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Face aux nouvelles mutations mondiales, quels impacts de la réunion informelle de l’OPEP à Alger ?

15-09-2016 14:07  Contribution

Les pays de l’OPEP doivent se réunir en informel à Alger les 26/27 septembre 2016 au moment où le cours du pétrole est à un niveau relativement bas coté le 15 septembre 2016 en fin de journée à 46,05 dollars pour le Brent et 43,53 dollars pour le Wit avec un cours de 1,1230 dollar un euro. Ceux qui prédisent un cours élevé horizon 2020 font une erreur stratégique, raisonnant sur un modèle de consommation énergétique linéaire qui est du passé, les grands groupes investissant d’ores et déjà dans recherche/ développement dans les énergies du futur Ce sont les mêmes sois disant experts, qui avaient prédit un cours à 70/80 dollars courant 2016, induisant en erreur l’opinion publique et le gouvernement. Cette présente contribution est la suite de celle parue sur le site www.algerie1.com intitulée « réunion informelle de l’OPEP à Alger : réfléchir à la transition énergétique » (1)

1.-.L’Opep, composée de l’Algérie, l’Angola, l’Indonésie, l’Iran, l’Iraq, le Koweït, la Lybie, le Nigéria, le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, l’Equateur et le Venezuela, (la réintégration récente de l’Indonésie), bien qu’ayant les plus importantes réserves mondiales de pétrole traditionnel représente seulement un tiers de la production commercialisée mondiale. Les pays membres de l’Opep, ont maintenu leurs quotas de production après l’échec de la réunion OPEP/non OPEP à Doha du fait des tensions Arabie Saoudite/ Iran non présent, dépassant le quota en réalité. Toute baisse de la production des pays non OPEP pour des raisons de rentabilité économique baisse l’offre et en cas d’expansion de la demande agit positivement sur les prix à la hausse et vice versa. Les pays du Golfe, l’Arabie saoudite en tête, ont en effet fait savoir à plusieurs reprises qu’ils n’accepteraient de réduire leur production que si les producteurs extérieurs au cartel, notamment la Russie dont la production a atteint dernièrement un niveau record, s’engageaient également dans cette voie, ce que la plupart des analystes jugent peu probable. Tout au plus l’on devrait s’attendre à un gel en cas d’entente entre d’une part la Russie et l’Arabie Saoudite et d’autre part entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. Le grand problème est le niveau du gel sachant que la Russie et l’Arabie Saoudite ont atteint un niveau de production record entre juin et aout 2016. Le maintien à ce niveau n’influencerait alors en rien le niveau des prix. Mais à l’avenir tout dépendra de croissance de l’économie mondiale, dont le ralentissement des pays émergents, Argentine-Brésil-Inde (la entre ½%), surtout la Chine, 7% de taux de croissance, explique la faiblesse de la demande. Doit être pris en compte du coté de l’offre, l’entrée de nombreux producteurs sur le marché, dont la Libye a pouvant aller jusqu’à 2 millions de barils/jour et du retour de l’Iran . Mais attention au cas de l’Irak avec 3,7 millions de barils/jour (deuxième réservoir mondial à un coût de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) pouvant aller vers plus de 8/9 millions, pouvant aller à plus de 4/5 millions à moyen terme et à terme en cas de stabilisation politique poser plus de problèmes à la discipline de l’OPEP que l’Iran qui veut revenir à son ancien quota de plus de 4 millions de barils jour avant l’embargo . D’ailleurs, avec les nouvelles découvertes dans le monde, notamment en offshore, notamment en Méditerranée orientale (20.000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région) et en Afrique dont le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d’or noir en Afrique, et les nouvelles technologies permettent la réduction des coûts des gisements marginaux. Bien entendu à court terme, le niveau des stocks américains à la hausse ou à la baisse entraine la spéculation des traders au niveau des marchés boursiers ainsi que les cours erratiques dollar/euro, toute hausse ou baisse du dollar vis-à-vis de l’euro entraîne une baisse ou hausse du cours du pétrole, impact entre 10/15%, bien que n’existe pas de corrélation linéaire. Mais c’est surtout l’introduction du gaz/pétrole de schiste américain a bouleversé toute la carte énergique mondiale, les nouvelles technologies ayant réduit substantiellement les coûts de plus de 30/40% ces dernières années contrairement à certaines prévisions, étant passé de 5 millions de barils/jour de pétrole à plus de 10 actuellement qui agit sur l’offre non concerné par la rencontre d’Alger et qui en 2016 est devenu exportateur vers l’Europe(1).

