Algérie 1

Icon Collap
...

Élections législatives en Grèce: La percée des extrêmes pourrait plonger le pays dans le chaos politique

07-05-2012 20:49  La Rédaction

Pas de majorité pour la coalition. Après le dépouillement de 95% des bulletins, les deux partis modérés n'obtiennent que 32% des voix, soit 150 sièges sur 300.

Les électeurs grecs ont sanctionné les deux grands partis, Nouvelle Démocratie (ND, droite) et le Pasok (social-démocrate), mais la grande surprise du scrutin législatif anticipé est la deuxième place prise par la Coalition de la gauche radicale (LC), résolument hostile au plan de renflouement et à la politique d'austérité.

La LC, dont le chef de file est un homme de 37 ans, Alexis Tsipras, a ainsi bénéficié du rejet par l'électorat de ND et du Pasok, qui dominent la vie politique en alternant au pouvoir depuis la chute du régime des colonels en 1974. Donnée en troisième position avant le scrutin, cette formation a finalement dépassé les sociaux-démocrates, créant un mini-séisme politique.

Après dépouillement de près de 75% des suffrages, la Coalition de la gauche radicale obtient 16,34%, derrière ND (19,68%) mais devant le Pasok (13,55%).

Pas de majorité

Malgré tout, son espoir de former un front uni de gauche pour mettre un coup d'arrêt à la politique d'austérité imposée par la troïka composée de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international semble toujours très éloigné.

Les projections réalisées par le ministère de l'Intérieur laissent penser que les deux anciens grands partis dominants qui soutiennent le plan de renflouement financier auront le plus grand mal à former un gouvernement de coalition stable.

A elles deux, ces formations devraient disposer au mieux d'un peu moins de 33% des voix, ce qui, dans la meilleure des hypothèses, leur donnerait une majorité d'un seul siège à la Vouli (Parlement grec), trop fragile aux yeux des observateurs.

Poussée de l'extrême-droite

Autre indice de l'ampleur de la colère populaire: l'émergence d'un nouveau parti anti-immigrés et anti-Europe, Aube dorée (GD), qui est créditée de sept pour cent assez pour entrer à l'assemblée. Ce serait la première fois qu'une formation d'extrême droite siège au Parlement du pays berceau de la démocratie occidentale depuis la chute du régime des colonels en 1974.

Le chef de file du Pasok, Evangelos Venizelos, a reconnu que son parti avait payé le prix fort de la crise économique. Il a lancé un appel à un gouvernement d'unité nationale composé de formations soutenant le plan de renflouement qui a évité à la Grèce la faillite.

Pour des analystes, il est extrêmement improbable que les partis hostiles au plan d'aide, situés aux extrêmes de l'échiquier politique grec, joignent leurs forces même s'ils réussissaient à obtenir une majorité parlementaire.

Si les résultats officiels confirment les projections, la consultation de dimanche risque de replonger la Grèce dans le chaos politique et, par là, de relancer les turbulences dans la zone euro, voire d'amorcer un processus pouvant s'achever sur une sortie de l'euro. Certains analystes pensent que l'extrême fragmentation du vote pourrait obliger les électeurs à revenir aux urnes.(Reuters)

Antonis Samaras renonce à former un gouvernement de coalition

Le leader des conservateurs grecs Antonis Samaras du parti de la Nouvelle Démocratie a déclaré forfait lundi soir après avoir échoué à former un gouvernement de coalition, au lendemain d'une défaite historique des deux piliers du système politique grec dont les conséquences inquiètent l'Europe et les marchés.

Lundi, le chef de l'Etat Carolos Papoulias a confié à M. Samaras la tâche de constituer un gouvernement, en vertu de la Constitution qui réserve cette responsabilité au parti arrivé en tête du scrutin législatif de dimanche.

Premier parti avec 18,85% des voix seulement dans un parlement émietté comme jamais, la Nouvelle-Démocratie devait tenter de trouver une majorité pro-austérité et pro-Europe.

Le patron de la droite pro-austérité n'avait que trois jours pour trouver l'improbable formule magique, son équipe gouvernementale ne pouvant voir le jour qu'avec la coopération d'au moins deux autres partis, dont l'un serait forcément hostile à la cure de rigueur mise en oeuvre depuis deux ans pour juguler la crise de la dette.

