Le gouvernement se prépare à livrer son programme socio-économique dans un contexte particulier de grave crise sanitaire et économique. Espérons un plan de relance efficace, loin des idées générales connues avec une quantification précise passant par un bilan lucide afin d’éviter de commettre les erreurs du passé et de tracer les perspectives. Force est de reconnaître, malgré toutes ses potentialités, et elles sont énormes, la prédominance de la rente des hydrocarbures qui irrigue toute l’économie et le corps social : Sonatrach, c’est l’Algérie et l’Algérie, c’est Sonatrach. Sur le plan géostratégique, la région du sahel connait un véritable bouleversement géostratégique sans précédent sans compter les tensions au Moyen Orient notamment en Iran, Syrie, Irak et dans d’autres contrées du monde. C’est que les enjeux au Moyen Orient et au Sahel préfigurent d’importantes reconfigurations géopolitiques et géoéconomiques. Ces enjeux sont intiment liés aux nouvelles mutations mondiale actuelles qui devraient qui conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires. Posant la problématique de la sécurité nationale, cela nécessite un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités, grâce à un dialogue productif au profit exclusif de l’Algérie et une réorientation urgente de la politique socio-économique afin d’éviter le drame des impacts des années 1990/1999, conséquence du manque de vision stratégique et de la chute drastique des recettes de Sonatrach principal pourvoyeur de devises
1.- La politique socio-économique depuis l’indépendance politique rentrant dans le cadre du programme de Tripoli a été menée exclusivement par l’Etat avec plusieurs variantes
De 1965 à 1979 avec une orientation exclusive vers l’investissement productif, celle-ci s’est effectuée autour de l’Etat omniprésent sur l’ensemble du cycle: planification, financement, réalisation de l’investissement et production. De 1980 à 1990 la politique a été orientée essentiellement vers les infrastructures BTPH et les activités commerciales. De 1991 à 2000 du fait de la situation particulière qu’a connu l’Algérie avec l’avènement du terrorisme et la cessation de paiement on ne peut à proprement parler de politique de développement mais avec la cessation de paiement des ajustements macro-économiques et macro sociaux extrêmement douloureux du fait des exigences du FMI. De 2000 à 2019 du fait que la demande sociale a été compressée et des destructions massives entre 1990-2019, une politique orientée essentiellement vers les infrastructures. De 2000 à 2021, du fait de manque de vision stratégique accrue par la crise mondiale et l’épidémie du coronavirus nous avons une économie en léthargie Paradoxalement, les paramètres macro-économiques de l’Algérie apparaissent comme positifs mais éphémère sans réformes structurelles et les tendances relatives aux grands agrégats révèlent une macro-économie fonction des aléas de la rente des hydrocarbures qui représente 97/98% des exportations totales. La dette extérieure est maîtrisée grâce au remboursement par anticipation, moins de ½% du PIB. Cependant depuis 2010, malgré toutes les mesures bureaucratiques, les importations suivent une tendance haussière, impactant le niveau des réserves de change qui sont passées de 194 milliards de dollars à 44 fin juin 2021. Malgré toutes les restrictions , l’appareil de production faute d’importations de matières premières et d’équipements fonctionnant à peine à 50% des capacités, elles risquent de fondre le début de l’année 2022, si l’on relance les grands projets nécessitant uniquement pour 2021 selon différents experts plus de 25 milliards de dollars en devises sans compter la partie dinars. L’Algérie importe 70% des besoins des ménages et des entreprises qu’elles soient publiques ou privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% avec un dépérissement du tissu industriel moins de 6% du produit intérieur brut. Les banques notamment publiques qui concentrent plus de 85% des crédits octroyés se cantonnent en guichets administratif accompagnant peu les investisseurs et les taux d’intérêt aux entreprises restent encore élevés des taux d’intérêts bonifiés à certains segments ce qui ce qui reflète en partie la faible efficacité du système bancaire. Les banques publiques sont malades de leurs clients notamment les entreprises publiques (assainissement de plusieurs dizaines de milliards de dollars entre 1971/2020) 70% étant revenues à la casse e départ montrant que le blocage est d’ordre systémique. L’apurement des créances détenues par les cinq banques sur les entreprises publiques s’est traduit par des décaissements importants du Trésor. L’économie algérienne étant tributaire essentiellement de la rente de hydrocarbures, l’on a assisté entre 2007/2020 à une baisse en volume physique des exportations tant du pétrole que du gaz environ avec 860.000 barils jour selon l’OPEP en mai 2021, une