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Egypte: manifestation de masse après l'approbation du projet de Constitution

30-11-2012 17:15  Abbès Zineb

Plus de 100.000 personnes ont manifesté vendredi en Egypte après l'approbation par les islamistes, majoritaires à l'Assemblée constituante, du projet de Constitution sans la participation des libéraux et des chrétiens. Le projet sera ensuite soumis à un référendum national, normalement mi-décembre.

L'imam compare Morsi au prophète

La colère contre Mohamed Morsi s'est propagée à la mosquée où le président égyptien à l'habitude de se rendre chaque semaine pour la prière du vendredi. Dans son serment, l'imam a comparé M. Morsi au prophète Mahomet, expliquant que ce dernier avait en son temps bénéficié de larges pouvoirs.

"Non à la tyrannie!" ont scandé les fidèles, interrompant le religieux. Mohamed Morsi a pris la parole et déclaré à l'assistance qu'il contestait aussi les propos du cheik, et que fait qu'un seul homme exerce le pouvoir était contradictoire avec l'Islam.

La foule a manifesté au Caire, convergeant vers la place Tahrir pour la seconde grande mobilisation de la semaine, organisée contre le président egyptien. "La Constitution: annulation", ou "le peuple veut faire tomber le régime", ont scandé les manifestants.

"La révolution est de retour"

L'un des leaders de l'opposition, Hamdeen Sabbahia, a pris la parole devant la foule, expliquant qu'il faisait le voeu que les manifestants puissent se battre jusqu'à faire "annuler cette Constitution".

"La révolution est de retour (...) Nous serons victorieux" a scandé le libéral M. Sabbahi, qui était arrivé étonnamment en troisième place lors de l'élection présidentielle de l'été dernier. "Nous sommes unis contre ce régime d'oppression", a-t-il ajouté.

Les manifestants dénoncent les amendements pris par le président Morsi la semaine dernière. Jeudi 22 novembre, le président égyptien a renforcé notablement son pouvoir en accordant l'immunité à la commission chargée de rédiger une nouvelle Constitution pour empêcher qu'elle ne soit dissoute par décision de justice, ainsi qu'à la chambre haute du Parlement. Ces deux instances sont dirigées par ses alliés islamistes des Frères musulmans, qui constitue une sorte de parti unique, plus d'un an et demi après la chute de l'ancien raïs, Hosni Moubarak.

L'Assemblée constituante, qui travaille sur le projet de Constitution depuis des mois, a adopté le texte lors d'une séance marathon qui s'est poursuivie après minuit. Les membres ont voté sur chacun des 230 articles du projet. Sur les 85 membres présents à l'Assemblée, il n'y avait aucun copte et seulement quatre femmes, toutes islamistes.

Depuis des semaines, les membres progressistes, laïcs et coptes, qui formaient déjà une minorité au sein de l'assemblée de 100 membres, boycottent le processus pour protester contre la domination des islamistes.

La subite précipitation pour approuver un projet de Constitution est le dernier revirement de la crise qui oppose le président Morsi et ses partisans islamistes, d'une part, à l'opposition majoritairement laïque et progressiste et, d'autre part, au système judiciaire.

Le vote n'était pas attendu avant deux mois. Mais l'Assemblée a abruptement décidé d'adopter le texte avant le jugement de la Cour suprême constitutionnelle, qui doit se prononcer dimanche sur une éventuelle dissolution de l'Assemblée constituante.

 "Opération délicate"

Afin d'entrer en vigueur, le projet de Constitution devra être adopté dans le cadre d'un référendum populaire, qui devrait avoir lieu "très bientôt", a indiqué le président Morsi jeudi.

L'opposition s'interroge sur l'attitude à adopter : soit boycotter le vote pour montrer son désaccord avec cette Charte, soit essayer d'utiliser la colère de la population contre Mohamed Morsi pour convaincre le peuple de voter "non" au referendum.

Le président égyptien assure que ces nouveaux pouvoirs ne sont valables que jusqu'au referendum, dont il devrait annoncer la date samedi.

La principale controverse repose sur la rédaction du deuxième amendement. Dans l'ancienne charte constitutionnelle, il est mentionné que "les principes de la charia islamiste" constituent la base de la législation. Cette formulation est soutenue par les libéraux car selon eux, il s'agit d'une définition large de l'Islam.

Les fondamentalistes veulent plus. Ils réclament que la base de la loi repose sur les préceptes de la charia, ce qui implique que la loi égyptienne soit soumise à l'interprétation religieuse, menaçant les libertés individuelles.

En même temps, cette Charte instaure de nouvelles protections contre les abus en cours sous l'ère Moubarak, comme l'interdiction de la torture et des arrestations arbitraires.

Au total, 85 membres -dont la totalité des islamistes, et aucun chrétien- ont participé à la session qui a duré 16 heures, votant l'un après l'autre les 230 articles. (Avec Sipa)



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