Vingt personnes ont été tuées au Caire lors d'affrontements entre des manifestants hostiles au pouvoir militaire et des assaillants. Des heurts qui ont lieu alors que la campagne pour l'élection présidentielle s'est officiellement ouverte.
Plus d'un an après la chute d'Hosni Moubarak, la situation politique en Égypte reste inextricable. Vingt personnes ont trouvé la mort dans la nuit de ce mercredi, à 2h du matin, au Caire suite à des affrontements entre des manifestants hostiles au pouvoir militaire et des assaillants non identifiés, venus les attaquer. Les deux camps ont échangé pendant des heures des jets de pierres et des cocktails Molotov, tandis que des Cairotes étaient lynchés en pleine rue.
"Ces affrontements font monter la tension politique à l'aube de l'élection présidentielle. L'armée est devenue la cible de la colère des manifestants car en un an rien n'a changé pour eux. Les personnes qui les ont attaquées sont pour la plupart des jeunes qui se mettent au service de gens qui les paient comme l'armée ou d'anciens membres du parti d'Hosni Moubarak", explique à Metro Marc Lavergne, directeur de recherche au CNRS.
Refonte de la scène politique
Ces heurts ont amené deux des principaux candidats à la présidentielle - l'islamiste modéré Abdel Moneim Aboul Foutouh, et Mohamed Morsi pour les Frères musulmans - à suspendre leur activité "en signe de solidarité avec les manifestants". La campagne avait déjà fait polémique suite à l'élimination de dix candidats sur vingt-trois par la commission électorale en avril dernier. "Depuis plus d'un an on assiste à une refonte de la scène politique en Égypte. Ce qui se passe dans la rue n'en est que l'expression", ajoute Marc Lavergne.
Le premier tour de la présidentielle est prévu les 23 et 24 mai, le second les 16 et 17 juin. L'armée a promis de remettre le pouvoir aux civils avant la fin juin, une fois le nouveau président élu. Lors d'une allocution télévisée, le chef d'état-major a même déclaré qu'elle serait prête à quitter le pouvoir dès le 24 mai en cas de victoire de l'un des candidats à la présidentielle au premier tour.