Indigne ! C’est le qualificatif qui sied le mieux à la situation que vit le Front de libération nationale (FLN). Ce parti symbole de toute l’Algérie est pris en otage dans une bataille de chiffonniers. Ses cadres se disputent la paternité pour en faire un tremplin vers les cimes du pouvoir. Après huit long mois d’une opération mise en veille programmée, l’appareil qui obéi à toutes les règles sauf celles du fonctionnement normal d’un parti politique, est subitement entré dans une zone de turbulence.
Le FLN qui a sombré dans un coma juste après l’évacuation du président de la république et néanmoins son «candidat naturel» à la présidentielle d’avril prochain, au Val de Grâce, se réveille comme par enchantement à son retour au pays. Deux clans au sein du Comité central s’affrontent autour de la convocation d’une réunion devant élire le successeur à Abdelaziz Belkhadem victime in extremis d’un coup d’état organique.
Le premier est mené par le coordonnateur du bureau politique du parti, Abderrahmane Belayat, qui rechigne à convoquer cette fameuse réunion élective du CC prolongeant ainsi la crise. L’autre camp est dirigé précisément par l’ex président de l’APN, Amar Saadani, qui n’a jamais caché son envie de prendre le contrôle du parti. Il compte pour ce faire sur le président du bureau de la 6eme session du Comité central resté ouverte, Ahmed Boumahdi qui dirige un front anti Belayat.
Bataille de basse-cour
Si jusque là ce dernier à tenu bon face à l’agitation de ses contempteurs, il risque de céder cette fois. Pour cause, le ministère de l’intérieur a décidé contre toute attente d’accorder une autorisation pour la tenue de la 7ème session du CC le 29 de ce mois. Une décision qui a été interprétée comme un coup de pouce de l’administration au clan d’Amar Saadani. Belayat a tôt fait de déclarer que la demande faite pour la tenue de la réunion du CC était «illégale», arguant du fait que «seul le coordonnateur du bureau politique est habilité à convoquer cette réunion conformément à l'article 9 de son règlement intérieur». Daho Ould Kablia a, de son côté, décrété la tenue de ce CC «légalement fondée». Le train est donc parti pour une réunion du Comité central devant déboucher sur l’élection d’un nouveau secrétaire général. Mais le clan Belayat ne s’avoue pas vaincu. Il consent à convoquer cette réunion CC et élire son secrétaire général pour le 29 août mais à l’hôtel Al Riadh au lieu de l’hôtel Al Aurassi comme prévu dans l'autorisation légale détenue par Boumahdi. Et vogue la galère du FLN…
Au musée ç’aurait été mieux…
Au-delà de la guerre de positions que cette situation induirait à l’approche de la présidentielle dans un parti où tous les candidats possibles disposent de soutiens, se pose la question du crédit qui reste à ce parti trainé dans la boue politique par ses animateurs qui font peu cas de son histoire et sa charge symbolique. C’est assurément un très mauvais cadeau d’anniversaire pour fêter le cinquantenaire de l’indépendance. Il est à redouter les contrecoups de cette affaire dés lors qu’il s’agit tout de même de la première force politique du pays. Il aurait sans doute été plus judicieux et moins coûteux pour son image et héritage d’envoyer le FLN au musée au lieu de le trainer comme çà dans la boue des appétits de pouvoirs de ceux qui prétendent vouloir servir le pays. Le FLN risque cette fois de ne pas survivre à ce coups tordu fomenté dans ses murs…