légère remontée en juin 2021 environ 920.000 brils/j contre plus de 1,2 entre 2007/2008 et 40/42 milliards de mètres cubes gazeux contre 60/65 pour la même période, espérant pour fin 2021 environ 45 milliards de mètres cubes gazeux selon une déclaration d’un ex ministre de l’Energie fin 2020. Plus on diffère les réformes, plus on épuisera les réserves de changes car les données de réserves de change de 44 milliards de dollars fin juin 2021 ont une signification limitée , la majorité de l’appareil de production étant en hibernation faute d’importations de matières premières (fonctionnant à peine à 50%) , sans compter que peu de projets d’envergures structurants ont été lancés, sauf des lettres d’intention.. Le besoin estimé pour un retour à la croissance par certains experts pour seulement 2021 est d’environ 20/25 milliards de dollars en devises sans compter la partie dinars, puisque l’Etat a décidé de ne pas recourir à l’endettement extérieur et les IDE sont en nette baisse, devant compter que sur la rente des hydrocarbures. La planche à billets d’un montant colossal pour 2021 d’environ 16 milliards de dollars (plus de 2160 milliards de dinars) outre son effet inflationniste, en cas où ces montants ne sont pas destinés à la création de valeur, à l’image du Venezuela, en rappelant l’expérience roumaine communiste , un endettement extérieur zéro mais une économie en ruine, risque d’avoir un effet sur les réserves de change puisqu’en mettant à la disposition des entreprises des crédits en dinars , le taux d’intégration ne dépassant pas 15%, celles ci ayant besoin de devises , se porteront importatrices Pourtant l’Algérie possède encore des ressorts comparée à d’autres pays où l’endettement est très élevé. Certes les banques locales dépassent 45% du total de leurs actifs bancaires avec une dette publique par rapport au PIB de 63,3%, prévue en 2021, contre 53,1% en 2020, et la dette publique nette totale représentera 60,5%, contre 50,4% en 2020,mais avec une dette extérieure faible, 3,6% et 5,2% du PIB en 2021 et 2022, contre 2,3% en 2020 Sur le plan macro- social,, avec la forte pression démographique où le population active dépasse 12,5 millions sur une population totale résidente, 44,7 millions d’habitants au 1er janvier 2021 ,selon le FMI, le taux de chômage incluant la sphère informelle et les emplois rente, devrait atteindre 14,5% en 2021, et 14,9% en 2022, contre 14,2% en 2020, ce taux dépassant les 20/30% pour les catégories 20/30 ans et paradoxalement les diplômés. Cela est la résultante de la croissance du produit intérieur brut qui détermine le taux d’emploi, en nette diminution, estimé en 2020 à 160 milliards de dollars et selon le FMI de 153 milliards de dollars pour 2021. Cela s’explique par la léthargie de l’appareil de production impacté tant par sa structure passée que par l’épidémie du coronavirus, devant créer entre 350.000/400.000 emplois par an qui s’ajoutent au taux de chômage actuel nécessitant un taux de croissance en termes réels sur plusieurs années entre 8/9% selon la banque mondiale. Le taux d’inflation biaisé puisque l’indice n’a‘ pas été réactualisé depuis 2011,le besoin étant historiquement daté , qui sera de longue durée, entre 2000/2020 ,selon données de l’ONS dépasse, cumulée entre 2000/2020, 90% et sera supérieure en cumulant l’année 2021 de 100% accroîtra la détérioration du pouvoir d’achat et les revendications sociales. Ainsi, l’Algérie tente difficilement sa transition d’une économie publique vers une économie de marché à finalité sociale. Du fait du poids de la dépense publique qui irrigue toute la société via la rente des hydrocarbures, l’économie algérienne reste encore une économie essentiellement publique. L’héritage socialiste est fortement présent dans la philosophie et les pratiques de la vie économique et sociale et dans celui de la pérennité de l’entreprise publique. L’industrie publique est largement obsolète et concentre des pertes totales malgré des assainissements répétés nécessitant sa restructuration et sa modernisation. Les ressources du pays sont significatives mais basées sur des rentes qui contribuent à anesthésier les volontés de changement. En dépit de certaines réformes timides –paradoxe plus le cours des hydrocarbures est faible plus on ressent le besoin de réformes, et ralentit lorsque le cours est élevé. La pression démographique rend l’Algérie de plus en plus dépendante des importations qui n’a pas jeté les bases d’un appareil productif capable de satisfaire la demande interne et d’affronter la concurrence internationale. Les différents revenus des rentes ne proviennent pas d’un véritable effort productif des intéressés et conduisent quasi inéluctablement à une mauvaise gestion macro-économique. L’absence de mise en place d’un appareil productif augmente chaque jour davantage les difficultés que rencontrera le pays lorsque la rente tendra vers l’épuisement. Actuellement, les