Préambule
Cette contribution pour le site Algérie1 est la synthèse d’une partie du volume sept (VII) audit réalisé sous ma direction, d’une brûlante actualité remis au Premier ministre Abdelmalek SELLAL le 15 janvier 2013 concernant des dossiers sectoriels dont le BTPH. Nous avons extrait trois contributions, celles du docteur Abdelmajid DENNOUNI - Président de la Confédération générale du patronat- BTPH, Cherif OUABDESSELAM ancien Vice président SONATRACH et Nidam ABDI Expert en Europe dans le domaine de l’efficacité énergétique
Ces contributions traitent d’un thème important pour le devenir de l’Algérie le BTPH. Comment ne pas rappeler qu’assisté du Ministère de l’intérieur, des 31 walis de l’époque, du ministère de l’habitat, en tant que directeur général des études économiques et premier conseiller à la Cour des Comptes, j’ai eu à diriger un important audit pour la présidence de la république de l’époque sur la gestion de l'habitat (1982/1983). Cette présente contribution sera suivie d’autres contributions remis au Premier ministre intéressant le devenir de l’Algérie
Au moment où avec la chute du cours des hydrocarbures, posant la problématique de la sécurité nationale, l’Algérie risque de connaitre d’importantes tensions budgétaires, nécessitant un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités sociales grâce à un dialogue productif au profit exclusif de l’Algérie et une réorientation urgente de la politique socio-économique afin d’éviter le drame des impacts des année 1986, j’ai jugé utile de mettre à la disposition du large public l’audit réalisé sous ma direction assisté de 20 experts internationaux (économistes- sociologues-juristes-ingénieurs) et remis au Premier Ministre le 15 janvier 2013 (huit volumes).
Cet audit a été réalisé sans aucune rémunération, à la demande de Mr Abdelmalek SELLAL, avant la baisse du cours des hydrocarbures de juin 2014 au niveau mondial mais avec des prémisses dues à la chute en volume physique des exportations de SONATRACH depuis fin 2007, est d’une actualité brûlante.
Le contenu de cette brève synthèse n’a subi aucune modification. Au lecteur de juger, ayant insisté fortement en préface que la bataille de la relance économique future de l’Algérie et notre place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance et notre capacité à innover. Face aux tensions géostratégiques, des stratégies d’adaptation étant nécessaires tant au niveau extérieur qu’intérieur, espérons avoir fait œuvre utile pour le devenir de l’Algérie pour un devenir meilleur.
Professeur Abderrahmane MEBTOUL –Expert international
SYNTHESE PREMIERE CONTRIBUTION
Comment dynamiser le BTPH par la levée des entraves bureaucratiques?
Docteur Abdelmajid DENNOUNI Président de la Confédération générale du patronat- BTPH
1.-Problématique
Depuis le lancement par les pouvoirs publics du programme de 1 million de logements, les entreprises algériennes, privées et publiques, n’ont pas su profiter de cet ambitieux plan, laissant filer entre leurs mains des chantiers à coup de milliards de dinars au profit d’entreprises chinoises, portugaises, italiennes et égyptiennes. Et pour cause, la quasi-majorité des entreprises publiques de bâtiments souffrent de bon nombre de lacunes, dont retard de mise à niveau, mauvaise gestion, manque de qualification des travailleurs et absence de financement de la part des banques. Ce sont ici autant de difficultés auxquelles font face ces entreprises, et qui interpellent du coup le ministre de l’Habitat L’urgence est ’une restructuration des entreprises tant publiques que privées. Pour les entreprises publiques, selon le Ministère de l’habitat, le programme de restructuration prévoit la création de cinq grandes entreprises de réalisation couvrant les régions de l’Est, du Sud-est, du Centre, de l’Ouest et du Sud-ouest. Les régions du sud du pays connaissent un déficit de moyens de réalisation des programmes de logements et d’équipements, ce qui a amené le ministère de l’Habitat à envisager de nouveaux mécanismes à même d’attirer les entrepreneurs.
