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Fallouja la rebelle applaudit le départ d'Irak de l'armée américaine

15-12-2011 20:49  Contribution

Bombardés, humiliés puis coupés du reste de l'Irak: les habitants de Fallouja ont payé le prix fort des deux formidables batailles qui ont opposé en 2004 l'armée américaine aux insurgés sunnites, et sont impatients de voir l'"occupant" quitter leur pays.

Si cette ville d'un demi-million d'âmes à 60 km à l'ouest de Bagdad s'est en partie rebâtie, elle reste profondément marquée par la double offensive menée contre elle en avril et novembre 2004, dont la violence inouïe lui a valu une place à part dans la saga de la guerre d'Irak.

La première attaque américaine, qui visait à mater l'insurrection sunnite, fut un échec et la ville se transforma rapidement en un fief d'Al-Qaïda et de ses alliés qui y imposèrent leur loi.

La deuxième bataille fit quelque 2.000 morts civils et 140 chez les Américains. Elle impliqua 15.000 GI's et est considérée comme la plus dure qu'ils aient eu à mener depuis la guerre du Vietnam.

Les habitants en gardent d'ailleurs une pointe de fierté: "C'est vrai que nous avons subi beaucoup de pertes mais nous leur avons donné une leçon qu'ils n'oublieront jamais. Ils pourront dire à leurs petits-enfants qu'il y avait de grands combattants à Fallouja", confie sous couvert de l'anonymat un homme en habit traditionnel qui dit y avoir pris part.

Fallouja connut des manifestations anti-américaines dès mai 2003, alors que le reste du pays était encore sonné par l'invasion. Les habitants se contentaient alors de jeter leurs chaussures sur les soldats.

Mais en mars 2004, quatre employés américains de la compagnie de sécurité Blackwater furent tués à Fallouja. Les images de leurs corps mutilés accrochés à un pont firent le tour du monde, précipitant la première offensive.

Sept ans plus tard, les traces de la guerre sont encore bien visibles: un imposant bâtiment gît effondré face à ce même pont. Derrière courent les ruelles boueuses d'un souk délabré, aux murs encore criblés d'impacts. C'est là que Mohammad Ouidaa, tailleur de 53 ans, a son modeste atelier.

"L'Amérique a détruit Fallouja. Leur présence a été une malédiction", accuse-t-il. "Nous vivions bien, mais à cause d'eux notre situation maintenant est misérable", dit-il en désignant un large trou dans le plafond.

"Ce sera un jour de joie pour les Irakiens lorsque tous les Américains sans exception quitteront l'Irak. Nous ne leur pardonnerons jamais le mal qu'ils ont causé", lance de son côté Khaled Zedane Khalaf, professeur d'école de 61 ans.

"Aucune ville irakienne n'a autant souffert de l'occupation que Fallouja. Aucune bataille en Irak n'est comparable à celles de Fallouja", souligne Hamid Ahmed el-Hachim, le chef de la municipalité.

Le calme revenu, la reconstruction a commencé avec l'appui des Etats-Unis, du gouvernement irakien et d'organisations internationales, explique-t-il. "Des ponts, le plus grand hôpital d'Irak, des réseaux d'eau et d'égouts ont été établis". La situation est "très différente" aujourd'hui de ce qu'elle était "après la deuxième bataille", souligne-t-il.

Mais l'aide des Etats-Unis n'a pas effacé la rancoeur: ils sont accusés d'avoir contaminé la population avec des armes à l'uranium appauvri, de l'avoir séquestrée en interdisant des années durant l'accès de la ville aux non-résidents, et d'avoir ravagé l'économie locale.

Hamid Abed Ali, professeur d'histoire de 42 ans, se dit certain que Washington, par vengeance, ne "laissera jamais Fallouja vivre en paix". Il voudrait voir "les dirigeants américains traînés devant les tribunaux internationaux et punis pour les crimes commis en Irak".

Mais nombreux sont aussi ceux qui redoutent de voir le pays tomber désormais sous la coupe de l'Iran chiite, avec à la clé de possibles persécutions pour les musulmans sunnites qu'ils sont. "Les Américains nous laissent à une autre occupation, celle des Iraniens. Nous changeons (seulement) d'occupant", se plaint M. Hachim.

Par AFP

 



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