Synthèse du rapport (d’une partie du volume IV) remis au Premier Ministre Abdelmalek SELLAL le 15 janvier 2013 par le Professeur Abderrahmane MEBTOUL Face aux mutations mondiales, quelles PMI/PME développer en Algérie dans le secteur de l’agro-industrie ?
Par Inès et Gilles BONAFI Economistes Français (1)
Préambule
Cette contribution pour le site Algérie1 est la synthèse d’une partie du volume quatre (IV ) audit réalisé sous ma direction, d’une brûlante actualité remis au Premier ministre Abdelmalek SELLAL le 15 janvier 2013 concernant des dossiers sectoriels et traitant de l’agriculture et l’agro-industrie. Cette contribution de deux amis français de Bordeaux que je tiens à remercier, analyse un thème important pour le devenir de l’Algérie l’agro-industrie où l’Algérie peut avoir des avantages comparatifs dans le cadre des valeurs internationales.
Cela sera suivie d’autres contributions d’experts algériens ( quatre apports sur les hydrocarbures , la pétrochimie et le développement des énergies renouvelables) et quatre autres contributions d’experts étrangers qui ont contribué à cette expertise sur les mutations mondiales et les filières à développer dans le cadre d’un co-partenariat pour l’Algérie, dont quatre amis le professeur Jean Louis GUIGOU Délégué de l’EPIMED, conseiller de plusieurs institutions internationales dont la CEE , le docteur Emile H. Malet ambassadeur français itinérant au Tchad et président de la revue internationale « Passages » et Jean Pierre HAUET Polytechnicien de Paris - ancien Chief Technology Officer du Groupe ALSTOM Pdg de KPG Intelligence et de Camille SARI expert financier enseignant à la Sorbonne.
Au moment ou avec la chute du cours des hydrocarbures, posant la problématique de la sécurité nationale, l’Algérie risque de connaitre d’importantes tensions budgétaires , nécessitant un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités sociales grâce à un dialogue productif au profit exclusif de l’Algérie et une réorientation urgente de la politique socio-économique afin d’éviter le drame des impacts des année 1986, j’ai jugé utile de mettre à la disposition du large public l’audit réalisé sous ma direction assisté de 20 experts internationaux (économistes- sociologues-juristes-ingénieurs) et remis au Premier Ministre le 15 janvier 2013 (huit volumes 900 pages).
Cet audit a été réalisé sans aucune rémunération, à la demande de Mr Abdelmalek SELLAL, qui nous a donné comme orientations, nous ayant laissé libre de toute initiative sans aucune contrainte, de privilégier uniquement les intérêts supérieurs du pays et de dire la vérité, rien que la vérité, sans sinistrose, ni autosatisfaction. Cet audit réalisé avant la baisse du cours des hydrocarbures de juin 2014 au niveau mondial mais avec des prémisses dues à la chute en volume physique des exportations de SONATRACH depuis fin 2007, est d’une actualité brûlante.
Le contenu de cette brève synthèse n’a subi aucune modification. Au lecteur de juger, ayant insisté fortement en préface que la bataille de la relance économique future de l’Algérie et notre place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance et notre capacité à innover. Face aux tensions géostratégiques, des stratégies d’adaptation étant nécessaires tant au niveau extérieur qu’intérieur, espérons avoir fait œuvre utile pour le devenir de l’Algérie pour un devenir meilleur.
Professeur Abderrahmane MEBTOUL –Expert international
Quelles PMI/PME développer en Algérie dans le secteur de l’agro-industrie ?
Par Inès et Gilles BONAFI Economistes Français (1)
« Tout est une question de la maitrise de l’économie de la connaissance »
INTRODUCTION
En 2012, 95% des PME sont des TPE de moins de 10 personnes (Très Petites Entreprises) qui emploient 1,07 millions de personnes réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 20MDZ (200.000 euros). D’après le Conseil Economique et Social, ces TPE souvent gérées par des membres de la famille contribuent de façon importante à l’économie informelle, 30% de l’activité globale du pays. Effectivement, ce fonctionnement traditionnel caractérise le secteur agricole qui l’empêche de se développer car il ne bénéficie pas des nouvelles méthodes de management. Rares sont les entrepreneurs à se lancer dans le secteur agroalimentaire si bien que les industries agroalimentaires et les PME de ce secteur ne représentaient que 5.18% en 2009 contre 35.25% pour le BTP. D’autre part, on constate un taux de mortalité précoce des PME de près de 20 %,30.000 TPE auraient ainsi disparu durant l’année 2011. Cette situation s’explique par le manque d’accompagnement et de financement dont disposent les PME. Les conditions imposées par les structures financières sont strictes et accordent très souvent des financements aux entreprises d’au moins 20 salariés, les TPE ne correspondent donc pas aux critères de sélection. De plus, moins d’une centaine de PME tous secteurs confondus sont exportatrices. De plus, les technologies anciennes qui sont utilisées et la main d’œuvre peu qualifiée ne permettent pas aux PME d’améliorer leur compétitivité. D’après le rapport des douanes d’Algérie, les résultats de l’année 2013 nous indiquent que les importations sont à la hausse avec une évolution de 14.16% pour les 9 premiers mois de l’année, quant aux exportations, ce n’est guère mieux avec une baisse de 7.7% par rapport à 2012.
Ces chiffres signifient clairement que l’Algérie reste dépendante des importations et que le pays est aujourd’hui dans l’incapacité de produire les quantités nécessaires pour répondre à l’autosuffisance. Rien de surprenant quand on constate que les secteurs de l’agriculture et de l’agro-industrie ne représentent respectivement que 10 % et 24% du PIB (hors hydrocarbures) Les matières premières essentielles aux besoins de l’agro-industrie sont importées, ci-dessous le rapport des douanes pour l’année 2012 et 2013. L’Algérie n’arrivera pas à développer de manière viable le secteur de l’agro-industrie tant que le secteur de l’agriculture ne deviendra pas une réelle industrie. Il ne sert à rien de tenter de dynamiser l’agro-industrie sans production de matières premières.