2.-Propositions
a.-Le texte de la loi sur la promotion immobilière promulguée en 2011 est «inapplicable sur le terrain, tant il est vrai qu’il est complexe. » C’est une loi pénale, en ce sens que sur les 70 articles, 17 sont relèvent du code pénal Pour preuve le recul dans la réalisation du nombre de logements par le secteur privé. « Entre 2005 et 2009, nous réalisions 90.000 logements par an. De 2009 à aujourd’hui nous ne faisons plus que 12.000 logements. » Et même si le ministère de l’Habitat a confié la réalisation des logements aux ELPF et OPGI, il n’en demeure pas moins « qu’ils sous-traitent avec les entreprises privés, »;
b.-Avant la promulgation de cette loi, la liste des bénéficiaires de logements, tous types confondus, était établie par les promoteurs qui la transmettaient aux daïras qui procédaient au sas et décidaient de l’octroi des aides par la Caisse nationale du logement. La relation était directe. Il faut revenir aux règles universelles tout en activant les organismes de contrôle ».
c.-Le secteur local du BTPH qui emploi 820.000 travailleurs est confronté à la concurrence déloyale, notamment avec les entreprises étrangères qui sont souvent favorisées par rapport aux sociétés nationales privées. D’où l’importance de l’amendement du code des marchés publics pour plus de transparence, ainsi que la refonte du code de l’investissement.
d. Une autre entrave au privé national , les cimenteries ne jouent pas le jeu allant dans la discrimination. Ainsi, les entreprises publiques ou étrangères qui réalisent des projets structurants se doivent d’importer du ciment, dès lors qu’elles soumissionnent à l’international avec le prix de 4 euros le sac de ciment. A cet effet, je suggère une disposition à inclure dans le cahier des charges, à savoir «défiscaliser l’importation du ciment» et obliger les grandes entreprises étrangères à soumissionner pour le ciment, aux prix pratiqués à l’international, et d’importer leurs quotas, soit 1,8 MT/an, au lieu de l’acheter sur le marché national au même prix que celui imposé aux entreprises nationales. D’autre part, pour éviter d’effacer tout un pan d’entreprises aux qualifications inférieures ou égales à 5 voire 6, nous demandons aux pouvoirs publics de revoir la discrimination faite à ces outils nationaux. Ce manque de matériaux peut se répercuter sur la qualité du béton armé et donc de la sécurité de la construction… C’est pourquoi l’on assiste et l’on voit beaucoup de contentieux entre entrepreneurs et maîtres de l’ouvrage faute d’application des règles d’actualisation des prix des matériaux de construction;
e.- On voit beaucoup de briqueteries qui s’implantent un peu partout. Ce qui en soi a réglé quelque peu le problème de la brique ; donc reste celui du ciment. Pour cela, seule la libéralisation des prix pourra résoudre le problème même s’il y a opposition à cette solution en arguant que cela va générer une hausse du prix du logement, entre autres.
f.- Dirons que si on achète le sac de ciment au même prix que celui du marché international, soit à 400 DA environ, au lieu de 300 DA actuellement, on aura l’avantage d’éliminer la spéculation, les cimenteries pourront financer leur investissement en usant de cash flow, qu’elles vont générer par les liquidités. Elles ne pourront plus compter sur le soutien financier de l’Etat, ce qui leur économise des frais financiers importants et permettra également aux opérateurs nationaux d’importer leur ciment, ce qui permettra de réguler le marché et de combler le déficit de 3 millions de tonnes par rapport à la demande.
g.-Avec le programme d’investissement de GICA, il n’y aura plus de pénurie, ni de situation de monopole, les prix seront contrôlés et de meilleurs délais de livraison assurés. C’est un problème économique et il faut le régler par des mécanismes économiques. Le contrôle ne fait qu’augmenter la spéculation, les retards dans les réalisations, le chômage forcé du personnel…
h.-Le ciment semble être l’un des chaînons manquants de la construction. Rien que pour les cimenteries publiques qui sont une douzaine, les pouvoirs publics sont engagés dans ce secteur depuis le premier quinquennat (1992). Pour combler ce manque, ces mêmes pouvoirs ont décidé d’investir 7.600 millions USD pour permettre aux cimenteries publiques d’ajouter 3 millions de tonnes par an. Sur la production du ciment, il faut savoir que pour aller dans le sens de la promotion de cette production, Gica ambitionne de lancer deux autres cimenteries. L’une est attendue à Béchar avec une capacité de production de 2 millions de tonnes par an et l’autre à Djelfa. Pour celle-ci, le volume de production prévu est d’un million de tonnes par an. Pour faire sortir ce projet de terre, plusieurs sociétés, à l’instar du groupe Sonatrach, ont décidé de se lancer dans l’aventure pour produire et satisfaire la demande. Il se trouve que ce marché est victime de la spéculation, laquelle est un problème économique qu’il faut impérativement régler par des mécanismes économiques. Comment dans ce cas de figure ? En libérant les prix de vente au niveau national et l’aligner sur le marché international. Certes, le feu vert est donné depuis avril 2011 pour promouvoir la production nationale avec un appui financier en monnaies sonnantes et trébuchantes, cette production n’arrive toujours pas à satisfaire la demande nationale.
