Les autorités françaises ont rejeté 712 sur les 740 demandes d’indemnisation des victimes des essais nucléaires effectuées en Algérie et en Polynésie durant les années 60.
L'information a été révélée, lundi, le président de l’Association des vétérans des essais nucléaires (AVEN), Jean-Luc Sans qui a appelé l'Etat français à examiner à nouveau l’ensemble des demandes d’indemnisation en présence du plaignant ou de son représentant en débat contradictoire.
Jean-Luc Sans a ainsi invité les autorités françaises à tenir compte des trois amendements visant à améliorer la loi Morin 2010 votés par l’Assemblée française dans l'examen des dossiers de demande d'indemnisation.
Dans le même sillage, il a expliqué qu'à la lumière des modifications apportées récemment à la loi Morin, le Comité d’Indemnisation (CIVEN) devient une entité complètement indépendante qui aura en son sein, au moins une personnalité scientifique qualifié, désignée par les associations de victimes. Et la commission de suivi de l’application de la Loi Morin ne dépendra plus du ministère de la Défense, mais sera rattachée au gouvernement (Premier ministre).
Jean-Luc Sans affirme avoir pris acte de cette volonté du gouvernement français de faire évoluer le dossier des victimes mais son association reste attentive à la mise en place des nouveaux textes et de leurs applications, notant également que si l’ensemble de la Polynésie rentre dans la zone des retombés (des essais), "rien n’a été prévu pour la modification de la zone Sahara".
"J'ai récupéré récemment 182 dossiers d'archives classés secret défense, fournis par le ministère (pour mémoire par crainte judiciaire), et je crois savoir que ces documents sont en cours d'étude", a confié M. Sans, ajoutant que pour l’heure, seuls 58 documents portant tous sur la Polynésie ont été déclassifiés.
Il n'a pas, à ce propos, manqué de rappeler que 32 dossiers algériens de reconnaissance et d’indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le Sahara ont été rejetés en décembre 2012 par la commission ad hoc mise sur pied à la faveur de la loi Morin, car jugés incompatibles avec cette dernière.
Ils ont été refusés au motif que les pathologies déclarées ne rentrent pas dans le cadre de la Loi. Alors que le président français, François Hollande avait déclaré lors de sa visite d’Etat en Algérie que cette loi devait être appliquée "pleinement".
Enfin, il est utile de rappeler que le 13 février 1960, la France faisait exploser sa première bombe atomique, Gerboise bleue, dans le ciel de Reggane, en plein Sahara algérien.
L’essai a provoqué un désastre écologique et humain qui continue de provoquer des maladies dont des cancers radio-induits. A ce jour, aucune des victimes civiles de ces essais, suivis par d’autres jusqu’à 1966, n’a été reconnue comme telle.