Construire une agro-industrie sur des produits essentiellement importés et dont les prix subissent les variations du commerce alimentaire en Algérie comme dans la plupart des produits industrialisés. Effectivement, l’essor de du secteur agro-industriel nécessite un accroissement de la productivité et une maîtrise des coûts de production au quotidien. Nous devons donc avoir une approche holistique, le développement de la grande distribution dépend de l’agro-industrie qui dépend à son tour de l’agriculture qui ne pourra se développer sans un investissement dans le réseau hydrique conséquent. Au cœur du secteur agricole, la filière de la viande est dépendante de la filière céréalière… Et tous ces secteurs doivent bénéficier d’une formation parfois très technique.
Un observatoire des filières agricoles et agroalimentaires composé de 25 personnes vient d’être mis en place avec l’Union Européenne concernant les céréales, le lait, la pomme de terre, les dattes et les olives dans le but de recenser les informations sur ces filières. Nous verrons qu’il faut aller encore plus loin afin de guider tous les acteurs économiques à atteindre les objectifs visés. Seule une équipe d’experts sur le terrain, mandatée par le ministère, proche des TPE et PM- PMI pourra véritablement aider les chefs d’entreprise à suivre la feuille de route imposée par les ministères de l’agriculture et de l’industrie. Dans cette étude, nous nous sommes donc attachés dans un premier temps à identifier dans chaque secteur de l’industrie agro-alimentaire les freins à son développement, puis à déterminer les plans d’actions et les PME-PMI qui doivent être développées pour répondre à l’autosuffisance du pays et cela pour les filières : agricole, viande, lait, pêche et agro-alimentaire.
Après avoir proposé des solutions d’ordre général, nous avons identifié les produits les plus consommés en nous basant essentiellement sur les importations, des chiffres révélateurs sur les besoins spécifiques des algériens. Nos propositions tiennent bien sûr compte de la situation géographique de l’Algérie et des problèmes climatiques. Le développement du secteur agro-alimentaire est vital pour l’Algérie, il doit être la priorité du gouvernement. Les prix pratiqués sur les produits de première nécessité plongent le peuple algérien dans une grande inquiétude. C’est un des secteurs clé avec celui de la grande distribution pour relancer une dynamique économique en Algérie. En effet ce secteur poussé par le développement de la grande distribution permettrait non seulement aux algériens de disposer des produits alimentaires les plus variés mais aussi d’augmenter leur pouvoir d’achat.
De la même manière, il est évident que la dynamisation de ces deux secteurs réduirait considérablement le taux de chômage essentiellement chez les plus jeunes. Le ministère du commerce dresse un bilan des importations algériennes de produits alimentaires qui se sont établies à 7,32 milliards de dollars durant les neuf premiers mois de 2013, en hausse de 11,45% par rapport à la même période de l’année dernière. Les produits alimentaires représentent 17,7% des importations globales algériennes et le ministère du commerce relève les points suivants :
« Importante hausse des importations de légumes secs (51,15%). La valeur des importations des légumes secs a atteint 312,4 millions USD durant les neuf premiers mois de 2013 contre 206,7 millions USD à la même période de l’année dernière ;
Importante hausse des importations de céréales (9,01%) qui représentent près de 35% du groupe des produits alimentaires importés. Elles ont augmenté de 9%, totalisant 2,56 Mds USD durant les neuf premiers mois de 2013 contre 2,35 mds USD ;
Importante hausse des importations de sucres (6,23%). Elles sont passées de 713,9 millions USD à 758,4 millions USD durant la même période.
Recul des importations de viandes, cafés et laits. La plus remarquable (16,85%) a concerné les viandes, puisque la facture est passée de 225,3 millions USD à 187,3 millions USD. La facture des achats à l’étranger du café et thé a également connu une baisse de près de 14,8%, passant de 304,2 millions USD à 259,2 millions. Les importations des différents types de laits et produits laitiers ont reculé de 8,8%, passant de 1,02 milliard USD à 927,3 millions USD. »
LA FILIERE AGRICOLE
ConstatNous le savons, la situation géographique de l’Algérie dans cette zone méditerranéenne ne permet pas au pays de pouvoir produire comme bon lui semble. Le relief et le climat impliquent que nous réfléchissions à un plan d’actions qui permette de répondre au maximum aux besoins de la population locale.« On recense en Algérie plus d’un million d’exploitations agricoles couvrant plus de 8,5 millions d’hectares de terres arables, exploitées par l’arboriculture (41%), de les cultures maraîchères (26%) et les grandes cultures (33%), principalement céréalières. » La chambre d’agriculture a réalisé un recensement complet de la population agricole algérienne:
Premier constat, sur 927 440 agriculteurs recensés, 406 256 sont des exploitants non propriétaires soit 43,8% ce qui n’incite guère à l’investissement.
Deuxième constat, le maraîchage et l’élevage sont délaissés par les agriculteurs. Des efforts particulier sur ces 2 secteurs devraient être menés afin d’attirer la population agricole ainsi que les investisseurs.