2.-Mais la compréhension de la stratégie énergétique mondiale est en réalité plus complexe, et entre la géostratégie mettant en difficulté la Russie, l’Iran, le Venezuela, et par voie de conséquence, l’Algérie, ces pays étant les maillons faibles de l’OPEP. Selon le FMI, la Russie a besoin d’un baril à 110 dollars pour boucler son budget, le Venezuela de 120( en semi faillite ), l’Iran de 140 et l’Algérie 110/120 dollars 2014/2015, 85/90 dollars pour 2016/2017 (le cours plancher de 37 dollars étant un artifice comptable). Outre les rivalités au niveau de l’OPEP dont certains ne respectent pas les quotas, dont Iran-Arabie saoudite, qui ne veut pas perdre ses parts de marché accroissent l’offre, l’Arabie saoudite (plus de 35% de la production OPEP et 12% de la production mondiale) est le seul pays producteur au monde actuellement qui soit en mesure de peser sur l’offre mondiale, et donc sur les prix, n’existant pas pour des raisons géostratégiques de rivalités avec les USA, mais des rivalités tactiques pour paraphraser les militaires. A terme, le prix d’équilibre sera déterminé fondamentalement par une entente entre l’Arabie saoudite et les USA. L’analyse de l’évolution des prix implique de comprendre les mutations économiques mondiales. Selon les prospectives, (quatrième révolution industrielle mise en relief dans les résolutions 2016 du Wordl Economic Forum ), nous devrions assister à un nouveau modèle de consommation et du pouvoir énergétique au niveau mondial entre 2020/2030, contrairement aux prévisions euphoriques de certains experts algériens qui raisonnent toujours dans le cadre d’un modèle de consommation linéaire. L’Algérie devant d’ores et déjà préparer la transition économique tributaire de la transition énergétique pour éviter un retour au FMI entre 2019/2020. Ce d’autant plus que lors de la dernière réunion Algérie/Union européenne le 24 mai 2016, la majorité des experts européens ont fait savoir à l’Algérie que l’Europe, représentant 65% des exportations algériennes, n’entendait pas reconduire les contrats à terme selon les mêmes modalités, étant encore un des rares pays à pratiquer cette formule, qui expirent dans leur majorité entre 2018/2019. Or les recettes en gaz représentent plus de 33% des recettes Sonatrach. La seule solution pour l’Algérie, est de penser un nouveau modèle de consommation énergétique (efficacité énergétique, énergies renouvelables), supposant de revoir la politique des subventions ciblées(la consommation de gaz horizon 2030 risquant de dépasser en 2030,les exportations actuelles) , d’agir sur les coûts pour être concurrentiel (possible de les réduire entre 15/20%) , le tout renvoyant à une vision stratégique du nouveau modèle de politique socio-économique et un nouveau management de Sonatrach. Nous assistons à de nouvelles technologies permettant l’efficacité énergétique dans la majorité des pays occidentaux, avec une prévision de réduction de 30% (économie énergie-ciment-rond à béton) interpellant l’Algérie qui continue de construire deux millions de logements avec les anciennes méthodes de construction. Les tendances sont à une nouvelle division et spécialisation internationale avec la concentration de l’industrie manufacturière forte consommatrice d’énergie en Asie qui absorbera 65% de la consommation mondiale à l’horizon 2030, notamment l’Inde et la Chine. Les relations clients-fournisseurs seront à leur avantage, pour avoir des avantages comparatifs et pousseront à la baisse des prix comme le fait la Chine actuellement pour le Venezuela et l’Équateur. Mais le facteur déterminant à l’avenir sera la transition énergétique entre 2020/2040.

3.-C’est une erreur stratégique de raisonner sur le modèle de consommation linéaire du passé , devant assister entre 2020/2030/2040 à un nouveau modèle de consommation et à un nouveau pouvoir énergétique mondial. Aussi ; il s ‘agit d’éviter de faire des prévisions hasardeuses devant s’en tenir aux fondamentaux. Chaque année dans le monde, 5. 300 milliards de dollars (10 millions de dollars par minute) sont dépensés par les Etats pour soutenir les énergies fossiles, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI) rapport pour la COP21. Or, il semble bien que la majorité des dirigeants du monde ont pris conscience de l’urgence d’aller vers une transition énergétique. Car si les Chinois, les Indiens, le continent Afrique, avaient le même modèle de consommation énergétique que les USA, il faudrait cinq fois la planète terre. En cas d’une mutation du modèle de consommation énergétique au niveau mondial, (l’avenir à l’horizon 2030 étant hydrogène), cela influencera à terme le niveau des prix des énergies fossiles vers le bas. Nous aurons quatre scénarios de manière progressive 2017/2020.

-Le premier scénario, une expansion de l’économie mondiale dont la Chine/Inde où le cours fluctuera entre 60/70 dollars entre 2016/2020, personne ne pouvant prévoir au-delà, tout dépendant du nouveau Mix énergétique entre 2020/2030/2040 qui se mettra en place progressivement.-Le deuxième scénario, est une croissance modérée et le cours fluctuerait entre 50/60 dollars.-Le troisième scénario, avec une croissance faible le cours fluctuerait entre 40/50 dollars.-Le quatrième scénario, une crise mondiale où le cours plongerait en dessous de 40 dollars.