considérations politiques à court terme l’emportent sur les perspectives à long terme. Tant que la majorité de l’électorat tirera ses revenus des emplois dans la fonction publique, qu’elle pourra bénéficier de services sociaux peu coûteux, les réformes fondamentales n’auront guère de chances de progresser de par l’opposition tant du grand public que de la technostructure censée mettre en œuvre ces changements. Le salaire au sein des branches est déconnecté de la productivité du travail avec la dominance des emplois rentes et des fonctionnaires et les branches qui exportent le plus ne sont pas forcément les plus ouverte et l’industrie manufacturière même embryonnaire est très tournée vers son marché intérieur. Les investissements directs étrangers hors hydrocarbures et dans les secteurs productifs sont très faibles, les étrangers étant attirés par les marchés publics du BTPH. L’agriculture constitue un réservoir important de main d’œuvre et peut servir en cas de chute du cours des hydrocarbures comme d’amortisseur social tout en diminuant la facture alimentaire assurant l’autonomie alimentaire mais la céréaliculture connait des rendements faibles qui souffrent des difficultés générales de l’économie. D’une manière générale, les entreprises privées sont présentes surtout dans le secteur des services avec prédominance du commerce de détail, dans les petites entreprises de BTPH et du secteur manufacturier traditionnel. Excepté les hydrocarbures, de certains segments des télécommunications, de quelques sociétés mixtes, le secteur étranger productif est marginal. Paradoxalement, l’Algérie fait alors massivement appel à l’assistance technique et aux firmes étrangères en même temps qu’elle les encadre dans le cadre de la règle des 49/51% instauré par la loi de finances 2009, généralisée aux banques en 2010, ce qui a bloqué l’attrait des IDE et favorisé certaines rentes d’oligarques.
2.- Les résultats de cette politique sont désormais nettement perceptibles sur plusieurs aspects stratégiques de l’économie algérienne
Le comportement de 1963/2021 reste toujours de type « semi-rentier » , peu de réformes en profondeur de l’économie et du politique solidaire en fait de la gouvernance tant centrale que locale. La rente pétrolière a généré plusieurs effets pervers de l’économie à son seul profit, ce qui a renforcé encore davantage la monoculture énergétique du pays. La diffusion du ‘’syndrome hollandais’’ dans majorité des secteurs peu performants a drainée ses ressources au profit des hydrocarbures avec l’utilisation de la manne pétrolière pour éviter la vraie restructuration des entreprises qui reportent leurs problèmes économiques sur les banques (puis sur le Trésor public. La dépendance technologique s’est accentuée avec le choix de solutions globales (produit ou bien clés en main) et d’origines nationales trop diversifiées. Ce système par croissance externe demande des capacités fortes de management que l’Algérie ne possède pas encore et donc ne lui permet pas de maîtriser seule son propre modèle de développement. Cette politique a finalement débouché sur l’engrenage d’une dépendance qui a été levée par le passé avec le rebond du cours des hydrocarbures, mais actuellement en déclin, ayant permis d’éponger une grande partie de sa dette extérieure. Mais les entrées en devises de plus de 1000 milliards de dollars entre 2000/2019 et une importation de biens et services de plus de 950 milliards de dollars , sans compter les dépenses en dinars, ont permis un taux de croissance dérisoire 2/3% en moyenne annuelle alors qu’il aurait du être de 9/10% : mauvaise gestion ou corruption ou les deux à la fois comme le démontrent les importants scandales financiers récents. Le manque de planification et l’adaptation aux nouvelles mutations mondiales, la configuration autarcique de l’économie avec des injonctions politiques aux entreprises publiques ont renforcé sa dépendance envers les seuls produits commercialisables avec ses principaux partenaires commerciaux (le brut, puis le gaz (vision étatiste du passé) générant des déperditions et les surcoûts classiques liés à une non optimisation des capitaux investis, l’Algérie s’étant insérée (malgré elle) dans la division internationale du travail comme fournisseur exclusif d’énergie.). Les exigences de l’outil réalisé ont accru la dépendance à l’égard des cours et des revenus pétroliers, seule source de flux financiers externes. Le lancement de capacités industrielles a nécessité la mise en œuvre de contrats « clés – ou produits en main », avec recours aux techniques étrangères d’où :-dépendance technologique (pièces de rechange, maintenance et formation) ; multiplicité des processus liés aux différents pays à l’origine des lignes de crédit et problèmes de propriété industrielle et de licences pour permettre l’évolution des produits, qui en général n’a pas été rénovée, ce qui a creusé l’écart technologique