Le Président Emmanuel MACRON effectue une visite officielle en Algérie le 06 décembre 2017 où seront abordés les sujets notamment géopolitiques dont les tensions au Sahel , l’immigration clandestine, et comment intensifier la coopération économique. Cette analyse est un éclairage sur l’urgence d'un « co-partenariat gagnant-gagnant » entre l’Algérie et la France tant sur le plan sécuritaire qu'économique , thème que j'ai longuement abordé dans dans plusieurs médias internationaux (1)
1.-Sur le plan institutionnel, la coopération économique algéro-française s’appuie sur plusieurs Accords : rappelons que le premier le mémorandum de partenariat économique et financier signé à Alger le 11 décembre 2006, cet Accord avait pour objectif d’accompagner le processus de réformes économiques et financières engagées en Algérie à travers ; des actions d’assistance technique et de formation au bénéfice de cadres issus des administrations économiques et financières algérienne et la promotion des échanges, des investissements et le développement des filières industrielles (automobile, agroalimentaire et pharmacie). Le deuxième Accord, le mémorandum algéro-français de coopération financière signé à Alger le 21 juin 2008, à l’occasion de la visite en Algérie du Premier Ministre français M. François FILLON. Cet accord visait à renforcer la coopération institutionnelle et la modernisation des administrations économiques et financières à travers un appui aux administrations fiscale et douanière, à la reforme budgétaire, à l’inspection générale des finances, à la Direction Générale de la Comptabilité, au cadastre, au Commissariat Général à la Planification et à la Prospective et à l’Office National des Statistiques. Cet Accord avait également, prévu l’assistance de la partie française à la création en Algérie de deux écoles nationales, des douanes et du trésor ainsi que l’appui à la mise en place d’une école dans les métiers des assurances. Sur le plan de la coopération culturelle, scientifique et technique franco-algérienne elle s’inscrit dans le cadre de la Convention de partenariat signée en décembre 2007 et du Document Cadre de Partenariat (DCP) qui définissent trois grands axes de coopération : le renforcement du capital humain ; le développement économique et durable et le secteur productif ; la bonne gouvernance, l’état de droit, la modernisation du secteur public et le renforcement de la coopération décentralisée. Il a été toujours rappelé que l’Algérie est un partenaire stratégique en matière d’énergie pour l’Europe (concurrent de la Norvège et de la Russie) dont la France, comme le montre les bonnes relations entre Gaz de France, Total et Sonatrach. Et ce à travers Medgaz (Europe via Espagne) , Galsi (Europe via Italie). Rappelons que quatre accords ont été signés, le premier l’Accord algéro-Français de partenariat énergétique pour renforcer la coopération entre les administrations et les entreprises du secteur dans les deux pays. Le second Accord constitue un renouvellement du protocole d’accord signé en 2003, entre l’Agence de promotion et de rationalisation de l’énergie (APRUE), côté algérien, et l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) côté français. Deux autres accords de nature commerciale ont été signés entre l’entreprise nationale SONATRACH et Gaz de France où le règlement à l’amiable récemment avec Total marquent le retour des Français dans le secteur des hydrocarbures en Algérie, où ils ont été supplantés par les Américains et les Britanniques où Le groupe français Total envisage d’accroître ses investissements en Algérie. Lors de la 4éme session du COMEFA , tenue à Alger en novembre 2017, qui a vus notamment la signature de plusieurs accords dont le montage avec Peugeot, dans le domaine de l’électricité en partenariat avec le groupe français Schneider Electric, un consortium chargé d’exploiter et de commercialiser des produits agricoles algériens vers l’Union européenne, le BPTH et les énergies renouvelables, l’Algérie et la France veulent accélérer la cadence de la coopération économique. Ces accords avaient été abordés également lors de différentes visites de responsables et hommes d’affaires français entre 2011/2016 dont celle le 21 février 2011, M.Jean Pierre Raffarin. Selon les données de l’Ambassade, la France est cependant le premier investisseur hors hydrocarbures et le premier employeur étranger en Algérie , représentant 40 000 emplois directs et 100 000 emplois indirects, pour environ 500 entreprises implantées dont une trentaine de grandes entreprises Les principaux secteurs porteurs d’emplois et d’activité sont les services financiers (avec la Société Générale et BNP Paribas), les transports (avec notamment la présence d’Air France), le domaine maritime, CMA-CGM, avec un effectif de 400 personnes, est en tête sur le marché algérien, l’hôtellerie-restauration (groupes