Algérie 1

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"Ettrefhna" !

26-07-2017 09:38  Amine Bouali

L'ambition la plus partagée par les êtres humains sur les cinq continents (et même au delà) est de faire fortune, au sens matériel du terme, c'est-à-dire gagner le maximum d'argent. Même dans les époques et les pays héroïques du socialisme triomphant, les peuples, dans leur majorité, étaient plus intéressés par le fait de s'enrichir que militer dans un parti politique (unique, évidemment).

Mourir pour une idée est une situation exceptionnelle dans la vie d'un homme ou une nation. Par exemple, durant notre guerre de Libération, sacrifier ses intérêts, sa vie, pour son pays, n'était pas un vain mot. Qui faisait le contraire était d'ailleurs considéré comme un traitre, ne serait-ce que d'un point de vue moral.

L'argent a toujours été le maître du monde, et dans le cas le plus raisonnable, son  meilleur serviteur. On dit du peuple juif qu'il a le génie de faire fructifier les richesses. "Enrichissez vous!" conseillait l'historien et homme politique français de la première moitié du 19e siècle, François Guizot.

Mais sont-ils légions les individus capables de produire une réflexion de la dimension de celle d'un ami prêtre, Père Dominique, qui ayant vécu pourtant modestement, s'inquiétait, lors d'un examen de conscience impitoyable, de "ne pas être devenu pauvre comme il l'eut souhaité" ?

Pourquoi avons-nous eu l'idée d'écrire ce petit pamphlet, en partant de l'exemple de la réalité algérienne d'aujourd'hui ? (mais ça doit être partout la même chose!).

Parce qu'il est de notoriété publique que l'argent ("el-mêl", "el-flouss", "el-bezra") est devenu dans notre société, malheureusement, le maître-étalon à partir duquel se juge pratiquement tout, la valeur d'un homme et la place qui lui est octroyée dans la cité. L'argent qui défonce les portes, pervertit la politique, dénature le sport, qui "procure" parfois même les épouses et une entrée au paradis !

Jadis, nos parents disaient, lorsque le sort leur était favorable :"Allah "rzakna"! ("Dieu nous a comblé de bienfaits"). Aujourd'hui, lorsque leurs affaires marchent, les hommes qui "réussissent" inscrivent sur leur front, afin que tout le monde sache : "Ettrefhna"! ("Nous sommes devenus riches!").

Ce n'est pas la même chose! Ce n'est pas le même sentiment qui envahit les esprits dans ces deux cas, et ce n'est pas le même dilemme moral qui étreint les consciences.



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