Troisième constat, 48,25% des agriculteurs sont concentrés dans le Nord ou le développement urbain« grignote » de jour en jour la surface des exploitations agricoles. Une meilleure politique d’implantation régionale doit se mettre en place. D’autre part, le système d’héritage des partages successoraux qui consiste à céder des parcelles de terrain aux différents héritiers de la famille, morcelle les terrains agricoles de moins en moins exploitables à l’échelle régionale ou nationale. Aussi, le développement urbain nuit considérablement au secteur agricole, le laxisme des autorités et l’incivisme d’une partie de la population tendent à réduire de plus en plus les surfaces de terres labourables. Ainsi, Sétif − une région dont 75 % du territoire est destiné à l’agriculture − fait face à de nombreuses difficultés : vandalisme des cultures, conflits de voisinage souvent liés à des problèmes environnementaux tels que la dégradation de matériels, la destruction des réseaux d'irrigation, le pâturage illicite, le piétinement de parcelles, la circulation de véhicules, etc.... Récemment, nous avons pu appendre qu’une boulangerie industrielle, un hôtel et une station-service auraient été construits sur 300 hectares de terres arables dans la région et que des héritiers auraient cédé− pour 30 millions DA − 2 hectares de terres arables à un promoteur. L’indépendance économique de l’Algérie passera d’abord par la responsabilisation de ses acteurs. Une prise de conscience nationale est indispensable, nous savons tous que ces terres sont vitales pour la nation. De plus, la gestion des terres arables n’est pas maîtrisée, la production n’est pas orientée pour répondre à l’autosuffisance. Des hectares sont employés à produire des denrées peu consommées en Algérie avec de plus, une faible valeur ajoutée. Ainsi, la culture de la vigne est démesurée : 77 730 hectares en 2011 selon l’ONS. Destiné essentiellement à l’export, le vin algérien trouve très peu de débouché. Il s’agit essentiellement de vin de table dont la France reste quasiment le seul acheteur. Les perspectives d’évolution du marché sont quasi nulles à cause de la concurrence des pays méditerranéens et les aides de l’Etat de 30% pour la plantation de vigne de cuve dans les zones VAOG doit cesser. Ces hectares pourraient évidemment répondre à l’urgence et produire des céréales. Aux experts agronomes de le déterminer ! Encore plus inquiétant, le réseau hydrographique est très insuffisant alors que l’Algérie dispose de réserves d’eau conséquentes. De nombreuses solutions peuvent être apportées très rapidement pour que le secteur dispose de suffisamment d’eau pour produire. C’est une priorité qui doit être gérée dans l’urgence, l’eau reste le principal handicap des agriculteurs. Enfin, seule la moitié de la superficie dévolue aux céréales serait exploitée, c’est-à-dire 3,5 millions d’hectares et l’autre partie serait en jachère… Nous pouvons noter que les terres semi-arides et subhumides représentent 87% des terres cultivables. Ce graphique des étages bioclimatiques fait ressortir que l’Algérie peut produire l’essentiel des matières premières importées qui sont aussi nécessaires au développement des PME-PMI. Ci-dessous en détail les PME-PMI agricoles qui devraient être ciblées. Nous verrons ensuite à quelles conditions ces PME peuvent se développer.
Source :FAO.orgLe Climat et les Zones agro-écologiques
Développer les PME-PMI de la filière agricole : Rendre les petites exploitations plus productives et viables en les incitant à se regrouper en coopératives, un bon moyen de commencer à développer les PME-PMI dans cette filière composée de petits exploitants. Incitation par l’information, l’accompagnement, la formation, la mise à disposition de matériel, les subventions, l’allégement fiscal…. Plusieurs possibilités sont envisageables. La coopérative, par exemple, est la meilleure réponse à apporter aux petits exploitants algériens pour répondre aux besoins du marché. Guillaume Thureau, commissaire général de l’association méditerranée économie sociale et solidaire (medess) a déclaré que la coopérative est à son avis la solution la plus intéressante pour l’Agriculture en Algérie.
En créant des CUMA (Coopératives d'Utilisation de Matériel Agricole) pour mettre à la disposition des petits agriculteurs du matériel de pointe inaccessible pour des petits exploitants isolés. Cela permet en effet de favoriser la mutualisation et la réduction de certains coûts, dans un objectif d'une baisse des charges de mécanisation et du développement d'une offre de services adaptée pour une meilleure organisation du travail.
En développant les outils de transformation alimentaire performants et novateurs sur le territoire pour valoriser toutes les productions agricoles régionales et répondre aux besoins des grands bassins de consommation. En développant les circuits courts (supply chain) pour permettre aux producteurs de diversifier leur activité agricole tout en répondant à une demande locale des consommateurs (notamment en zone périurbaine et en zones à attrait touristique)
Faciliter l’accès aux produits financiers sans taux d’intérêt mis à la disposition des exploitants agricoles. Les crédits R’fig et crédit Ettahadi destinés aux producteurs désirant créer de nouvelles exploitations agricoles et développer l’élevage.
Développer les partenariats avec les PME-PMI étrangères sur des besoins ciblés pour dynamiser les PME-PMI en Algérie. Parexemple,Emmanuel Vallantin-Dulac, directeur général de l’entreprise Biaugeaud (usine de confitures), spécialiste de l’agro-industrie en France a le projet de créer avec Bifruit Algérie une entreprise de confitures dans la région de Constantine. L’investisseur français devra assurer le lancement de la PME de la conception à la mise en route de l’usine. Cet accord est en discussion depuis un an et s’élève à 3,5 millions d’euros. Il s’agit là d’un partenariat gagnant-gagnant car comme l’affirme le Forum des chefs d'entreprises (FCE) : "L'Algérie ne doit pas être considérée comme un marché, mais nous sommes un partenaire qui a vraiment besoin d'être accompagné dans le domaine de la technologie et du savoir-faire".
Recenser et protéger les terres arables en condamnant sévèrement les constructions sauvages par de la prison ferme, il en va de l’intérêt national ! en créant une police du foncier relevant du ministère de l’Agriculture en concertation avec les ministères de l’Intérieur et de la Justice au niveau de chaque wilaya du pays pourrait être chargée de recenser les terres arables et de veiller à ce qu’elles ne soient en aucun cas détournées. Cette opération est vitale.
Développer les techniques culturales en Algériepar le biais de partenariats gagnants-gagnants avec des experts algériens et étrangers dont la première préoccupation sera l’échange en recherche et développement. De nouvelles techniques font leur preuve telles que :« le semis direct sans labour ». La technique du semis direct consiste à semer des plantes telles que les céréales et oléagineuses sans pratiquer de travail du sol. Cette technique améliore la structure du sol et permet de stocker plus d'eau, en préservant la faune et la flore. Elle est pratiquée aux Etats-Unis et a fait ses preuves.
