Farouk Ksentini, en bon avocat, a défendu vendredi le droit du président Bouteflika à briguer un quatrième mandat, tout en chargeant l’opposition qui lui conteste ce droit. Pour lui, une telle opposition est un "acte antidémocratique" car la Constitution le lui permet. S'exprimant au forum du quotidien "DK News", Me Ksentini a indiqué que "l'opposition a le droit d'exister, certes, mais il n'y a aucune raison pour qu'elle interdise ou empêcher le Président Bouteflika de se présenter à l'élection présidentielle du 17 avril 2014".
De quel droit refuse-t-on la candidature du Président Bouteflika à un 4ème mandat alors que la Constitution le lui permet?", s’est interrogé à juste titre le président de la commission consultative de promotion des droits de l’homme. Mais ce que l’avocat ne dit pas c’est que l’opposition ne conteste pas ce quatrième mandat pour des raisons politiques, mais pour des raisons de santé, sachant que le président Bouteflika souffre de graves séquelles physiques fonctionnelles et neurologiques, suite à son AVC du 27 avril 2013.
Et par rapport à l’aspect médical de la question, l’avocat estime que "nul n'a le droit de s'occuper de la santé du président plus que son équipe médicale et le Conseil constitutionnel". Pour Ksentini, l'opposition devrait, plutôt, défendre le programme et les idées qu'elle propose au lieu de "se figer sur la seule question, qui est celle de la santé du président de la République", ajoutant que ce sujet relevait des prérogatives du Conseil constitutionnel, une fois qu'il réceptionnera son dossier médical.
Maitre Ksentini a raison d’avoir ce genre de critiques à l’égard de l’opposition, mais cette dernière aussi ne saurait se taire devant le manque d'informations sur un homme qui vient de subir une grave pathologie tel l'accident vasculaire cérébral (AVC). Me Ksentini a aussi exprimé son étonnement de constater que des hommes politiques "n'abordent presque jamais, dans leurs débats, les vrais problèmes de la société algérienne".
Il a précisé, à ce propos, qu'"il faut laisser les institutions concernées jouer leur rôle et accomplir leur travail sans devancer les événements", relevant, par ailleurs, que l'interdiction de sit-in pour protester contre un 4ème mandat "ne représentait pas une atteinte aux libertés, notamment, à Alger qui revêt un statut spécial en termes de rassemblements".
Par ailleurs, en réaction aux récentes déclarations de l'ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, Me Ksentini a indiqué qu'il respectait sa décision de ne pas se présenter à l'élection présidentielle, estimant toutefois que la candidature de cette personnalité politique "aurait été un plus pour la démocratie et la crédibilité des élections".