Accor, Sodexo, Newrest), la distribution automobile à travers Renault et Renault Trucks, le secteur de l’environnement avec Suez Environnement. Malgré cela, il faut reconnaître que les relations économiques entre l’Algérie et la France, malgré des discours de bonnes intentions, sont loin des attentes entre les deux pays se limitant essentiellement des hydrocarbures pour la partie algérienne, les services notamment bancaires , l’agroalimentaire, les produits pharmaceutiques et les produits issus de l’industrie automobile pour la partie française, alors que les potentialités sont énormes. Aussi, pour le bilan 2016, les pays de l'Union européenne sont toujours les principaux partenaires de l'Algérie (47,47 % des importations et de 57,95 % des exportations). Le principal client étant l'Italie, qui absorbe plus de 16,55 % des ventes, suivie par l'Espagne à 12,33 % et la France, à 11,05 %. Pour les principaux fournisseurs, la France occupe le premier rang des pays de L'UE avec 10,15 %, suivie par l'Italie et l'Espagne, avec respectivement 9,93 % et de 7,69 % du total des importations. Les cinq premiers clients de l'Algérie, au cours des sept premiers mois de 2017, ont été l'Italie avec 3,5 mds usd (16,9% des exportations globales algériennes), suivie de la France avec 2,60 mds usd (12,55%), de l'Espagne avec 2,32 mds usd (11,23 %), des Etats-Unis avec 2,09 mds usd (10,11 %) et du Brésil 1,39 mds usd (6,74%). Quant aux principaux fournisseurs de l'Algérie, la Chine est encore venue en tête avec 5,21 mds usd (19,40 % des importations globales algériennes), suivie de la France avec 2,35 mds usd (8,77%), de l'Italie avec 1,98 mds usd (7,37%), de l'Allemagne avec 1,84 mds usd (6,85%) et de l'Espagne avec 1,75 mds usd (6,53%). Pour les des principaux pays clients de l`Algérie et le montant des exportations algériennes vers chacun de ces pays durant les sept (7) premiers mois de 2017, ainsi que l'évolution des exportations algériennes vers ces pays par rapport à la même période de 2016.
2.-L’ Algérie et la France présentent pourtant l'une et l'autre des atouts et des potentialités pour la promotion d'activités diverses et cette expérience peut être un exemple de ce partenariat global devenant l'axe privilégié du rééquilibrage du sud de l'Europe, par l'amplification et le resserrement des liens et des échanges sous différentes formes. Les échanges entre l'Algérie et la France peuvent être intensifiés dans tous les domaines : agriculture, industrie, bâtiments travaux publics, énergie- services, tourisme- industries- environnement- et éducation, sans oublier la coopération dans le domaine militaire. L’attractivité du marché algérien découle des avantages comparatifs suivants : la proximité géographique des marchés potentiels d’Europe, d’Afrique et du Moyen Orient ; la taille du marché intérieur estimée à environ 41 millions de consommateurs en 2017 ; des richesses naturelles importantes (pétrole, gaz), ainsi que d’autres ressources minérales non négligeables, peu ou pas exploitées, notamment le phosphate, le fer et l’or ; des ressources humaines en grande partie jeunes, qualifiées et abondantes. Autres atouts : l’Algérie a un stock de la dette inférieur de 5,7 milliards de dollars en septembre 2017 et des réserves de change qui clôtureront fin 2017 entre 94/97 milliards de dollars, un programme d’investissement ambitieux 2017/2020 et enfin, les liens historiques et culturels qui unissent l’Algérie et la France. Il s’agit de synchroniser nos actions afin de rapprocher des intérêts économiques et commerciaux des entreprises des deux rives de la Méditerranée, notamment les partenariats publics et privés soutenu, la formation, le transfert de savoir axé sur les innovations. Par ailleurs, n'oublions pas le nombre de résidents d'origine algérienne en France, qui dépasseraient les 4 millions, dont 2 millions de binationaux. Quel que soit son nombre exact, la diaspora représente un élément essentiel du rapprochement entre l'Algérie et la France, car elle recèle d'importantes potentialités intellectuelles, économiques et financières. La promotion des relations entre l'Algérie et sa communauté émigrée doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées, à savoir le gouvernement, les missions diplomatiques, les universités, les entrepreneurs et la société civile. La promotion des relations entre l'Algérie et sa communauté émigrée, étant le ciment de l’inter-culturalité, doit mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées, à savoir le gouvernement, les missions diplomatiques, les universités, les entrepreneurs et la société civile. Mais, Il faut être réaliste. Dans la pratique des affaires n'existent pas de sentiments, les entrepreneurs algériens ou étrangers étant mus par la seule logique du profit, le rôle de l'Etat régulateur, stratégique en économie de marché à vocation sociale, étant de concilier les coûts sociaux et les coûts privés et chaque pays dont l'Algérie doit défendre ses intérêts propres. Mais la mise en œuvre d'affaires saines, comme l'image d'un pays, ne repose plus comme par le passé sur des relations personnalisées entre chefs d'États ou ministres, mais doit être la résultante de réseaux décentralisés, favorisés notamment par l'implication de la société civile, d'ONG et d'entreprises dynamiques innovatrices. C'est que l'on assiste au niveau mondial à l'évolution d'une accumulation passée se fondant sur une vision purement matérielle, caractérisée par des organisations hiérarchiques rigides, à un nouveau mode d'accumulation fondé sur la maîtrise des connaissances, des nouvelles technologiques et des organisations souples en réseaux comme une toile d'araignée à travers le monde, avec des chaînes mondiales segmentées de production où l'investissement, en avantages comparatifs, se réalisant au sein de sous-segments de ces chaînes. Les deux pays doivent avoir une vision commune de leur devenir. La symbiose des apports de l'Orient et de l'Occident, le dialogue des cultures et la tolérance sont sources d'enrichissement mutuel. Les derniers événements devraient encore mieux nous faire réfléchir, évitant cette confrontation des religions car autant l'islam, le christianisme que le judaïsme ont contribué fortement à l'épanouissement des civilisations, à cette tolérance en condamnant toute forme d'extrémisme. La mondialisation est un bienfait pour l'humanité, à condition d'intégrer les rapports sociaux et ne pas la circonscrire uniquement aux rapports marchands en synchronisant la sphère réelle et la sphère monétaire, la dynamique économique et la dynamique sociale. Au moment de la consolidation des grands ensembles, enjeux de la mondialisation, le rapprochement entre des pays du Maghreb est nécessaire pour une intensification de la coopération avec la France et l'Algérie via l'Europe, à la mesure du poids de l'histoire qui nous lie. L'intégration du grand Maghreb devrait servir de pont entre l'Europe et l'Afrique, les avantages comparatifs à moyen et long termes étant pour les deux pays en Afrique, continent d'avenir et à fortes potentialités, sous réserve de sous-intégrations régionales, de la valorisation de l'économie de la connaissance et d'une meilleure gouvernance. La vison stratégique doit être plus large et raisonner en dynamique. Comme le note justement mon ami Jean-Louis Guigou, Président de l'IPMED (Institut de prospective économique du monde méditerranéen, à Paris), il faut faire comprendre que, dans l'intérêt tant des Français que des Algériens, et plus globalement des Maghrébins et des Européens ainsi que de toutes les populations sud-méditerranéennes, les frontières du marché commun de demain, les frontières de Schengen de demain, les frontières de la protection sociale de demain, les frontières des exigences environnementales de demain, doivent être au sud du Maroc, au sud de la Tunisie et de l'Algérie, et à l'est du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de la Turquie, passant par une paix durable au Moyen-Orient, les populations juives et arabes ayant une histoire millénaire de cohabitation pacifique. La réussite du partenariat national et international entre l’Algérie, la France ou d’autres pays, n'est pourtant pas réalisable sans une gouvernance centrale et locale rénovée, une vision cohérente se fondant sur des réformes structurelles tant politiques, sociales, économiques dont le marché financier, le marché du foncier, celui du travail et surtout la réforme du système socio-éducatif pilier de tout processus de développement, à l'aube de la quatrième révolution technologique. Il y a lieu impérativement d’intensifier une coopération réaliste, en évitant de voir l'ennemi extérieur partout. Les tactiques doivent s'insérer au sein de la fonction/objectif stratégique qui est de maximiser le bien-être social de tous les Algériens. L'objectif pour l'Algérie est d'engager des réformes structurelles qui, je ne le répéterai jamais assez, dépendant des Algériennes et des Algériens, supposant un large front social interne de mobilisation, tolérant les différentes sensibilités, face aux nombreux nouveaux défis qui attendent notre pays afin de hisser l'Algérie comme pays émergent, à moyen et long terme. Pour cela, la dominance de la démarche bureaucratique devra faire place à la démarche opérationnelle économique, avec des impacts économiques et sociaux positifs à terme. Aussi, face aux nouvelles mutations mondiales, l'Algérie confrontée à la transition vers une économie productive intimement liée à la transition énergétique, a besoin surtout d'une accumulation technologique et managériale. Et bien entendu sous réserve que l'Algérie approfondisse l'État de droit la démocratisation de la société et qu'elle réoriente sa politique économique afin de réaliser un développement durable.