Le dry-farming dans les régions les plus arides pour développer la production céréalières en veillant bien sûr à ne pas le faire sur les zones réservées à l’élevage extensif des ovins.l’agriculture sous serre pour produire des légumes et fruits les plus fragiles qui répondent à l’autosuffisance afin de le protéger les productions contre les intempéries (tomates et autres fruits et légumes fragiles).
L'aridoculture, une stratégie de culture non irriguée dans des zones semi-arides qui reçoivent entre 300 et 500 mm de précipitation annuelle. Ce type d'agriculture peut être rentable dans des zones où la précipitation ne dépasse pas 300 mm par an et dépend essentiellement des températures pendant la période de végétation.
Investir en recherche et développement :
Pour améliorer l'efficacité technique, économique et commerciale des systèmes agricoles,Pour accompagner la mise en place de nouvelles techniques innovantes de production, plus respectueuses de l'environnement,Pour renforcer le positionnement sur les marchés de produits de qualité plus rémunérateurs et source de valeur ajoutée pour l'ensemble des filières régionales :
Pour conjuguer environnement et productivité
Multiplier les mesures hydriques (pompage des nappes fossiles et dessalage de l'eau de mer)pour répondre aux besoins agricoles, des besoins de plus en plus importants liés aux différents facteurs qui s’accumulent : la désertification, la pollution, la concurrence…D’autre part, la nappe albienne n’est pas encore exploitée par l’Algérie alors que la Libye et le Maroc s’y emploient déjà. Rappelons que 90% de cette nappe est sous le territoire algérien.
Développer le marché de l’engrais et le réguler afin de rendre cette ressource accessible en termes de prix et de quantité et en veillant à la qualité, cette ressource reste en effet indispensable pour développer l’industrie agricole.
Construire les zones de stockage nécessaires dans chaque wilaya, (des infrastructures qui correspondent précisément aux denrées produites).
Orienter l’activité des agriculteurs pour répondre à l’autosuffisance:En proposant des crédits d’impôt ou autre avantages fiscaux : l’une des meilleurs façons d’orienter très rapidement le choix des agriculteurs vers la production de denrées nécessaires est d’alléger la fiscalité, voire de la supprimer durant une période définie en amont.En mettant en évidence la réduction des coûts, une production plus économe par la valorisation des potentialités agronomiques locales.En délimitant des zones franches pour encourager les entrepreneurs à s’installer dans les zones désertées et exploitables (exonération d’impôt durant 5 ans).
Développer la régionalisation des wilayas en fonction du climat et des terres arables et encourager de même l’autosuffisance par région pour développer les circuits courts et une réduction des coûts. Au plan géographique, les PME se concentrent dans la dizaine de wilayas du nord du pays. En 2010, 11,9 % des PME recensées se situent à Alger, 5,7 % à Tizi Ouzou, 5 % à Oran, 4,5 % à Bejaia et 4,3 % à Sétif. Les autres wilayas comptent moins de 4 % des PME recensées.
Valoriser l’Agriculture algérienne :
En vulgarisant le secteur dans les écoles, les collèges, lycées et universités et Chambres de commerce et de l’industrie, Proposer des formations aux demandeurs d’emploi.En valorisant la profession d’agriculteur, une profession peu considérée qui ne suscite que très peu d’intérêt, l’image du secteur peut être valorisée par des campagnes de communication lancées par le ministère de l’agriculture, et par des salaires et des revenus valorisés. La profession doit être reconnue en Algérie comme c’est le cas aux Etats-Unis, en Europe ou encore au Brésil où les agriculteurs sont des acteurs reconnus de la société.En développant une forte valeur ajoutée grâce à une activité durable et biologique qui préserve l’environnement et qui réponde à une demande internationale.En développant la production destinée à l’export par l’application de la théorie de l’avantage comparatif: production efficiente, (agrumes, olives, dattes… à déterminer avec les ingénieurs agronomes experts).
Former les entrepreneurs et les employés agricoles :
En créant un ou plusieurs observatoires (à déterminer) dans chaque wilaya pour écouter, conseiller et orienter les agriculteurs quelle que soit l’activité de ces derniers. Des ingénieurs agronomes, fonctionnaires de l’état appuyés par des techniciens auraient la tâche d’auditer à titre gratuit les agriculteurs du département. Ces audits accompagnés de plans d’actions permettraient aux agriculteurs de trouver des solutions efficaces à leurs problèmes. Lors du 1er forum de l’ESS en méditerranée à Tunis en mai 2013, Guillaume Thureau, commissaire général de l’association méditerranée économie sociale et solidaire (medess) a déclaré que « L’accompagnement des agriculteurs est l’une des clés pour atteindre l’objectif d’autosuffisance. Donc, structure territoriale pour qu’au plus proche des populations un entrepreneur trouve à proximité formation, assistance, financement et moyens de développer son activité ».Ces antennes régionales pourraient fournir des informations fiables, pertinentes et permanentes aux acteurs du secteur et aux opérateurs économiques qui veulent investir dans le secteur agricole. Les informations seraient relatives aux besoins, aux prix des produits ; aux prix des intrants, à la productivité des cultures, aux marchés, aux mouvements frontaliers, à l’évolution des relations entre l’agriculture et l’élevage, et à la veille sanitaire.
En développant la formation
Créer’ et subventionner des écoles agricoles pour former les cadres de l’industrie agricole du pays. aux salariés du secteur mais aussi aux adultes en reconversion professionnelle et aux demandeurs d’emplois.Créer de CFA (centre de formation des apprentis) pour les élèves qui souhaitent se former à un métier dès le plus jeune âge.Développer les formations en alternance permettrait aux élèves de bénéficier d’une formation pratique sur le terrain et aux agriculteurs de bénéficier d’une main d’œuvre bon marché.Attribuer de bourses d’étude avantageuses pour les élèves de cette filière.Subventionner des plans de formations destinés aux ouvriers agricoles sur des savoir-faire indispensables (hygiène, sécurité alimentaire…).