1.- - Il ya lieu d’évoquer également le problème de la disponibilité de la main-d’œuvre qualifiée. Le système LMD (licence Master doctorat) instauré pour répondre au marché et aux besoins des entreprises n’a pas atteint ses objectifs. L’on déduit aussi qu’il en va également de la qualité du travail.
En résumé, s’agissant toujours de la production de ciment, les pouvoirs publics ont lancé un vaste programme durant le quinquennat 2010-2014 pour satisfaire la demande. Cette demande sera effectivement satisfaite à l’horizon 2014, en attendant, le gouvernement a décidé d’importer un million de tonnes par an et quelques opérateurs économiques ont décidé de se lancer aussi timidement dans ce marché d’importation. D’une manière générale, L’ANDPME a un grand rôle à jouer en matière de développement des PME en Algérie. Cette institution a d’étroites relations avec le CNC-PME, le ministère de la PME et de l’Artisanat et plusieurs organisations et associations patronales et chambres de commerce. Cette agence doit proposer des amendements aux textes de lois en relation avec l’environnement de l’entreprise, elle doit être la courroie de transmission des propositions des opérateurs économique et l’organe d’exécution du programme du gouvernement en matière de développement de la PME. Toutefois, n’ayant pas une vision de sinistrose. Plusieurs importantes rencontres ont permis de nous regrouper depuis un an, avec le ministre de l’Habitat. Les différentes mesures qui bloquaient l’entreprise ont été prises en compte tels les retards dans les délais de paiement des situations de travaux, la régularisation des travaux supplémentaires dans les délais, le règlement, au cas par cas des situations contentieuses des entreprises... d’autres propositions sont en cours d’étude au niveau du ministère de l’Habitat. Nous proposons de toiletter les textes par les professionnels et les pouvoirs publics pour simplifier l’acte de gestion et de création de nouvelles entreprises.
NB- Président de la Confédération générale du patronat- BTPH. - titulaire d’une licence en sciences économiques, de l’université d’Oran, d’un 3e cycle en sciences politiques et d’un doctorat en sciences économiques obtenu en France, à Rennes 1. Dr Abdelmadjid DENNOUNI est à la tête d’une entreprise, implantée à Tlemcen, créée en 1966, qui a pris de l’essor et s’est développée en devenant groupe Dennouni. Il compte aujourd’hui pas moins de dix PME-PMI dans différents domaines
SYNTHESE DEUXIEME CONTRIBUTION
Pour de nouvelles méthodes de construction moins couteuses et économisant l’énergie ?Cherif OUABDESSELAMAncien Vice président SONATRACH
Le présent rapport a pour objet de présenter des éléments de réflexion, autour du thème du développement des matériaux de construction, dans le secteur du BTP. Notons, en premier lieu, que, dans le monde, la gamme des matériaux de construction est extrêmement vaste, d’où la difficulté d’une approche globale, précise et exhaustive
1.-Pour les différents matériaux, on peut distinguer les matériaux modernes :-Béton conventionnel (Sable + gravier + ciment), béton cellulaire (sable + microbulles d’air + ciment), acier, aluminium, verre, matière plastique, bitume--Préfabriqué en béton conventionnel -Béton léger, cellulaire ou à granulats légers, préfabriqué ou coulé sur place --Carrelage, carreau de plâtre, granulat, géocomposite, géosynthétique, géotextile, liant papier,plaque de plâtre, PVC, carreau de terre cuite -Isolants thermiques : Liège, diverses mousses de polymères (PSE, polyuréthane, phénolique, etc.), air captif, ouate de cellulose, fibre de bois, paille, laine de mouton, double-vitrage, etc. -Isolants phoniques : Béton, laine de verre, double vitrage,mousses, etc. Nous avons également les matériaux traditionnels dont les produits utilisant une grande variété de matériaux de base : Ciment, sable, argile cuite, terre crue, plâtre, chaux, bois et dérivés, polymères, etc. Quant aux matériaux locaux, selon les pays, le terme, englobe une gamme plus ou moins variée de matériaux, dont les caractéristiques sont examinées sous plusieurs angles : géographique, technique, économique, sociale, culturelle écologique. En Algérie, la notion de « matériaux locaux » a souvent été victime d’une vision réductive ou simpliste : Limitée à quelques matériaux, tels que pierre, chaux, et BTS à base de la terre crue, ou ramenée simplement aux matériaux non importés, quelque soit l’impact sur l’économie. Dans un cahier des charges relatif à un programme dit « Eco-bât », lancé en mars 2009, en partenariat entre les secteurs de l’Habitat et de l’Energie, pour la recherche de moyens susceptibles de réduire les consommations d’énergie, il fut stipulé l’obligation de « recourir à l’utilisation des matériaux locaux, et sans pour autant qu’une définition ne fusse indiquée sur ce qu’on entendait par ce terme. C’est ainsi que des solutions utilisant des parpaings creux, en béton ordinaire, dont on sait les piètres performances mécaniques et thermiques, ont été préférées, par certains « experts », à celles à base de matériaux bien plus performants, tels que le béton cellulaire curé à l’air libre. D’autres errements bureaucratiques, sortant du cadre du sujet, et dus principalement à l’absence de contrôle des cahiers des charges, ont donné des résultats inconnus à ce jour, après plus de 4 années, depuis que ce programme a été lancé. Une autre approche que nous adopterons, car plus pratique, consiste à distinguer entre matériaux disponibles sur le marché, d’une part et ceux à promouvoir, d’autre part. En outre, nous entendrons par « matériau innovant » tout matériau susceptible de mieux répondre aux besoins actuels et futurs, tout en permettant d’améliorer la qualité et à moindre coût, et ce, qu’il soit disponible sur le marché ou à promouvoir. Après une analyse succincte de quelques matériaux de construction disponibles sur le marché, et de matériaux à promouvoir et pouvant être développés à court terme, nous conclurons par nos principales recommandations.
2.- Quels sont les matériaux à promouvoir ? Pour atteindre l’objectif de diversification des matériaux et des techniques de construction, il est impératif de prendre un certain nombre de mesures urgentes, visant à promouvoir et à développer de nouveaux matériaux qui soient d’emblée innovants, c’est-à-dire qui puissent mieux répondre aux besoins actuels et futurs du citoyen, en qualité et délais et à moindre coût, comparés aux matériaux disponibles. Pour mériter le terme de « matériaux innovants », les nouveaux matériaux devront offrir les avantages suivants : -technologie simple et aisément accessible ; réduction des investissements et des coûts de fabrication et de mise en œuvre ; adaptation aux ressources disponibles en matières premières et en main d’œuvre ; protection contre les séismes de forte magnitude ; étanchéité à l’air et à la pluie, afin d’éliminer l’insalubrité de l’air ambiant à l’intérieur des habitations ; esthétique des parements de façade et contribution au développement durable : Efficacité énergétique, préservation de la santé, respect de l’environnement et valorisation des ressources naturelles et surtout les économies d’énergie, en ne perdant pas de vue l’objectif de 40 % de performance énergétique à atteindre à moindre surcoût, fixé par les pouvoirs publics. En sus des caractéristiques physico-chimiques, mécaniques et thermiques supérieures, les nouveaux matériaux devront être économes grise et présenter une moindre pénibilité, comparés aux matériaux existants. Pour rappel, l’énergie grise est la quantité d'énergie nécessaire au cycle de vie d'un matériau ou d'un produit : production, extraction, transformation, fabrication, transport, mise en œuvre, utilisation, entretien et recyclage.
3.- Quelles sont les différentes filières à promouvoir ?Ainsi, plusieurs filières industrielles de nouveaux matériaux seraient à promouvoir et à développer, sachant que chacune d’elle exigera un certain effort de recherche et de développement, ainsi que le concours de nombreux experts. Dans ce rapport, nous ne traiterons que les filières les plus potentiellement innovantes : Celles du ciment, des aciers de construction métallique et de l’argile cuite.
