L’activité diplomatique sur le dossier syrien est intense en cette fin d’année à Moscou. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s’apprête à recevoir samedi l’émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi. La rencontre est précédée d’entretiens en cette fin de semaine avec des délégations syrienne et égyptienne.
La diplomatie russe a mis les choses au point avant cette série d’entretiens. "Les principes sur lesquels nous construirons notre politique restent inchangés", a précisé le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Alexandre Loukachévitch au cours de son point presse hebdomadaire.
Pas question donc pour la Russie de renoncer à sa ligne de conduite en plaidant, par exemple, en faveur d’un départ de Bachar el-Assad ou en soutenant des actions qui ouvriraient la voie à une intervention étrangère en Syrie.
Moscou continue de plaider en faveur d’un règlement politique et diplomatique de la crise, en insistant sur la nécessité d’œuvrer à l’instauration d’un "dialogue national complet", tel que le prévoit le plan adopté le 30 juin 2012 à Genève par le Groupe d'action sur la Syrie.
Inquiétude russe
La Russie observe avec inquiétude le développement des événements en Syrie. Au début du mois, le vice-ministre russe des Affaires étrangères chargé du dossier syrien Mikhail Bogdanov avait fait le constat que le régime syrien perdait "de plus en plus" le contrôle du pays et qu'une victoire de l'opposition dans ce conflit n'était "malheureusement pas à exclure".
Depuis le début de la crise syrienne, Moscou a régulièrement reçu des représentants du pouvoir syrien et de l’opposition (essentiellement celle tolérée par le régime de Damas).
Hier, Sergueï Lavrov a fait le point avec le vice-ministre syrien des Affaires étrangères. Selon le communiqué de la diplomatie russe, Faisal Muqdad a raconté en détails à son hôte quelle était la situation dans son pays, lui a fait part des derniers développements et du contenu des discussions avec l’envoyé spécial de l’ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi, dépêché à Damas en début de semaine.
De son côté, le chef de la diplomatie russe a répété qu’il n’y avait pas d’alternative à un règlement pacifique de la crise syrienne.
"Les chances d’un règlement de la crise syrienne en accord avec le plan de Genève s’amenuisent […] mais elles existent encore, et c’est pour elles qu’il faut se battre", a reconnu Sergueï Lavrov à l’issue de son entretien avec le diplomate syrien et à la veille d’une rencontre avec son homologue égyptien.
Pas de plan
Cette intense activité diplomatique se déroule sur fond de rumeurs d’un accord russo-américain sur la constitution d'un gouvernement de transition, qui prévoirait le maintien du président Bachar el-Assad jusqu'au terme de son mandat en 2014, mais ne lui offrirait pas la possibilité de se représenter.
Le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a démenti l’existence d’un quelconque accord russo-américain. "Il n'y a pas eu et il n'y a pas de tel plan, et il ne fait pas l'objet de discussions", a expliqué Alexandre Loukachévitch.
"Avec Monsieur Brahimi, avec nos collègues américains, nous nous efforçons de trouver une issue à cette situation, en nous fondant sur notre plan d’action commun qui a été décidé à Genève le 30 juin dernier.Le but qui avait été fixé était l’arrêt rapide de la violence", a poursuivi le porte-parole de la diplomatie russe, tout en soulignant que "nos collègues américains et certains autres qui avaient donné leur accord au document de Genève ont pris un virage à 180 degrés en soutenant l'opposition sans entretenir aucun dialogue avec le gouvernement syrien.
Il faut bien comprendre que la responsabilité de la poursuite du bain de sang incombe à ceux qui adoptent une telle position".
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov répètera sans nul doute ce discours à son homologue égyptien Mohamed Amr ce vendredi, puis le lendemain à l’émissaire international Lakhdar Brahimi. Ce dernier a été invité à Moscou à sa demande, a précisé la diplomatie russe.(Rfi)