Il a donc entamé lundi des discussions avec les leaders des formations ayant franchi le seuil des 3% nécessaires pour entrer au parlement, sauf avec le parti néonazi.

Sa proposition d'alliance a d'emblée reçu une fin de non-recevoir d'Alexis Tsipras, dirigeant du désormais premier parti d'opposition, le Syriza (gauche radicale), arrivé à la deuxième place aux législatives, selon lequel "il ne peut y avoir de gouvernement de salut national avec la droite qui a signé des mesures de rigueur (...), que le peuple a rejetées".

Dans la soirée, il a essuyé un deuxième refus, celui du chef de la Gauche démocratique (Dimar) Fotis Kouvelis, un nouveau petit parti de gauche pro-européen, plus modéré que le Syriza, qui a obtenu 6,10% des suffrages et a fait son entrée pour la première fois au Parlement.

A l'issue de sa rencontre avec M. Samaras, M. Kouvélis a refusé "de participer à un gouvernement de coalition droite-Pasok déguisé qui n'est pas compatible avec la volonté du peuple grec".

Quant au Parti communiste et au parti des Grecs indépendants, ils n'ont même pas accepté de le rencontrer.

Or, avec les seuls socialistes du Pasok, ex-partenaire au gouvernement depuis novembre, la ND ne parvient pas à la majorité. Le parti de l'ancien ministre des Finances Evangélos Vénizélos obtient le pire score de son histoire avec 13,18% des voix, soit 41 sièges.

Le recours indispensable à un troisième parti est loin d'être évident, car cinq des sept formations du nouveau parlement sont opposées au memorandum d'accord de la Grèce avec ses bailleurs de fonds, qui impose au pays des mesures d'austérité drastique et des réformes structurelles de fonds en échange de leur perfusion financière. Ce bloc anti-rigueur détient la majorité arithmétique du parlement, soit 151 sièges.

Un gouvernement de coalition aurait donc un caractère très fragile. Or le Premier ministre grec sortant Lucas Papademos a rappelé lundi que la Grèce a besoin de "stabilité" afin de "mener à leur terme ses efforts" pour sortir de la crise.

M. Samaras a donc informé le président Carolos Papoulias de son échec et lui a restitué son mandat. "J'ai fait ce que j'ai pu pour obtenir un résultat, mais c'était impossible", a déclaré M. Samaras.

Ce "mandat exploratoire" sera remis dès demain à 11h GMT au dirigeant du deuxième parti, M. Tsipras qui de son côté voudrait tenter un gouvernement résolument de gauche qui veut une renégociation avec les partenaires européens de la Grèce sur les mesures d'austérité et demande qu'une partie de la dette grecque soit annulée.

Son score qui lui permet de décrocher 52 sièges au parlement a créé la surprise et traduit une forte poussée de la gauche anti austérité en Grèce.

Si lui aussi devait échouer, le mandat exploratoire sera ensuite confié au troisième parti, le Pasok socialiste. Et en cas de troisième échec, le chef de l'Etat convoquera les leaders des partis parlementaires pour une réunion de la dernière chance, qui peut durer plusieurs jours.

Lundi, le journal Ta Néa (centre-gauche) titrait sur un "cauchemar: l'impossibilité de former un gouvernement", en soulignant que de nouvelles élections anticipées ne sont pas exclues.

Certains médias grecs ont déjà évoqué lundi la date du 17 juin pour un nouveau scrutin, nourrissant l'inquiétude perceptible sur les marchés financiers au sujet de la Grèce, à l'aube de ces dix jours cruciaux pour le pays et la zone euro.

La Bourse d'Athènes a dégringolé de 6,6 pour cent lundi.

A Berlin, la chancelière allemande a insisté sur "la mise en oeuvre des réformes", qui revêt une "importance essentielle". Berlin continue de considérer le plan d'aide européen comme "la meilleure voie" pour une sortie de crise. Bruxelles a également appelé le pays à "respecter ses engagements".

Pour sortir de l'impasse, les responsables politiques grecs pro-austérité ont timidement esquissé la possibilité d'amender la feuille de route des ajustements exigés par les créanciers du pays.( Afp)

 

 



Voir tous les articles de la catégorie "International"