Les algériens découvrent avec stupeur que le gouvernement ne parle pas d’une seule voix s’agissant de l’exploitation du très controversé gaz de schiste. Ou plus précisément, le Premier ministre et son ministre de l’énergie ne sont pas sur la même longueur d’ondes. Jugez-on : Après un silence très pesant alors que les manifestations font tache d’huile à Ain Salah et ailleurs, Abdelmalek Sellal a fini par parler. Plutôt écrire…
Dans un court message posté sur Facebook, le Premier ministre fait savoir que «l’exploitation du gaz de schiste n’est pas à l’ordre du jour du gouvernement ! »,
Le Premier ministre qui se voulait rassurant a précisé qu’il ne s’agit que d’un «programme expérimental de prospection destiné à évaluer les réserves». Et de glisser qu’il sera procédé au lancement des «études d’impact sur l’environnement».
En un mot comme en mille, l’exploitation du gaz de schiste n’a pas encore commencé voire pourrait même ne pas commencer si l’impact s’avérait néfaste. C’est ce que dit Sellal.
Aucune autorisation d’exploitation
Son ministre de l’énergie Youcef Yousfi pense exactement le contraire. Sur le plateau de la chaîne Ennahar TV, il a étalé ses cartes «vérités» qui ne souffrent pas l’ombre d’un doute quant à la volonté du (même) gouvernement d’exploiter le gaz de schiste. «Nous n’avons pas d’autres choix que d’explorer de nouvelles ressources énergétiques. L’Algérie, ne peut pas compter éternellement sur les deux bassins de Hassi Messaoud et de Hassi R’mel » a–t-il avoué.
Mieux encore, et contrairement aux déclarations de Sellal qui inscrit le lancement des études d’impact et l’estimation des réserves au futur, Yousfi les évoque au… passé.
«Les études ont prouvé que les réserves d’hydrocarbures non conventionnels du sous-sol algérien sont considérables (…) Elle représentent dix fois les réserves du bassin de Hassi R’mel », devait-il préciser.
Il y a donc clairement une contradiction entre le ministre et le Premier ministre. Cela voudrait-il dire que Sellal n’a pas été mis dans la confidence sur les intentions du pouvoir ? Son propos largement décalé le suggère en tout cas.
Yousfi a le nez dans le… puit
Si cette réalité se confirme, on pourrait alors considérer que les jours de Sellal à la tête de la chefferie du gouvernement sont comptés. Ceci, d’autant plus que Youcef Yousfi s’est montré particulièrement offensif en accusant ceux qui s’opposent au gaz de schiste de «ne pas vouloir du bien pour l’Algérie». Pire, de «déstabiliser et le pays » !
Une déclaration gravissime suggérant que sans l’exploitation du gaz de schiste, l’Algérie se dirigerait droit vers le mur, même si le ministre a désigné vaguement des forces étrangères. Tout compte fait, il y a bien de l’eau dans le gaz du gouvernement. Et cette affaire a été très mal gérée en amont et en aval.