3.-1.-Filière ciment : si les bétons allégés ont été quelque peu développés, il n’en va guère de même pour le béton cellulaire curé à l’air libre, qui constitue pourtant un matériau innovant, dans le plein sens du terme, pour des pays en développement comme l’Algérie: Faisant partie de la classe des bétons cellulaires, ce matériau peut se définir comme un béton léger, de densité variable, et dans lequel le gravier est remplacé par des microbulles d’air. On distingue 2 sous-classes de béton cellulaire: le béton cellulaire autoclavé, ou béton gaz, qui utilise un mélange de chaux et d’aluminium en poudre, pour la confection des bulles d’air, et durcit nécessairement en autoclave. Nécessitant d’énormes investissements, ce matériau ne peut être fabriqué et mis en œuvre, qu’en usine, d’où l’impossibilité de le couler sur place, notamment pour la réalisation de structures complètes, à l’aide de coffrages modulaires. De plus, il s’avère particulièrement énergivore, et nécessite l’emploi d’un enduit de façade spécifique, afin de compenser un défaut rédhibitoire, à savoir : Un taux élevé d’absorption d’eau. La non disponibilité de cet enduit spécifique sur le marché local, ainsi que d’autres raisons liées à la complexité de la technologie, au taux élevé d’absorption d’eau et à un coût particulièrement élevé, ont conduit à la fermeture d’une importance usine de matériaux en béton cellulaire curé en autoclave, implantée à Meftah. Nous avons aussi le béton cellulaire curé à l’air libre, ou béton-mousse, qui utilise un agent liquide moussant, pour la confection des bulles d’air, et durcit à l’air libre, comme un béton ordinaire. Matériau polyvalent, le béton-mousse peut s’avérer particulièrement efficace, tant pour le coulage sur place de structures complètes pour logements ruraux, que pour la fabrication en usine, de divers produits. En matière de coût, sachant que les microbulles d’air contenues dans le béton-mousse remplacent, pratiquement, le gravier contenu dans le béton conventionnel, on constate qu’à épaisseur égale, le prix d’un m3 de voile porteur en béton-mousse est moins élevé que celui en béton conventionnel. En effet, le coût du gravier y est de l’ordre de 1.500 D.A, comparé à l’agent moussant nécessaire pour la confection des microbulles d’air, qui revient, en moyenne, à 4,5 Euros, soit environ 500 D.A. En présentant des qualités thermiques 4 à 5 fois supérieures, on en déduit, ainsi, que le béton-mousse offre un bien meilleur rapport Qualité/Prix que le béton conventionnel. Par ailleurs, le béton cellulaire consomme 3,5 fois moins d’énergie grise que la brique creuse (200 kWh/m³ au lieu de 700 kWh/m³). Gâce au développement d’une technologie simplifiée et aisément accessible, tout en conservant de bonnes performances mécaniques et thermiques, le béton-mousse paraît beaucoup mieux adapté aux conditions locales que le béton-gaz, curé en autoclave. Il importe, cependant, de noter qu’en sus des sociétés de Recherche et Développement, ayant développé des technologies spécifiques et reconnues comme fiables et rentables, il existe, dans le monde, d’autres sociétés ayant inondé le marché d’agents moussants contrefaits, dont les performances sont loin d’égaler les produits d’origine. D’où l’impérieuse nécessité de recourir à l’avis d’experts, pour le choix de l’agent moussant, sous peine d’essuyer de fâcheuses mésaventures. Ainsi, les deux points cruciaux influant sur les performances du béton-mousse se situent au niveau de l’agent moussant nécessaire pour la confection des microbulles d’air, d’une part, et du ratio Eau / Ciment, d’autre part. En outre, les performances de ce matériau dépendent de la qualité du ciment, du sable et de l’eau de gâchage utilisés localement et du soin apporté à la confection des mélanges. En général, un agent moussant à base organique produit un matériau de résistance à la compression suffisante pour son emploi dans des murs à maçonnerie porteuse chaînée. En outre, selon qu’il est à base organique ou synthétique, l’agent moussant est biodégradable et non nocif pour l’homme, ou le contraire. Confectionné, généralement, sous des densités pouvant varier de 400 à 1.600 kg/m3, le béton-mousse permet des applications variées, selon que le niveau de priorité à accorder à la résistance mécanique ou aux qualités thermiques, telles que : structures complètes, ou voiles, coulés sur place, à l’aide de systèmes de coffrages modulaires ; blocs et carreaux de structure et d’habillage, prédécoupés et montés au mortier colle, pour murs et cloisons, et entrevous pour planchers, fabriqués en usines semi-automatiques de capacité pouvant varier de 100 à 500 m3/jour, ou plus simplement, en usines à ciel ouvert, non automatisées, de capacité 40 à 45 m3/jour en 2 rotations ; grands panneaux autoportants, fixés aux ossatures, à l’aide d’un système coulissant ; -chapes thermo-acoustiques de planchers courants, et formes de pente isolantes pour toitures et terrasses, coulées sur place, à l’aide de malaxeurs-pompes de capacité 10 à 15 m3/heure et les ouvrages anti-feu pour ossatures métalliques, absorption des bruits dans les lieux de culte et de loisirs, murs antibruit sur autoroutes, etc. Largement utilisé dans le monde, notamment dans les pays anglophones, sous les dénominations : Cellular Lightweight Concrete, Foam Lighweight Concrete, Aerated Lightweight Foamed Concrete, etc., le béton cellulaire curé à l’air libre, ou béton-mousse, est a été développé par un nombre restreint de sociétés de R&D, dont certaines ont participé à la réalisation de plus de 700.000 logements répartis dans le monde.