LA FILIERE LAIT
Constat :
L’importation de lait a baissé de 4,32% sur les premiers mois de l’année 2013 soit une économie de 21,85 millions de dollars. Ceci dit, l’Algérie reste importatrice de poudre de lait. Les efforts fournis par le ministère de l’agriculture sont encourageants et doivent être multipliés. Les deux principales régions productrices de lait sont celles de Sétif et Tizi Ouzou, cette dernière produit 60% de la production nationale. La wilaya de Tizou Ouzou profite de la présence et du savoir-faire de Danone, Soummam, Tassili, Tifra lait et Pâturages d’Algérie. La production de lait pasteurisé est essentiellement produite par l’Etat (90%), quant aux producteurs privés, ils destinent leur production aux laitages (fromages, desserts lactés, yaourts)... La production de lait est insuffisante et l’Algérie reste donc le premier importateur de lait en Afrique et le troisième mondial après l’Italie et le Mexique.
Cette insuffisance est liée au fait que l’élevage des vaches laitières est principalement traditionnel et extensif d’autre part les superficies fourragères, estimées à environ 668 220 ha, demeurent insuffisantes avec un taux de couverture de 50,5 %. Enfin 90% des acteurs de la filière sont de petits éleveurs qui vivent avec 3 ou 4 vaches au maximum et qui ne peuvent faire plus car ils ne disposent pas des moyens financiers pour nourrir les bêtes. Pour que ces éleveurs soient considérés comme des entités économiques, il faut que leur exploitation se compose d’au moins 20 bêtes .Mais là, un autre problème intervient : les banques ne soutiennent pas cette filière agricole. Le cheptel est constitué de trois races de vaches laitières :
la race laitière hautement productive, importée principalement des pays d’Europe.la race locale peu productive, disponible surtout dans les régions montagneuses, prisée surtout pour sa rusticité.la race améliorée issue d’un croisement entre la race locale et la race importée.
Les races locales et améliorées détenues à 90% par les éleveurs privés représentent quelque 80 % des effectifs. La race laitière qui représente un peu moins de 10% est exploitée par les fermes d’Etat et produit 50% de lait cru au niveau national. Enfin la production de lait est moins rentable que la production de viande ou la production végétale (arboriculture, maraîchages, etc...) ce qui amène de nombreux exploitants à délaisser cette filière.
Développer les PME-PMI de la filière lait
Il faudrait en premier lieu étendre les périmètres irrigués et les superficies fourragères pour augmenter la production. Il faut selon le président du comité interprofessionnel du lait disposer de 200.000 à 250.000 hectares de terres irrigables pour produire du fourrage. Cela permettrait de nourrir 600 à 700.000 vaches et donnerait à peu près 3 à 4 milliards de litres par an. L’Algérie serait alors autosuffisante à 90% pour produire du lait et ses produits dérivés. « Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, M. Nouri Abdelwahab, a annoncé qu’un grand projet d’investissement dans l’élevage de vaches et la production laitière sera bientôt mis en route. Ce projet sera réalisé entre Ghardaïa et El-Goléa, à 600 km au sud d’Alger, par des investisseurs britanniques et irlandais selon la règle 51/49. La contribution de l’investissement étranger permettra d’acquérir le savoir-faire et le transfert de technologies. La réalisation de ce projet comprendra 12 fermes de 3.000 vaches laitières chacune, et s’étendra sur une superficie de 120.000 hectares. L’Etat a déjà réservé 5.000 hectares pour le lancement du projet ».Les principales actions en faveur du développement de la filière lait devraient :Encourager la création de coopératives pour maintenir l’activité des petits éleveurs qui disposent de moins de 10 bêtes.
Développer les partenariats les multinationales comme c’est le cas avec Danone (voir source les échos) afin de développer les compétences des éleveurs.Encadrer les éleveurs par un système de crédit efficient.Organiser des actions de vulgarisation dans un domaine où le professionnalisme est exigé, en raison de la complexité de l’activité.Multiplier les formations et les transferts de technologie dans une politique « gagnant-gagnant » tel que c’est le cas avec Bretagne commerce international qui a mis en place avec le ministère de l’agriculture le projet Alban’ (petit lait en arabe).
LA FILIERE VIANDE
Constat
Même si les importations de viandes rouges congelées ont chuté de 34% les premiers mois de l’année 2013, l’importation de viande rouge fraîche a augmenté de 56,40% selon le Centre National de l’informatique et des statistiques des douanes (Cnis). Selon l’UGCAA, le secteur doit produire un million de tonnes de viande chaque année pour répondre aux besoins de la population. Les Algériens consomment 16 kg de viande alors que la quantité recommandée pour répondre aux besoins nutritifs est de 25 kg par personne et par an. Si le secteur arrive à répondre aux besoins du pays, non seulement les algériens consommeront les quantités de protéines nécessaires mais ils bénéficieront d’un avantage prix non négligeable. L’importation a cependant un impact sur les prix. La production de viandes blanches actuellement est de 600 000 tonnes contre 250 000 tonnes en viandes rouges. Le parc de matériel est vieillissant et le secteur dépend totalement du marché des céréales, la flambée des prix peut entraîner la faillite du secteur. Autre point noir, la filière ne dispose que de 140 000 m3 de chambres froides seulement, alors que les besoins seraient de 10 millions de m3, selon le président du directoire de la SGP Proda (productions animales). De plus, Mohamed Nadjib Djeghab, directeur technico-commercial à Alviar déplore la vétusté des abattoirs qui ne répondent pas aux normes internationales et qui par ailleurs sont éloignés des sites d’élevage