et favorisé les produits importés. L’industrie souffre d’une faible rentabilité et d’importants surcoûts propres aux économies dirigées et les systèmes de prix sont souvent déconnectés de la conjoncture économique. Les systèmes d’approvisionnement ou de négociations contractuelles nées du code des marchés publics sont lents et coûteux. La vocation sociale des entreprises s’est allégée mais a fortement imprégné les mentalités. Les systèmes de cooptation des personnels entraînent des sureffectifs et une gestion laxiste. La plupart des grands complexes ont cherché à tout intégrer non seulement les activités industrielles classiquement sous-traitées, mais aussi des fonctions aisément disponibles sur le marché (nettoyage, gardiennage, restauration La faible considération pour l’environnement des affaires où n’existent pas de sentiments, mais la logique du profit, va générer de graves difficultés pour attirer des groupes internationaux qui connaissent parfaitement la situation politique et économique de l’Algérie. Ainsi, l’interprétation unilatérale de la réglementation a généré des contentieux internationaux comme en témoigne les nombreux litiges dont ceux de Sonatrach à l’international et l’importance de la sphère informelle représentant plus de 50% de la superficie économique avec le non respect propriété intellectuelle. Dans ce cadre, il est illusoire de croire que sans maitrise des nouvelles technologies en perpétuelles évolutions, il y aura un impact judicieux des start up qui sont avant tout des presta ires de services ayant besoin d’un que les réseaux d’internet soit au top niveau , d’un tissu productif et des institutions performantes
3- La gestion actuelle de l’économie et du commerce extérieur, héritée du système passé entrave les exportations hors hydrocarbures
L’objectif de protection bien que louable, mais sans objectifs stratégiques a généré une gestion bureaucratique des procédures d’importation qui est devenu un terreau pour de nombreuses pratiques non conformes aux pratiques du commerce international, devant simplifier ce système obsolète et les habitudes prises qui ont généré des monopoles lucratifs et puissants qui seront lents à disparaître et les scandales financiers récents l’attestent. Les formalités de contrôle des changes restent encore largement interprétées par le personnel des banques qui garde la nostalgie de la puissance de son rôle de contrôleur. Concernant l’investissement étranger, les multinationales recherchent classiquement des avantages comparatifs pour produire de façon compétitive pour un marché local solvable mais aussi vers un marché régional et/ou mondial, en intégrant leurs capacités commerciales et productives, d’où l’importance de l’intégration du Maghreb pont entre l’Europe et l’Afrique où l’Algérie pourrait trouver des avantages comparatifs. Le modèle à dominance étatique à taux d’intégration verticale élevé va à l’opposé des nouvelles mutations mondiales. Les lourdeurs bureaucratiques (délais de négociation et de mise en place) et l’incertitude juridique (taux douaniers, fiscalité, réglementations) ont encore renforcé l’image d’un marché difficile et fermé, isolant l’Algérie des nouvelles mutations mondiales. Le problème essentiel à résoudre est la mise en place de subventions ciblées budgétisées par le parlement afin d’éviter des transferts artificiel des bénéfices par les prix de cession visant l’optimisation fiscale vers les lieux fiables et peu imposés, la distorsion de la concurrence, le monopole, source de surcouts. Il s’agira d’améliorer le système d’information (limitation de l’accès aux données nationales pour les sociétés étrangères), éviter la distorsion des systèmes fiscaux- la distorsion dans l’accès aux données technologiques et de s’adapter au mouvement de la mondialisation. C’est que la politique de l’Algérie est souvent un dosage voire une oscillation entre libéralisme et interventionnisme excessifs.. Cela ne saurait signifier la fin du rôle de l’Etat mais un rôle stratégique dans la régulation. Aussi, l’adaptation aux nouvelles mutations, implique une politique d’ouverture de l’Algérie qui doit aborder les questions sous un autre angle. L’Etat doit évoluer vers un rôle d’organe de régulation par un certain nombre de leviers dont il reste maître (taux du crédit, taux de change, déficit budgétaire, poids de l’impôt et des services publics…) et de réglementation (commerce, taxes, télécommunications, transports, droit du travail) L’insertion dans l’organisation internationale de l’industrie et des services, est une urgence pour l’Algérie. Dans cadre de la concurrence, l’Algérie est tenu d’ouvrir son champ de coopération multilatérale ce qui devrait renforcer encore les échanges croisés notamment en prenant des engagements sur le démantèlement de ses protections douanières et l’ouverture graduelle de son marché avec notamment la réduction des quotas à l’importation pour les