3.-2.-Filière des aciers de construction métallique En Algérie, la filière des aciers de construction métallique a connu un certain développement limité aux hangars industriels, mais elle a fait, rarement, l’objet d’applications dans des projets de bâtiments d’habitation et d’équipements publics. Pourtant, ces aciers constituent bel et bien des matériaux innovants, dans la mesure où ils permettent de raccourcir, notablement, les délais de réalisation, tout en garantissant une qualité constante, grâce à la fabrication en usine des structures métalliques et aux équipements de levage et de manutention modernes utilisés pour leur montage sur site. De plus, l’acier de construction résiste mieux que le béton, notamment aux efforts de traction et de cisaillement, et permet, grâce à sa ductilité, d’éviter les effondrements des structures, en cas de séismes de forte magnitude,. Ce matériau requière, néanmoins, une protection efficace contre les incendies, par l’emploi de matériaux résistant au feu, notamment, pour le chemisage des poteaux métalliques.
3.3.-Filière de l’argile cuite- En Algérie, la filière d’argile cuite a été développée, essentiellement, pour la fabrication de briques creuses à alvéoles horizontales, alors qu’en Europe, on a développé la brique à alvéoles verticales. Composé généralement d’argile cuite, et conçu pour la réalisation de murs de façade de structure, ce matériau innovant présente un taux d’absorption nettement inférieur à celui des briques traditionnelles. De plus, les alvéoles verticales ont la particularité de contenir de l’air immobile jouant un rôle d’isolant thermique. Cependant, la brique creuse à alvéoles verticale présente certains inconvénients, notamment: -bien que prédécoupée et emboîtée pour en faciliter la pose, sa mise en œuvre nécessite un apprentissage particulièrement long et fastidieux et on note une faible performance acoustique à l’égard des bruits extérieurs
En conclusion
Un effort d’innovation devra être soutenu par les autorités publiques, au niveau des matériaux de construction, qu’ils soient déjà disponibles sur le marché ou non.