ce qui augmentent considérablement les coûts de productions. Il faut aussi noter que la filière ovine est sous-exploitée alors que les algériens sont de grands consommateurs de viande de mouton et que la situation géographique ainsi que le climat du pays orientent l’Algérie vers cet élevage. Il y a là un paradoxe qui doit être résolu rapidement. Une production intensive qui peut être mise en place assez rapidement si des abattoirs mixtes aux normes internationales et un circuit de commercialisation efficace sont mis en place entre les producteurs, les abattoirs, les commerces de gros et les distributeurs. . « Le président du directoire de la SGP-Proda, M. Kamel Chadi, a fait savoir que les trois grands complexes d'abattage en cours de réalisation à l'Est, au Centre et à l'Ouest du pays, seront réceptionnés en avril 2014. Ces trois complexes, réalisés selon les normes internationales, ainsi que l'abattoir d'Annaba, à l'arrêt depuis une dizaine d'années mais en cours de réhabilitation, auront une capacité totale de plus de 50 000 tonnes. » Par ailleurs, les éleveurs d’ovins par manque d’information, de formations et pour des raisons financières préfèrent défricher de manière effrénée les parcours steppiques au lieu d’opter pour des techniques viables qui requièrent un minimum d’investissement, par ailleurs rentable à court terme. La suppression de la TVA et des droits de douanes sur le maïs et le soja instaurée le 1er août 2012 par le ministre de l'Agriculture et du développement rural, M. Rachid Benaïssa est une mesure conjoncturelle qui a permis d’éviter l’effondrement du marché avicole. Cette mesure ne peut suffire à long terme pour répondre aux besoins des différents segments qui composent cette filière. Ainsi les hausses répétitives des prix des matières premières ont poussé de nombreux producteurs à réformer leurs élevages et suspendre leur activité. Les producteurs de la filière sont unanimes, la seule façon de pérenniser le secteur est de produire localement les céréales nécessaires à la consommation des volailles. Tant que l’Algérie ne produira pas ses céréales, ce secteur restera un gouffre financier car d’après le syndicat des aviculteurs, l’alimentation représente 70% du coût de revient pour certains, pour d’autres 90%. En Tunisie, le prix de revient du kilogramme de poulet équivaut à 110 Da, au Maroc, il est de 120 Da, en France, il est de 90 Da, au Brésil, il est de 65 Da alors qu’en Algérie, il oscille entre 150 et 180 Da.
Développer les PME-PMI de la filière viande
Chaque segment de la filière viande doit être étudié, nous proposons donc des actions à mener pour chaque type d’élevage. Ceci-dit certaines mesures concernent toute la filière viande. L’Algérie doit développer l'autonomie alimentaire des élevages et favoriser la mutualisation des investissements pour atteindre l’autosuffisance et répondre aux besoins du marché en termes de prix, de qualité et de quantité. D’autre part, les conditions d'exercice du métier d'éleveur doivent être améliorées pour favoriser son attractivité. Des conseils techniques et/ou des outils d'aide à la décision pourraient être apportés aux éleveurs et le ministère de l’agriculture doit poursuivre et adapter le dispositif des fermes de références en lien avec les nouveaux enjeux par des accompagnements de projets individuels notamment sur la conception de bâtiments, vulgarisation technique en viande. Le gouvernement devrait apporter un soutien financier aux investissements réalisés dans les élevages, pour l'adaptation et la modernisation des bâtiments d'élevage, l'amélioration des conditions de travail et d'hygiène sanitaire, le bien-être des animaux et le renforcement de la protection de l'environnement. Des solutions peuvent être apportées aux éleveurs pour soutenir l’autonomie sur l’exploitation par une aide à l’indépendance protéinique par exemple et pour limiter l’approvisionnement en aliments pour bétail. Enfin, le ministère de l’agriculture pourrait développer les labels dans chaque segment pour valoriser la production locale. Les trois priorités urgentes restent la production de céréales destinée à l’élevage, la livraison de chambres froides dans tout le pays et d’abattoirs à proximité des zones d’élevage.
La filière bovine
Les principales actions en faveur du développement de la filière bovine devraient :
Inciter les petits éleveurs à se regrouper en coopérative.Encourager par des subventions l’élevage des ruminants dans les régions où les surfaces en herbe sont importantes. L'herbe présente l'avantage d'être peu consommatrice en intrants et de constituer une ration alimentaire équilibrée.Inciter (grâce à des campagnes d’information) les agriculteurs à favoriser le pâturage par les animaux pour limiter les coûts de production. L'objectif étant d’encourager une valorisation économique des prairies permanentes et temporaires et contribuer ainsi à une augmentation des surfaces en herbe.Créer des ateliers d’engraissement de jeunes bovins pour compléter et améliorer la productivité de l’élevage.Valoriser le secteur en proposant un concours national au sein du salon de l’agriculture pour promouvoir les plus beaux cheptels du pays. S’inspirer du salon de l’agriculture à Paris qui est devenu un évènement national. Développer le sentiment d’appartenance à un secteur essentiel, l’amour et le respect de l’animal.
La filière ovine
Les principales actions en faveur du développement de la filière ovine devraient :
provoquer une intensification des cultures fourragères,développer la race OuledDjellal originaire du centre-est du pays particulièrement adaptée et qui présente des aptitudes de production reconnues.(vitesses et gains de poids importants).création d’une unité d’abattage.fluidifier les circuits de commercialisation pour atteindre les marchés importants (Alger, Oran, Annaba et Constantine).