produits agricoles ; la mise en place d’un taux douanier maximal pour les produits industriels ; un accord sur les technologies de l’information ; la libéralisation du commerce des services et de l’accès au marché des services impliquera un champ large de partenariats multilatéraux tant régionaux qu’européen ; le renforcement de ses réformes structurelles dont la privatisation et la démonopolisation, dépassant le cadre d’un secteur public hypertrophié par rapport au secteur privé et de revoir ses normes de gestion. C’est que l’Etat algérien dépense 2 fois plus que la moyenne des pays émergents pour avoir deux fois moins de résultats économiques et sociaux. Le système de droits douaniers conçus comme freins à l’importation avec des montants excessifs doivent être modernisés. Actuellement, ils favorisent la fraude et l’économie informelle. Le système fiscal est trop complexe et d’application aléatoire et la déficience des réseaux de distribution des matières premières, matériaux et/ou pièces de rechange rend impossible la réactivité et la logistique demandée par la sous-traitance internationale. La faiblesse des infrastructures de services et la difficulté d’acquisition de foncier industriel posent le problème des facilités à créer de nouvelles activités. Pour accroitre la compétitivité internationale, il s‘agira d’accroître les dépenses en recherche /développement, renforcer les entreprises pilotes, améliorer les capacités des PME, la gestion de bases, améliorer les incitations en matière d’implantation, promouvoir des réseaux d’entreprises et améliorer les fonctions de l’entreprise, les infrastructures contribuant à la chaîne logistique. L’objectif stratégique sera de diminuer les systèmes bureaucratiques de contrôle au profit de suivis à posteriori et informatisés tendant vers la simplification des formulaires, de prévoir des modes de financement appropriés, comme les garanties de la prospection des opérations de petite taille et les opérations d’encouragement des investissements internationaux dans l’industrie grâce à la promotion des réseaux, associations professionnelles, normes et qualifications demandant compétences techniques et qualifications pointues. L’encouragement de toute forme d’investissement productif étranger passe par la mise en place de systèmes d’assurance-garantie contre le risque économique, un co-partenariat gagnant/gagnant nécessitant de l’amélioration de l’appui institutionnel (collaboration universités/ secteur public/ entreprises privées). Pour avoir des entreprises compétitives, les choix des filières doivent être cohérents avec les tendances lourdes internationales. L’important est donc la spécialisation non pas dans les branches (vision dépassée) mais dans la dynamique des produits Le maintien abusif de filières non compétitives équivaut à une subvention indirecte mais surtout, en empêchant une optimisation des capitaux investis, pénalisant l’avenir des filières les plus dynamiques. L’utilisation des statistiques du commerce international permet de révéler les caractéristiques des tissus industriels, de dégager la structure de spécialisation d’un pays, notamment sa capacité d’insertion internationale. Cette méthode des ‘’Avantages Comparatifs Révélés’’ (ACR) mesure la compétitivité à moyen-long terme d’un secteur d’activité. Le taux de change effectif réel (TEER) mesure le rapport des prix des biens du pays étudié convertis en dollars avec la moyenne des prix en dollars de ces mêmes biens auprès des principaux partenaires commerciaux du pays considéré. C’est un indicateur de compétitivité. Une augmentation de cet indice traduit une appréciation des prix, donc une perte de compétitivité. Les analyses montrent que les entreprises privées sont un terrain de plus grand dynamisme économique que les entreprises publiques car elles s’ajustent plus rapidement au marché et font une meilleure allocation des ressources. Leur poids dans l’économie est un facteur indicatif d’adaptation important. Les choix de développement des filières doivent coller avec la structure socio-économique et culturelle du pays. La forte démographie a généré un fort accroissement de la population algérienne, allant vers 50 millions d’habitants horizon 2030 devant créer entre 350.000/400.000 emplois par an qui s’ajoutent au taux de chômage actuel où plus de 60% de la population occupée se trouve dans des segments à très faible ajoutée sans compter la pléthore dans l’administration plus de deux millions d’emplois. Les emplois créés dans le secteur lourd à forte intensité de capital coûtent entre 4 et 10 fois plus que dans une PMI. C’est que le poids historique de la lourdeur bureaucratique caractérise l’ensemble des organismes qui interviennent dans le cycle de la vie de l’entreprise est une entrave constante au fonctionnement efficient de celle-ci., aggravé par un système judiciaire lent, peu transparent et non adapté à une économie moderne.