4.-En résumé, à terme, le rééquilibrage des marchés dépend d’une série de facteurs exogènes qui échappent aux pays de l’OPEP, l’Arabie Saoudite misant sur un prix d’équilibre à terme variant entre 50/55 dollars le baril. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son rapport de septembre 2016 , la consommation mondiale d'or noir devrait croître de 1,3 million de barils par jour (mbj) à 96,1 mbj cette année, contre une précédente estimation de 1,4 mbj du fait que les récents piliers de la croissance de la demande - la Chine et l'Inde - vacillent Un nouveau ralentissement de la croissance de la demande est anticipé pour 2017, avec une hausse de 1,2 mbj, à 97,3 mbj. Par ailleurs, les tensions financières dans de nombreux pays exportateurs de pétrole réduisent la capacité de ces pays à atténuer le choc, ce qui entraîne une baisse considérable de leur demande intérieure. Devant nous en tenir aux fondamentaux, pour ne pas induire en erreur l’opinion publique, il ne faut pas s’attendre à une remontée spectaculaire des prix du pétrole (c’est fini le cours à plus de 90/100 dollars) et donc à des miracles lors de la réunion informelle qui se tiendra à Alger. La grande réussite serait d’arriver à un gel de la production, ce qui n’est pas évident selon mes informations, la solution étant de laisser des marges de manoeuvres à chaque producteur. Et comme mis en relief précédemment tout dépendra du niveau du gel, si gel il y a , de la discipline au sein de l’OPEP, de l’attitude des pays hors OPEP, les derniers rapports de septembre 2016 de l’AIE et de la commission économique européenne n’étant guère encourageant quant à l’avenir de la croissance de l’économie mondiale. Comme doit être pris en compte le nouveau modèle de consommation énergétique. Ces deux facteurs qui échappent aux pays de l’OPEP seront déterminants devant plus vivre de l’illusion de la rente éternelle et devront préparer eux aussi la nécessaire transition énergétique ( voir Site www. Algerie1.com 06/09/2016- « la réunion informelle de l’Opep à Alger : réfléchir à la transition énergétique 13 septembre 2016.Ceux qui prédisent un cours élevé horizon 2020 font une erreur stratégique, raisonnant sur un modèle de consommation énergétique linéaire qui est du passé, les grands groupes investissant d’ores et déjà dans recherche/ développement dans les énergies du futur. C’est fini un cours supérieur à 80/90 dollars (2).

Professeur Abderrahmane MEBTOUL Expert International

[email protected] le 15 septembre 2016

(1) Professeur Abderrahmane Mebtoul, Expert international – Docteur d’Etat en gestion (1974) – Directeur d’Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2007- A dirigé l’ audit, février 2015 sur les risques et opportunités du gaz de schiste pour le compte du gouvernement assisté de 23 experts internationaux. -Voir Etude du professeur Abderrahmane Mebtoul, parue à l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI Paris France novembre 2011)- « la coopération Maghreb/ Europe face aux enjeux géostratégiques»- -« Pour un nouveau management stratégique de Sonatrach »- revue internationale HEC Montréal Canada (2010)- Conférence internationale ADAPES/ parlement français novembre 2013- « Les nouvelles mutations énergétiques mondiales » – « La stratégie gazière de l’Algégérie face aux mutations mondiales » revue internationale gaz d’aujourd’hui (Paris France – janvier 2016). Voir également le débat 24 octobre 2014 entre le Pr Antoine HALFF ancien économiste en Chef au Secrétariat d’Energie US actuellement directeur prospective à l’AIE, et le Pr Abderrahmane MEBTOUL RFI Paris /France sur les perspectives de l’OPEP.

(2)-Sur ce sujet et des thèmes similaires -Voir Pr Abderrahmane MEBTOUL

- Site www. Algerie1.com 06/09/2016- « La réunion informelle de l’Opep à Alger : réfléchir à la transition énergétique 13 septembre 2016

--Site international Mena/Forum-Bruxelles- Democracy & Development as a Dialectic Relationship with Security by Dr A. Mebtoul | Sep 10, 2016

-Débat à la radio publique algérienne en arabe chaine 1 sur la réunion informelle de l’OPEP 04/09/2016 de 12h/13h intervention du professeur Abderrahmane Mebtoul de Paris notamment sur les bas cours du Brent et les subventions des produits énergétiques

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-Pr Abderrahmane Mebtoul est invité en tant qu’expert international INDEPENDANT à la réunion informelle de l’OPEP par le gouvernement algérien qui se tiendra à Alger du 26/28 septembre



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