1.- Pour le développement des matériaux disponibles sur le marché, la mesure la plus importante, à prendre au niveau des matériaux disponibles sur le marché, réside dans un renforcement des contrôles dans les domaines suivants : -conception des cahiers des charges et de leur application ; application de la réglementation en vigueur, en matière de fabrication et de mise en œuvre des matériaux dits non structuraux ; -application de la réglementation thermique en vigueur, notamment en matière de seuil de déperdition thermique, de ventilation et de chauffage, réfrigération et climatisation ; -application de la législation en vigueur, en matière de contrôles des établissements gros consommateurs d’énergie, au moyen d’audits énergétiques et obligation de contrôle de qualité interne, au sein des grandes entreprises. Il y aurait lieu, en outre de prendre les mesures suivantes : modification de la réglementation thermique en vigueur, compte tenu de l’objectif de 40 % de performance énergétique fixé par le secteur de l’Energie ; effort accru de formation professionnelle des managers, cadres et agents de maîtrise et d’exécution concernés par l’acte de bâtir etvalorisation de la fonction d’ingénieur conseil des maîtres d’ouvrages
2.- Pour le développement de nouveaux matériaux, nous préconisons la réalisation de projets pilotes, avec l’apport de sociétés étrangères de R&D, ayant développé de nouvelles technologies répondant aux critères décrits précédemment et disposant de sérieuses références dans le monde. Afin d’assurer un véritable transfert du savoir-faire technologique et managérial, nous proposons de prendre les mesures suivantes : -contrats d’ingénierie et d’assistance technique et managériale, avec des bureaux d’études algériens ayant acquis une expertise dans le management des entreprises, et mis au point des systèmes constructifs innovants, à base de matériaux dont la technologie a déjà été développée et ayant subi, avec succès, l’épreuve du temps, à travers le monde ; contrats d’assistance technique et d’acquisition d’équipements spécifiques, avec des sociétés étrangères de R&D recommandées par lesdits bureaux d’études algériens ; contrats avec des centres de R&D algériens spécialisés dans les matériaux de construction, en vue de la maîtrise des techniques de fabrication des produits spécifiques ; investissements, de manière concertée entre les secteurs de l’Habitat et de l’Industrie, dans des usines pour la fabrication des matériaux de construction nécessaires pour la réalisation des projets pilotes tels que définis précédemment et création d’entreprises publiques spécialisées dans l’étude et la réalisation de grands projets intégrant lesdits systèmes constructifs Ainsi pourrions-nous diversifier, non seulement les matériaux et techniques de construction, mais aussi les sources de transfert du savoir-faire technologique.
Cherif OUABDESSELAM frère du feu fondateur de l’école polytechnique d’Alger, est ingénieur , ancien Cadre Supérieur de l’Etat, ancien Vice-président de SONATRACH, chargé de la promotion et du développement des moyens d’études et de réalisation, ancien PDG de la grande filiale ALTRA -Directeur général de TEXOR Ingénierie- Ingénieur conseil des maîtres d’ouvrages agréé par le M.H.U, auteur d’un important ouvrage sur le management des entreprises : mon expérience à SOnaTRACH ( mai 2010 Alger - Editions Dahlab) préfacé par le professeur Abderrahmane MEBTOUL
SYNTHESE TROISIEME CONTRIBUTION
Rapport sur l’efficacité énergétique dans les bâtiments : axes de réflexionNidam ABDIExpert en Europe dans le domaine de l’efficacité énergétique
Le présent rapport à pour objet de proposer un plan d’action en vue d’atteindre l’objectif de performance énergétique de 40 % fixé par le Ministère de l’Energie et des Mines, dans son programme de développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique dans les bâtiments.
1.-Les initiatives proposées tirent leur justification d’un programme dit « Eco-bât » de 600 logements visant à promouvoir des matériaux et systèmes constructifs économes en énergie : Après plus de 4 années, ce programme, lancé en partenariat entre les Ministères de l’Energie et de l’Habitat, n’a toujours pas porté ses fruits, montrant ainsi à l’évidence que le développement de l’Efficacité Energétique dans notre pays requière des décisions d’urgence et à un plus haut niveau. Par ailleurs, une étude thermique comparative, disponible sur demande, a permis de conclure que les matériaux traditionnels (brique creuse d’argile cuite, parpaing creux en béton ordinaire, béton allégé pour formes de pentes sur terrasses, etc.) ne permettraient pas d’atteindre la performance énergétique requise, sans consentir un surcoût excessif, et ce, en raison de leur faible pouvoir isolant. En outre, un problème d’approvisionnement des chantiers en briques creuses, pourrait surgir, à court terme, en raison d’un déficit en carrières d’argile. A cela s’ajoute que, dans le Sud, la perte des traditions en matière de construction en terre crue, a eu pour effet de généraliser l’emploi des parpaings creux en béton ordinaire, un produit facile à fabriquer, mais inapproprié à des régions au climat très chaud en été et très froid en hiver, en raison de ses piètres qualités thermiques. D’où la nécessité de mesures d’urgence à prendre, en faveur d’une plus grande diversification des matériaux et techniques de construction, telle que souhaitée par le Ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme
2.- . -Pour atteindre cet objectif, les principaux axes d’action proposés peuvent être résumés comme suit : la création d’une structure opérationnelle « Efficacité Energétique », au niveau central sous l’autorité du premier ministre en relation étroite avec les walis via le Ministère de l’intérieur et le M.H.U, qui serait chargée, principalement, de mettre en place un système d’information et de communication reliant ladite structure avec les agences spécialisées (CNERIB, APRUE, CDER, CETIM), ainsi que les promoteurs immobiliers et les architectes spécialisés en architecture bioclimatique et les ingénieurs conseils spécialisés en thermique des bâtiments, agréés par le M.H.U ; pourvoir à la désignation d’un organisme de contrôle, chargé de veiller au strict respect de la réglementation thermique en vigueur, et habilité à infliger des sanctions aux contrevenants ; promouvoir des projets pilotes intégrant des systèmes éco-constructifs à Haute Performance Energétique, et dument approuvés par le CNERIB, et en assurer le suivi jusqu’à l’établissement des bilans énergétiques ; coordonner les activités du M.H.U et du Ministère du Développement Industriel et de la P.M.E, dont la vocation est, l’un, de construire, et l’autre d’investir dans des usines de fabrication de nouveaux matériaux de construction et préconiser des mesures de renforcement de la réglementation thermique en vigueur, de manière à accroître les économies d’énergie, dans un secteur qui consomme près de la moitié de l’énergie finale. Comme je préconise au gouvernement algérien la désignation, d’une entreprise qui se spécialiserait dans le développement d’un système éco-constructif unique et polyvalent, avec l’autorisation à souscrire des contrats pour l’acquisition d’une licence d’exploitation du système éco-constructif breveté, ainsi que pour les études d’ingénierie et l’assistance technique, sous réserve de présenter, au préalable, une étude de faisabilité et de rentabilité concluante. Il s‘agira d’intégrer ledit système dans les programmes de logements initiés par le gouvernement ainsi que dans les études prises en charge par les bureaux d’études y affiliés, et ce, comme alternative aux techniques traditionnelles de construction et accorder une préférence aux offres basées sur l’efficacité énergétique.
3.-.-.L’objectif est d’apporter une amélioration sensible de la qualité des logements et des délais, et qui plus est, à moindre coût, en offrant bon nombre d’avantages. Pour les bâtiments neufs les nouveaux procédés ont les avantages suivants :- Coûts HT des murs et cloisons moins élevés, de l’ordre de 10 à 15 % par rapport à ceux en briques ou en parpaings, dans tous les cas où l’investissement dans l’usine de fabrication des produits intégrés audit système serait consenti par l’entreprise de gros œuvre. Prix égal, dans le cas où l’entreprise de gros œuvre acquière ces produits auprès d’un industriel.Réduction considérable des délais, notamment en généralisant l’emploi des coffrages modulaires, un procédé parfaitement adapté audit système et permettant de gagner le temps nécessaire à la construction d’une usine de préfabrication.L’objectif stratégique de ce système est une importante économie d’énergie par l’ isolation et le confort thermique . On peut énumérer quatre impacts :a- un mur de façade conçu selon ledit système consommerait 3,5 fois moins d’énergie grise qu’un mur en briques creuses, l’énergie grise étant la somme des énergies nécessaires à la fabrication d’un produit, depuis sa conception, jusqu’à son recyclage, en passant par son utilisation.b-A épaisseur égale, un mur de façade conçu selon ledit système serait 2 fois plus isolant qu’un mur en briques creuses, 3 fois plus qu’un mur en terre crue et 4 fois plus qu’un mur en parpaings.c-Grâce à son inertie thermique relativement élevée, un mur de façade conçu selon ledit système permettrait de mieux réguler les températures diurnes et nocturnes, et d’offrir ainsi un meilleur confort thermique, comparé à un mur en briques ou en parpaings.d-Grâce à l’effet isolant du béton NEOPOR de très faible densité, utilisé pour les chapes thermo-acoustiques sur planchers et les formes de pente sur terrasses, ledit système pourrait atteindre, à moindre surcoût, l’objectif de performance énergétique de 40 % fixé par le M.E.M, dans son programme de développement des Energies renouvelables et de l’Efficacité Energétique dans les bâtiments. Quant aux bâtiments en rénovation, dans ledit système aurait pu être exploité pour la réhabilitation des formes de pentes sur terrasses, à l’aide d’un matériau beaucoup plus adapté.
NB-Auteur de nombreuses contributions dans le quotidien économique français les Echos .fr Expert en Europe dans le domaine de l’efficacité énergétique et de revues internationales sur les impacts du réchauffement climatique