4.-Quelle perspective pour l’Algérie ?
La sécurité nationale étant posée, il devient urgent de relancer la machine économique autour d’une équipe gouvernementale soudée impliquant une cohérence sans faille , une vison stratégiques et des ’objectifs précis, loin des promesses utopiques avec réalisme supposant de définir la mise en œuvre de projets avec objectifs précis datés : délais, coûts, moyens humains et les modes de financement en devises et en dinars en incluant la protection de l’environnement . Le premier axe, est la sécurité et la paix sociale qui implique une nouvelle approche des relations internationales, où les ambassades débureaucratisées, doivent servir d’appui aux actions internes et la mise en place d’un minimum de Smig social où les différentes sensibilités puissent dialoguer dans un cadre organisé se fondant sur la tolérance et le droit à la différence. Le deuxième axe est de mettre en œuvre une politique s’orientant vers un véritable processus démocratique, se fondant sur une société plurielle plus participative des partis politiques crédibles, permettant la responsabilisation pleine et entière de la société civile signe évident de la vitalité de toute société, conciliant la modernité et la préservation de notre authenticité, la léthargie, l’activisme et le populisme conduisant au statu quo, étant le signe de l’immobilisme, suicidaire sont intolérables. Le troisième axe, est la refonte des institutions centrales et locales liée à la bonne gouvernance , dont le pilier devra reposer sur la lutte contre la bureaucratisation de la société qui enfante la sphère informelle représentant plus de 50% de la superficie économique hors hydrocarbures et donc la corruption dont l’éradication suppose des mécanismes de régulation transparents pour redonner confiance.. Le quatre axe, améliorer le fonctionnement des marchés et des initiatives par l’amélioration du climat des affaires, une politique incitative d’encadrement macro-économique et macro social solidaires et loin des discours, avoir une nette volonté politique d’aller vers une économie de marché à finalité sociale, une ne nouvelle politique d’aménagement du territoire et de l’urbanisation autour d’ une réelle décentralisation ( six à sept grands pôles régionaux) et la création de grands Ministères et comme je l’ai démontré dans plusieurs contributions internationales, l’espace naturel de l’Algérie étant l’espace Europe Maghreb et plus globalement l’espace économique Méditerranée/ Afrique. La nouvelle politique économique doit être marquée par l’adaptation à l’universalisation de l’économie de marché, tenant compte des spécificités sociales, où la dominance est le consommateur et l’arbitre, les marchés financiers. Le véritable nationalisme se mesurera par la capacité des Algériens d’améliorer leur niveau de vie grâce à leur contribution à la valeur ajoutée locale et mondiale. Le cinquième axe, le taux de croissance ayant une signification limitée il faut prendre en compte l’indice du développement humain comme le recommande le PNUD dont la santé et l’éducation. Concernant , la maladie est fonction de plusieurs facteurs, l’environnement ( par exemple la pollution et les effets psycho sociologises avec des dépressions), la défiance dans l’alimentation et pouvant dépenser sans compter et avoir les meilleurs professeurs mais avec un impact limité, comme le montre l’expérience récente , d’où l’importance de revoir la gestion du système de santé, qui se trouve au carrefour de plusieurs départements ministériels y compris la production du matériel et des médicaments Le sixième axe, est la réforme de Sonatrach lieu de production de la rente, la dynamisation de la bourse des valeurs et la réforme du système financier, lieu de distribution de la rente , enjeu énorme de pouvoir ( banques, douane, fiscalité, domaine renvoyant à l’épineux problème du foncier ) avec un tableau de la valeur relié aux réseaux internationaux pour détecter les surfacturations, avec l’accélération de sa numérisation afin qu’il s ‘oriente dans la dynamisation de projets créateurs de valeur ajoutée et pas seulement comme par le passé en favorisant l’importation. Le septième axe, est la restructuration des capitaux marchands de l’Etat , par des mécanismes de transparence pour éviter la dilapidation , favoriser le partenariat public privé, la privatisation partielle et totale, l’accélération de la transition numérique et énergétique( efficacité énergétique et énergies renouvelables) . L’on devra éviter les politiques globales, dépassées et d’imaginer une nouvelle politique non de l’industrie globale, mais de l’entreprise non calquée sur les anciennes organisations hiérarchiques bureaucratiques mais sur la souplesse des organisations basées sur la décentralisation des décisions économiques, la gestion prévisionnelle des compétences, le travail en groupes tenant compte des nouvelles technologies par la maîtrise des outils concernant tant la sécurité nationale que le développement, le digital et l'intelligence économique. Le huitième axe est de garantir un minimum de sécurité alimentaire une nouvelle politique agricole axée sur la mise en valeur des terres et des hauts plateaux du Sud , renvoyant au foncier agricole, l’Algérie étant un pays semi- aride , une nouvelle politique de l’eau dont l’accélération de la construction d’unités de dessalement de l’eau de mer , étant prévu une par l’ONU une sécheresse en Afrique du Nord entre 2025/2030. Le neuvième axe, favoriser le primat de la connaissance , un Nation sans son élite étant comme un corps sans âme et une nouvelle politique de l’emploi renvoyant à une nouvelle politique de formation adaptée aux nouvelles technologies, réduire les inégalités sociales et revoir le système fiscal par la combinaison de l’équité verticale et horizontale. Il s’agit de revoir la politique des subventions ciblées inter socioprofessionnelle et inter régionale représentant 23,7% du budget général de l’Etat et 9,4% du PIB pour l’exercice 2021 intenables dans le temps, le déficit financier de la CNR pouvant atteindre 690 milliards de dinars en 2021, où le nombre de retraités dépassant les 3,3 millions, le CNR enregistrant un taux de cotisation estimé à 2,2 travailleurs pour chaque retraité alors que pour un équilibre , le taux de cotisation devrait atteindre cinq travailleurs pour un retraité. Le dixième axe, soutenir le développement par une administration centrale et locale rénovée et muter progressivement les services collectifs, qui deviennent de plus en plus créateurs de valeur ajoutée (éducation, santé. télécommunication, transport, infrastructure) en introduisant les paramètres marchands pour tester leur efficacité, tout en encourageant la mixité pour améliorer les prestations fournies aux consommateurs.
Les axes développés précédemment impliquent la mise en place d’un Etat de droit passant par l’indépendance de la justice et d’institutions démocratiques, de contrepoids politiques-sociaux et économiques se fondant sur la concurrence. Aussi les réformes en profondeur du fonctionnement de la société algérienne et non des replâtrages organisationnels, impliquent d’analyser avec lucidité les relations dialectiques réformes et les segments de la production de la rente ( Sonatrach) et celui de sa redistribution ( système financier), qui bouleversent des intérêts, les gagnants de demain n’étant pas forcément ceux d’aujourd’hui. Lorsque la valeur de la rente des hydrocarbures s’accroit, paradoxalement les réformes sont freinées et l’on assiste à une redistribution passive de la rente pour une paix sociale éphémère avec l’extension de la corruption et une concentration excessive du revenu national au profit d’une minorité rentière. Cela couple contradictoire rente/réformes explique fondamentalement l’instabilité juridique et le manque de cohérence et de visibilité dans la réforme globale. Dans ce cadre, n’étant pas été écouté, outre plusieurs rapports aux différents gouvernements qui se sont succédés depuis plus de 30 ans, j’ai donné plusieurs conférences entre 2000/2019 aux universités de Est –Centre – Ouest –Sud - Annaba, à l’Académie militaire Inter- Armes de Cherchell, à l’Ecole supérieure de Guerre, à l’IMDEP/MDN avant de clôturer à l’école nationale d’administration d’Alger (ENA) et ce afin pour expliquer notre démarche fondée sur l’alternance démocratique tenant compte de notre authenticité, afin d’arriver à une économie diversifiée hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. Dans le cas du retour au FMI 2021/2022, il serait utopique tant pour le pouvoir, l’opposition de parler d’indépendance sécuritaire, politique qu’économique. Nous aurons alors des incidences géostratégiques négatives de déstabilisation de la région méditerranéenne et africaine que ne souhaite ni les USA, ni l’Europe, ni d’ailleurs aucun algérien patriote, comme je l’ai souligné dans plusieurs interviews entre 2017/2021 dans plusieurs quotidiens et sites nationaux et à l’étranger , Afrik Economy, à AfricaPresseParis, à l’American Herald Tribune. Où sont donc nos députés récemment élus pour tranquilliser la population, loin des communiqués au sein de salles climatisés ?