La filière avicole
Au vue de la production de céréales nécessaires pour pérenniser la production avicole, cinq (5) solutions sont envisageables :
produire localement les céréales pour satisfaire la demande des producteurs des différents segments de la filière avicole en plus de la production de céréales nécessaires destinée aux autres filières de l’agro-industrie. Des volumes considérables uniquement pour la filière avicole quand nous savons que la consommation moyenne journalière d’une poule pondeuse en été est de 120 g, soit 12 quintaux/jour pour une batterie de 10 000 poulettes auxquels nous devons ajouter la consommation destinée aux poulets de chair soit 6 kg de céréales pour 2kg de viande.Réguler efficacement les prix sur toute la filière avicole tout segment confondu pour éviter que les producteurs produisent à perte. «Sur le marché de gros, la palette de 30 œufs se négocie entre 180 et 200 DA. A ce prix, le producteur travaille à perte, car il faut savoir que le prix de revient est de 210 DA la palette», expliquent les plus gros producteurs de la wilaya de Tizi Ouzou.Transformer les déchets de l’industrie agro pour satisfaire les besoins de consommation de la filière.Orienter la consommation des algériens sur la viande ovine et bovine et réserver la volaille à une consommation ponctuelle. Il serait plus rentable de développer l’élevage des ovins, l’alimentation de cette filière est en effet moins problématique en Algérie. Cette filière mérite une réflexion approfondie et une prise de conscience nationale. Cette quatrième option paraît la plus pragmatique au vu de la situation économique du pays. La consommation de masse de la volaille est très récente en Algérie et cette consommation est calquée sur le modèle occidental, or l’Algérie peut sortir de ce gouffre financier si la demande est orientée vers la production ovine. Cette filière peut atteindre rapidement l’autosuffisance et un prix acceptable pour le consommateur final sans une politique d’endettement.Protéger les élevages des pertes excessives chaque été par le développement de climatisation solaire.
LA FILIERE HALIEUTIQUE
Constat
Le cabinet londonien, Oxford Business Group, (OBG) dans son dernier briefing, estime que l'avenir du secteur de la pêche en Algérie est prometteur. La réorganisation du secteur a démarré en 2006 grâce à l’intérêt porté par les investisseurs privés, en effet, de 2006 à 2010, 2,6 milliards de dinars ont été investis d’après une source proche du groupement d'intérêt commun des Entreprises de gestion des ports de pêche (EGPP). L’Algérie dispose d’une importante biodiversité mais sa production reste la plus faible des pays méditerranéens, de plus, la pêche des petits pélagiques représente 70% de la production halieutique. L’Algérie dispose pourtant de ressources à très forte valeur marchande, des poissons nobles appréciés par les étrangers tels que le mérou, la dorade, le thon rouge, l’espadon, les crustacés (crevettes royales, langoustines, langoustes), les céphalopodes (poulpes, seiches, calmars), les algues (600 espèces) et le zooplancton. Les quantités et les prix ne permettent pas aux algériens de consommer régulièrement du poisson, la consommation moyenne en Algérie est de 5 kg par an et par habitant pour une moyenne mondiale de 12 kg par an et par habitant. L’Algérie doit préserver ses côtes contre les différents actes d’incivilités tels que la pollution, le non-respect des périodes de repos biologique, l’extraction anarchique du sable des côtes, le pillage du corail et le comportement irresponsable de certains marins pêcheurs. D’après Hocine Bellout, président du Comité national des marins pêcheurs, les côtes devraient être protégées par une « police de la pêche » (réclamée depuis 2005) pour lutter contre les infractions de plus en plus nombreuses commises par les marins pêcheurs. « Ils pêchent dans n’importe quelle zone, en utilisant tous les moyens à leur portée, comme les filets interdits ou encore la dynamite. En plus de la pollution, le résultat ne peut être que catastrophique. Le poisson est aujourd’hui en train de quitter les côtes algériennes ». En ce qui concerne l’aquaculture, « bien que 12 projets d'aquaculture financés par l'argent public aient été lancés, leur viabilité est menacée par le coût élevé des aliments pour poissons, que les exploitants doivent importer », estime OBG. « La principale faiblesse de l’Algérie en la matière, est sûrement le manque de passerelles entre la formation, la recherche et la production. Des investissements ont bien sûr été réalisés par le passé mais bien souvent, par manque de coordination avec d’autres actions et de formation du personnel, ce furent des coups d’épée dans l’eau».
Développer les PME-PMI de la filière halieutique
Les principales actions en faveur du développement de la filière halieutique devraient :Contribuer efficacement à la sécurité alimentaire ; amélioration qualitative de la ration alimentaire du citoyen algérien.développer l’aquaculture sans oublier le sud de l’Algérie qui dispose de ressources hydriques, effectuer des études d’impact avant d’entreprendre toute actionPrendre en charge sérieusement la formation, la recherche et la vulgarisation du secteur.Elaborer une politique incitative à l’investissement nationale et internationalePromouvoir le poisson algérien en créant un « label Algérie ».Participer à la promotion des exportations hors hydrocarbures en générant des recettes en devises.Développer des partenariats internationaux en vue d’une exportation rationnelle des ressources.
LA FILIERE AGRO-ALIMENTAIRE (dans sa globalité)
Constat
Sur les 5 000 entreprises opérant dans la branche des industries agroalimentaires, seules 162 sont exportatrices, dont uniquement 5 de manière régulière, déplore Ali Aris, consultant auprès du programme de renforcement des capacités commerciales des pays arabes. (EnAct). Seules Cinq entreprises exportent régulièrement. Toujours selon Ali Aris, la structure des produits exportés hors hydrocarbures relevant des industries agroalimentaires est constituée essentiellement de produits de terroir, tels l’huile d’olive et les dattes, avec une prépondérance pour le sucre raffiné produit particulièrement par le groupe Cevital. Malgré l’impérative nécessité de cette privatisation, restent les problèmes du pilotage et de la régulation des marchés de certains produits agro-alimentaires dits de large consommation, qui caractérisent le modèle de consommation algérien, tels que la semoule, la farine et le lait dont les prix demeurent toujours soutenus par l’Etat. La majorité des experts de l’agro-alimentaire s’accordent à dire que le processus de privatisation de ce secteur, de la façon dont il est conçu et mis en œuvre, risque d’échouer, car une grande partie des entreprises publiques n’ont pas été préparées à une ouverture économique réelle et solide. Ainsi, à l’exception de certaines entreprises telles que Blanky (filière sucre) ou Djurdjura (filière lait et dérivés) qui ont entrepris des formules de partenariat avec des entreprises étrangères renommées, les sociétés publiques structurant cette filière, quant à elles, n’ont pas su passer la main au secteur privé. La filière des céréales, reste cependant peu investie par le privé car son développement demeure fortement conditionné par les aléas climatiques et l’emprise des pouvoirs publics en raison de son aspect social.
