Le président égyptien Mohamed Morsi a tenu ce vendredi un discours devant le palais présidentiel du Caire pour défendre le décret pris la veille qui renforce ses prérogatives, assurant œuvrer à la stabilité du pays et à la rotation du pouvoir. «Je suis pour tous les Egyptiens. Je n'agirai jamais en défaveur d'un fils de l'Egypte», a-t-il déclaré devant des milliers de partisans. «Nous avançons, si Dieu le veut, et personne ne se dresse sur notre chemin», a affirmé le chef de l'Etat à l'issue des prières du vendredi.
«J'accomplis mes devoirs pour plaire à Dieu et à la nation et je prends mes décisions après avoir consulté tout le monde», a-t-il ajouté. «La victoire ne survient pas sans un projet clair, et c'est ce que j'ai».Des dizaines de milliers de manifestants place TahrirAlors que des manifestations ont été organisées en réaction à sa décision, le chef de l'Etat a dit ne pas craindre l'opposition. «L'opposition en Egypte ne m'inquiète pas, mais elle doit être réelle et forte», a-t-il lancé.
Des dizaines de milliers de manifestants pour la démocratie se sont réunis vendredi sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, pour protester contre la décision du président Mohamed Morsi d'élargir ses pouvoirs. Dans trois autres villes, de violents affrontements ont éclaté avec des partisans du chef de l'Etat, faisant une quinzaine de blessés, selon des responsables médicaux.
Devant une mosquée de la ville d'Alexandrie, dans le nord du pays, où se trouvent les bureaux des islamistes des Frères Musulmans dont est issu le président, des milliers de personnes ont échangés des jets de pierres et de morceaux de marbre après les prières musulmanes du vendredi. Des manifestants anti-Morsi ont envoyé des pierres et des pétards aux pro-Morsi qui se sont protégés avec leur tapis de prière. Des affrontements similaires ont également éclaté à Assiut, dans le sud, et à Gizeh, située sur la rive gauche du Nil, face au Caire.Plus de pouvoirs pour «défendre» la révolutionLe président islamiste égyptien Mohamed Morsi a décidé jeudi de renforcer considérablement ses pouvoirs, en particulier face à la justice. Une annonce justifiée par la «défense» de la révolution de 2011 mais qui lui vaut d'être qualifié de «nouveau pharaon» par l'opposition.
«Le président peut prendre toute décision ou mesure pour protéger la révolution», a annoncé le porte-parole de la présidence, Yasser Ali, en lisant une «déclaration constitutionnelle» à la télévision.
Mohamed Morsi cumule déjà les pouvoirs exécutif et législatif -la chambre des députés a été dissoute en juin-, et entretient des relations tendues avec une grande partie de l'appareil judiciaire.
Le président égyptien a également décidé qu'aucune instance judiciaire ne pouvait dissoudre la commission chargée de rédiger la future Constitution, critiquée par les milieux libéraux, laïques et l'église chrétienne copte, qui l'accusent d'être dominée par les islamistes.
Mohamed Morsi avait déjà renforcé son pouvoir en écartant en août le ministre de la Défense Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA).
L'Union européenne a appelé vendredi le président Mohamed Morsi à respecter le processus démocratique en Egypte. «Il est de la plus haute importance que le processus démocratique se déroule dans le respect des engagements pris par les autorités égyptiennes», a déclaré un porte-parole de Catherine Ashton, haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. (Agences)