3..- Les mesures du gouvernement algérien des 49/51% et le monde des affaires
Du fait des interactions entre le politique et l’économique en Algérie, bien qu’avec l’internationalisation des flux réels et financiers portés par les firmes transnationales, l’analyse en termes d’Etats Nations devant être atténuée, la portée de l’extension ou de la limitation de l’investissement étranger ne saurait se comprendre sans analyser les rivalités entre les USA via l’Europe avec un rôle particulier pour la France pour des raisons historiques, la Russie et la Chine de plus en plus présente en Algérie. Le rôle dynamisant ou bloquant des acteurs internes et externes dialectiquement lié ne saurait être occulté. Pourtant, je me limiterai à l’analyse économique où la majorité des hommes d’affaires au niveau mondial tout en respectant les décisions souveraines de l’Etat algérien, USA-France-Allemagne, Italie-Espagne principaux partenaires de l’Algérie ont sollicité l’assouplissement de la règle des 49/51% notamment pour les segments non stratégiques portés par les PMI/PME. Rappelons que a loi de finances complémentaire 2009 avalisée par celles de 2010/2011 prévoit pour le commerce 30% au maximum pour les étrangers et 70% pour les nationaux. Pour l’agriculture la nouvelle loi foncière 2010 restreint presque toute activé pour les étrangers. Concernant l’encadrement de l’investissement étranger dans les services, BTPH et industries y compris les hydrocarbures, le privé étranger doit avoir au maximum 49% et le local 51%. Par ailleurs, l’Etat algérien a introduit des changements entendant faire prévaloir le droit de préemption et que «toute transaction qui ne respecte pas les dispositions légales ne sera pas avalisée par les pouvoirs publics et sera déclarée nulle et sans effet »invoquant l’article 62 de la loi de finances complémentaire de 2009 qui stipule que «l’Etat ainsi que les entreprises publiques économiques disposent d’un droit de préemption sur toutes les cessions de participations des actionnaires étrangers ou au profit d’actionnaires étrangers». Le texte législatif stipule que l’effet rétroactif de la règle 51% et de 49% est susceptible d’être généralisée pour les opérateurs étrangers ayant investi en Algérie avant 2009. En vertu des dispositions de la loi de finances complémentaire 2010, toute augmentation ou modification de la structure de capital, et tout accroissement du nombre d’actionnaires de la part des entreprises étrangères détenant plus de 51 % des actions, seront contraintes de recevoir un ou plusieurs actionnaires des entreprises nationales à raison de 51% du capital. D’autres dispositions sont également prévues comme l’introduction dans les cahiers des charges des appels d’offres internationaux d’un engagement de l’entreprise étrangère soumissionnaire, que pour obtenir des contrats publics, les groupes étrangers devront dans l’avenir s’engager à investir en Algérie dans le cadre d’un partenariat avec une entreprise locale, les cahiers des charges des appels d’offres internationaux devant prévoir l’obligation, pour les soumissionnaires étrangers, d’investir dans le cadre d’un partenariat, dans le même domaine d’activité, avec une entreprise de droit algérien, dont le capital est détenu majoritairement par des nationaux résidents , à ne pas pratiquer la corruption et à se conformer aux lois algériennes en vigueur. La vente des participations des étrangers dans les sociétés algériennes rentrant dans le cade du droit de préemption au profit de l’Etat, introduit dans la loi de finances complémentaire 2009, la cession de participations détenues par des étrangers ou au profit d’étrangers en Algérie est subordonnée à la délivrance d’une attestation délivrée par le authentifiée par le notaire. En cas de délivrance de l’attestation, l’Etat conserve le droit d’exercice du droit de préemption tel que prévu par le code d’enregistrement en cas d’insuffisance du prix . Comme il ya lieu de signaler qu’en cas de cession se pose le problème de l’application des dispositions de la loi de finances 2009 qui stipule un taux d’imposition à 20% du taux de l’IRG applicable aux plus values de cession de la partie