Développer les PME-PMI de la filière agro-industrie
Les principales actions en faveur du développement de la filière agro-industrie devraient :Proposer des crédits d’impôts très intéressants aux PME qui s’orienteront sur la fabrication de denrées importées et dans la fabrication d’emballage.Encourager l’installation des idE par des campagnes de promotion auprès des chambres de commerce à l’étranger.Faciliter l’accès aux produits financiers pour les industriels (crédit fédératif leur permettant de créer un réseau d’opérateurs autour des usines de transformation).Financer la mise en place des dispositifs HACCP cet outil de travail international permet d’identifier, d’évaluer et de maîtriser les dangers significatifs au regard de la sécurité des aliments.Financer la formation continue pour la mise en place de systèmes de management de la qualité selon le référentiel ISO 9001-2008 pour diminuer les retours de produits non-conformes, fidéliser les clients, ouvrir de nouveaux marchés, protéger les savoir-faire, diminuer les coûts de revient et de non-qualité, améliorer l’image de son organisation et motiver ses collaborateurs à l’atteinte de résultats valorisants.Financer la normalisation et la standardisation des méthodes et process de fabrication de la filière.Mettre en place des organismes performants d’Evaluation de la Conformité.
En conclusion générale
Nous pouvons titrer après cette analyse deux axes directeurs :
Premièrement, il s’agit de repenser le développement des filières nécessite une vision holistique et systémique locale et globale de l’économie et de l’aménagement du territoire qui ne peut se concevoir sans l’étude approfondie des relations entre nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), production d’énergie renouvelable, agriculture et industrie agroalimentaire, une nouvelle conception qui devrait donner lieu à la mise en place d’un comité de pilotage inter-filières. Lier production d’énergie, développement de l’irrigation, augmentation de la production agricole, utilisation des boues des stations d'épuration comme engrais agricole, est en effet la première étape du développement de la filière agroalimentaire qui doit être repensée sur le plan régional. Les boues des stations d'épuration doivent en effet répondre aux besoins de l’agriculture, la station d’épuration devant fournir le type de boue nécessaire à la production locale. Autre exemple, la perte d’une énorme partie du « cheptel » avicole chaque été impose par exemple la mise en place de climatisations solaires : des machines frigorifiques à absorption nettement moins coûteuses que les panneaux solaires. Ce nouvel axe de développement de l’exploitation de l’énergie solaire permettrait ainsi de mettre en place une filière solaire innovante, échappant à la concurrence des panneaux solaires chinois au rendement énergétique médiocre. Nous réalisons d’ailleurs une étude sur ce sujet. En effet, l’historien de l’économie Alfred DuPont Chandler fut un des premiers à concevoir l’entreprise non comme une entité mais comme une structure mettant ainsi en valeur l’organisation des entreprises. Les travaux d’André Gorz ont eux aussi bouleversé la pensée économique en repensant l’organisation des entreprises autour de pôles de compétitivité liant formation, recherche et PME-PMI. La knowledge economy, l’économie de la connaissance était née. André Gorz soulignait ainsi « la nécessité de l’innovation en réseau » par le développement des clusters. Un cluster étant une grappe d’entreprises (PME-PMI) et d’universités constitué sur le plan local appartenant souvent à une même filière industrielle ou technologique. La Silicon Valley est un très bon exemple de cluster innovant.
2.-Les mesures sont structurelles, pour certaines les résultats seront rapides pour d’autres plus techniques, elles prendront plus de temps mais elles seront tout de même bénéfiques. Atteindre les objectifs de souveraineté alimentaire, de sécurité alimentaire, de développement rural, de préservation des emplois et de l’environnement, implique que l’Algérie y consacre enfin un budget ambitieux. Un plan coordonné de développement des filières sera la clé de la réussite et nécessitera de nombreuses études plus poussées et surtout plus précises. Tout doit commencer par le développement d’une production agricole qui doit être étudiée finement produit par produit. La mise en place de clusters régionaux liant centres de recherches agronomiques, écoles d’agricultures et lieux de production permettrait aux PME-PMI de se développer harmonieusement en créant des partenariats soutenus par l’Etat. N’oublions pas qu’en France les productions sont locales à l’exemple du département agricole du Lot et Garonne où les tomates sont cultivées autour de la ville de Marmande et les pruneaux autour de la ville d’Agen. Un double processus de décentralisation permettant aux régions de se développer ainsi qu’un soutien au développement du secteur productif privé seront les conditions sine qua non de la réussite. « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible. » Antoine de Saint-Exupéry.
Biographie Inès Bonafi
Franco-algérienne, Consultant-formateur, spécialiste de la grande distribution. Membre de l’Institut Euro-Maghrébin d’Etudes et de Prospectives. Diplômée de l’Ecole Supérieure de Commerce de Pau (ESC). Professeur d’économie et management à Bordeaux dans l’enseignement supérieur. Ex cadre du groupe Carrefour, Inès Bonafi était référent au service formation et audit pour l’ensemble des supermarchés Carrefour Market d’Île-de-France. Inès Bonafi a réalisé une étude intitulée « La grande distribution en Algérie : les leçons du passé » au sein de l’ouvrage collectif publié aux éditions Harmathan Paris France sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul et du docteur Camille Sari « L’intégration économique maghrébine : un destin obligé ? ».Email : [email protected].
Gilles Bonafi
Expert international, spécialiste du Maghreb. Collaborateur du centre de recherche sur la mondialisation. Vice-président de l’Institut Euro-Maghrébin d’Etudes et de Prospectives (IEMEP). Gilles Bonafi a réalisé de nombreuses analyses publiées en France et à l'étranger au sein de centres de recherche, revues, sites d'information, blogS…Il anime d'autre part un blog de réflexions et d'analyses économiques : http://gillesbonafi.blogspot.fr/. Il termine actuellement la rédaction de son livre qui décrypte l'évolution de la pensée économique et les véritables raisons de la crise systémique, une approche « jungienne » de l’économie et prépare une thèse de doctorat sus la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul