Zoufri ? Singulier de z’ouafra ou mezfer pourdésigner, de façon toujours péjorative- parfois affectueuse- un groupe d’hommesde 10 à 77 ans qui laissent le dénuement de leurs contrées pour venir dans une autre,à la quête d’un job de peine pour quelques dinars dépréciés.
Un exode qui se rapproche du drame en période de jeûne. Ondénombre parmi cette gueusaille au teint souvent basané de bons pères defamilles, des jeunes sages, d’autres moins sages qui, parfois, manient le volet le couteau comme partout ailleurs. Parfois même des apprentis dealers, on ditpas !
Et alors, hier, dans mon quartier que prise fort d’ailleurscette caste volatile, un incident, à priori banal mais foncièrement exécrableet déshumain.
Il intervint, à 20 minutes du ‘’Grand Soulagement’’, soit lemoment du pic de ces états seconds où l’homme devient si p’tit qu’il necontrôle plus sa raison.
Des flics à bord de leur Sorento noire prennent à partie unde ces mezfer qui papotait avec son copain sur le trottoir.
Hélé, il eut le malheur de mal répondre au chef, le poilhérissé par l’effet terrible du Ramadhan et de ses manques.
S’ensuivent brimades, bousculades brutales puisl’embarquement à bord. Vociférations, le chef il n’en démord pas. Un coup, undeuxième. Pas trop fort, il est vrai. Juste l’exutoire du carême. La Sorentodémarre, puis s’arrête en plein route. Comme pour en mettre plein la vue.
Le malheureux est extirpé sans ménagement du véhicule. Ilredit surement quelque chose qui ne plait pas encore au chef et c’est lesmenottes cette fois.
Je regardais son copain sur le trottoir, ses yeux étaientembués. N’arrivant plus à suivre la suite, je l’ai toutefois imaginée aisément.
Le chef là, après la chorba, la clope et le café viendraregretter son geste auprès de l’infortuné zoufri.
Mais c’est déjà trop tard, la haine s’est installée !