Il faut reconnaître en tout cas que la France sous Hollande a réussi à enterrer la hache de guerre avec l’Algérie grâce à une communication subtile et intelligente enrobée dans quelques déclarations sentimentale envers l’Algérie.
En l’occurrence, le déplacement du ministre français délégué aux anciens combattant à Sétif pour honorer la mémoire des 45.000 martyrs a été bien salué en Algérie.
Bien qu’il ait évité de marquer sa présence à la date symbolique du 8 mai, Jean Marc Todeschini a quant même marqué le coup.
Le ton et le temps des affaires
Il faut dire que cette politique des petits pas de la France impulsée par le président Hollande arrange tout le monde.
Elle permet au pouvoir algérien de les utiliser comme une preuve du changement de ton de la France à l’égard de la guerre d’Algérie, et à l’Elysée de tirer un retour sur investissement sous forme de contrats aux entreprises françaises.
Pour cause, l’axe Alger- Paris n’a jamais été aussi fluide que ces deux dernières années. Et demain les deux gouvernement vont justement faire le point sur «les politiques économiques et industrielles des deux pays, l’avancement des projets de partenariat industriel et productif… ».
Cette rencontre de haut niveau à Alger fait suite à la deuxième session du Comité intergouvernemental de haut niveau qui s’est tenue le 4 décembre 2014 à Paris, sous la coprésidence des Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Manuel Valls.
Elle devrait servir à «encourager la coopération et les actions favorisant les contacts entre les PME des deux pays» selon le communiqué officiel.
On y apprend aussi qu’en marge de cette réunion plusieurs accords institutionnels et économiques de partenariat entre les deux pays seront signés.