En conclusion, le temps ne se rattrapant jamais en économie, qu’en sera-t-il pour 2021 avec les élections locales et où le programme du gouvernement sera présenté pas avant septembre/octobre 2021 devant le parlement parallèlement à la loi de finances 2022 courant décembre ? Il faut si l’on veut mobiliser la population et redonner confiance sans laquelle aucun développement ne peut se faire, éviter toutes déclarations, contraire au vécu quotidien de l’immense majorité des Algériens. Certes, tout ce qui a été réalisé entre 1963-2021 n’est pas totalement négatif. Mais il reste beaucoup d’insuffisances qu’il s’agit impérativement de corriger Le défi des nations en ce XXIe siècle, monde en perpétuel mouvement est la maîtrise du temps, tout pays qui n’avance pas recule forcément. Tout en évitant la sinistrose gratuite, du fait de la grave situation socioéconomique et situation sanitaire, les défis 2021/2025 pour l’Algérie sont, soit une véritable stratégie d’adaptation pour une rapide relance économique à ce monde turbulent et instable, supposant de profondes réformes afin de favoriser le développement durable ou une régression tant dans le domaine économique , social, politique et militaire. Car, le véritable pouvoir économique mondial et l’influence diplomatique au niveau de la diplomatie repose sur une économie forte, où les deux pivots du développement du XXIème siècle sont la bonne gouvernance et la maîtrise du savoir étant l’aube de la quatrième révolution économique mondiale 2021/20030. Dans le cas du retour au FMI 2021/2022, il serait utopique tant pour le pouvoir, l’opposition de parler d’indépendance sécuritaire, politique qu’économique. Comme je l’ai souligné dans plusieurs interviews entre 2017/2021 dans plusieurs quotidiens et sites nationaux et à l’étranger , Afrik Economy, à AfricaPresseParis, à l’American Herald Tribune, nous aurons alors des incidences géostratégiques négatives de déstabilisation de la région méditerranéenne et africaine que ne souhaite ni les USA, ni l’Europe, ni d’ailleurs aucun algérien patriote.
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-Pr Abderrahmane Mebtoul Docteur d’Etat en Sciences Economiques (1974) diplômé d’expertise comptable de l’Institut supérieur de Gestion de Lille, membre de plusieurs organisations internationales Europe -USA, auteur de 20 ouvrages et de plus de 700 conférences nationales et internationales- haut magistrat premier conseiller, directeur général des études économiques la Cour des comptes 1980/1983- Président du Conseil national des privatisations 1996/1999- directeur d’Etudes Ministère Industrie-Energie 1974/1979-1990/1995-2000/2007-
NB - Je rappelle l’audit réalisée sous ma direction dont des extraits sont parus au niveau national et international entre 2014/2016 « les axes directeurs de redressement national de l’Algérie face aux nouvelles mutations mondiales 2020/2030 » pour le premier ministère, étude réalisée bénévolement, assisté de 15 experts internationaux tous algériens (8 volumes 890 pages 2014) où 18 propositions ont été émises en 2014 rentrant dans le cadre de la nouvelle stratégie du développement socio-économique, où chaque proposition a fait l’objet d’une étude particulière par les experts. Proposition 1 : les axes stratégiques des nouvelles mutations mondiales. Proposition 2 : Etat de droit, instituons démocratiques et société participative. Proposition 3 : réorganisation gouvernementale, amélioration de l’efficacité de la dépense publique et aller vers la décentralisation par de grands pôles régionaux. Proposition4 :