étrangère (article 47 Loi de finances 2009), ainsi qu’un contrôle plus rigoureux des transferts de capitaux à travers la nouvelle réglementation des changes. Lors du Conseil des Ministres du 25 aout 2010, ces mesures ont été étendues aux banques étrangères complétant l’ordonnance n° 03-11 du 26 Août 2003, relative à la monnaie et au crédit. A ce titre, la Banque d’Algérie est habilitée notamment à demander aux banques et établissements financiers étrangers, toute information requise pour l’établissement de la balance des paiements du pays et de sa position financière, cela concernant particulièrement les mouvements de capitaux réalisés vers l’extérieur et à limiter les opérations réalisée. Les nouvelles dispositions prévoient d’intensifier la lutte contre toute fraude ou malversation dans les opérations réalisées par les banques et établissements financiers étrangers, notamment en ajoutant le délit de corruption aux motifs de prohibition de l’exercice de la fonction bancaire , mandatant l’Institution monétaire à promulguer des règles de bonne conduite et de déontologie applicables aux banques et établissements financiers. En vue de renforcer la transparence dans les activités bancaires, l’Etat algérien détiendra une action spécifique dans le capital des banques et établissements financiers à capitaux privés, grâce à laquelle il sera représenté dans leurs organes sociaux sans droit de vote. Il y a confirmation de l’application aux banques et établissements financiers de la législation nationale en matière d’investissements étrangers. Ainsi il est prévu que toute future ouverture de banque ou d’établissement financier par un investisseur étranger sera conditionnée par la détention de 51% du capital par des actionnaires nationaux et en cas de cession d’une banque ou d’un établissement financier dont le capital est étranger, l’Etat jouit d’un droit de préemption; enfin toute cession d’actions d’une banque ou d’un établissement financier devra être préalablement autorisée par la Banque d’Algérie. Par ailleurs, certainement suite au rapport de la banque d’Algérie ( 2009), concernant le taux de profitabilité des banques étrangères, les nouvelles dispositions contenues dans la loi de finances complémentaire 2010 annoncent que hors secteur des hydrocarbures, des activités peuvent être soumis à une taxe forfaitaire assise sur les marges exceptionnelles d’un taux qui varie de 30% à 80 , élargissant ainsi les dispositions qui étaient appliquées au niveau du secteur des hydrocarbures. Ces mesures généralisées sans ciblage et sans bilan freinent les investissements porteurs étrangers. Le patriotisme ne saurait signifier nationalisme chauvinisme pour protéger des intérêts de rente. Certes, tous les pays protègent leur production nationale grâce à l’Etat régulateur stratégique en économie de marché pouvant détenir des minorités de blocage dans des segments stratégiques à ne pas confondre avec le retour à l’Etat gestionnaire de l’ex économie soviétique comme le montre les décisions récentes de bon nombre de pays développés, mais d’une manière ciblée et ne décourageant pas l’acte d’investissement y compris étranger. De plus en plus d’experts algériens préconisent de lever ce voile juridique de peu d’efficacité économique et de mettre en place deux autres indicateurs d’appréciation beaucoup plus significatif qui est celui d’une balance technologique et en devises positives c’est à dire que les entrées en devises doivent être supérieures aux transferts. L’essentiel pour l’Algérie est de favoriser une accumulation du savoir faire à la fois managériale et technologique, grâce à un partenariat gagnant/gagnant, l’Etat pouvant détenir des minorités de blocage pour des segments stratégiques. Comme conséquence de ces mesures, selon le rapport de la CEE (FEMISE) les IDE déjà faibles hors hydrocarbures ont chuté. Cela devrait inciter à une réorientation de l’actuelle politique économique cette mensure ayant eu peu d’impacts sur la valeur des importations de biens qui ont faiblement baissé, en plus du poste services au niveau de la balance des paiements, fluctuant toujours entre 10/11 milliards de dollars entre 2010/2016.
En résumé, les bouleversements géostratégiques mondiaux imposent à l’Algérie et à la France d’entreprendre ensemble dans le cadre de l’espace euro-méditerranéen et africain, existant un lien dialectique entre mauvaise gouvernance, développement et sécurité. Si l’on s’en tient aux aspects économiques, l’objectif doit s’inscrire dans le cadre de la volonté des deux pays à dynamiser les relations économiques par le biais de partenariats inter- entreprises en réseaux. Les tensions actuelles entre l'Algérie et la France ne sont que passagères, selon les informations que j'ai recueillies auprès d'importantes personnalités de l'Hexagone. Il ne s'agit nullement d'occulter la mémoire indispensable pour consolider des relations durables entre l'Algérie et la France. Il s'agit, en ce monde impitoyable où toute nation qui n'avance pas recule, de préparer ensemble l'avenir par le respect mutuel. Pour sa part, j'ai souligné que l'Algérie entend ne pas être considérée sous la vision d'un simple marché. Et c'est dans ce cadre que doit rentrer un co-partenariat entre l'Algérie et la France, loin de tout préjugé et esprit de domination afin de contribuer ensemble à la stabilité régionale. Car selon les derniers rapports internationaux, l'Algérie est un acteur incontournable pour la stabilité de la région, et que toute déstabilisation aurait des répercussions géostratégiques négatives sur l'ensemble de la région méditerranéenne et africaine, comme je l'ai souligné avec force dans mon interview donnée le 28 décembre 2016 aux États-Unis, à l'American Herald Tribune « toute déstabilisation de l’Algérie aurait un impact sur toute la région méditerranéennes et sahélienne » et au quotidien financier français la Tribune Fr le 11 mai 2017 « comment développer le partenariat entre l’Algérie et la France pour une prospérité partagée » Dépassionnons les relations entre l’Algérie et la France qui sont souvent mouvementées, comme celles d’un vieux couple, afin de favoriser une prospérité partagée. Tout en n’oubliant pas le passé, le plus important au moment de ces bouleversements mondiaux est de préparer L’AVENIR ensemble. [email protected]
(1)-REFERENCES SUR LE MEME SUJET
Voir l’ interview du professeur Abderrahmane Mebtoul le Point Afrique (24/03/2016) et l'Express (07/04/2016, Paris) sur les perspectives de la coopération Algérie-France, mettant en relief les faiblesses mais également potentialités de l'Algérie. Ce thème a été développé également par le professeur Abderrahmane Mebtoul, le 7 avril 2016 à Marseille à La Villa Méditerranée, où il a animé une conférence - dont La Tribune était partenaire - sur le thème « Le partenariat gagnant/gagnant et le dialogue des cultures dans le cadre de la coopération Algérie/France, facteur de stabilité de la région africaine et euro-méditerranéenne » en présence de plusieurs centaines de personnalités politiques et économiques, d'experts internationaux, du Consul général et du personnel diplomatique du consulat général d'Algérie à Marseille. -Etude du professeur Abderrahmane MEBTOUL parue à l’Institut Français des Relations Internationales (IFRI Paris France) » la coopération Maghreb Europe face aux enjeux géostratégiques » (novembre 2011)- . Conférence du Pr Abderrahmane Mebtoul « le développement et les enjeux géostratégiques en Méditerranée et en Afrique » à Malte 2012 à l’invitation de la commission européenne et sur le même thème devant le parlement européen-Bruxelles- 2013-Voir « Le Maghreb face aux enjeux géostratégiques » deux ouvrages (1050 pages) sous la direction du professeur Mebtoul Abderrahmane et Dr Camille Sari (36 experts européens et maghrébins)- Edition Harmattan Paris 2015- Voir la contribution du professeur Abderrahmane Mebtoul parue en Espagne , à l'Institut Européen de la Méditerranée (IEMed) annuaire -IEMed 2017- que dirige le professeur Senén Florensa, ancien ministre espagnol « l’impact de la baisse du cours des hydrocarbures sur les équilibres macro-économiques et macro sociaux de l’économie algérienne et les axes de politique socio-économique pour dépasser l’économie rentière » regroupant d’importantes personnalités politiques et scientifiques des deux rives de la Méditerranée.