Du 22 février au 26 avril 2019, les manifestations au lieu de diminuer s’amplifient, devant tirer les leçons rapidement, la rencontre initiée par l’actuel chef d’Etat pour le 22 avril 2019 invitant partis politiques, personnalités et sociétés civiles qui ayant eu un résultat très mitigé, du fait de la non représentativité des personnes et des partis à cette rencontre. Espérons comme le souhaite le commandement de l’ANP une solution rapide à la crise politique grâce au dialogue productif, devant étudier toutes les solutions utiles allant vers l’Etat de droit et la démocratie et surtout mettre en place des institutions crédibles si l’on veut combattre concrètement la corruption à ne pas confondre avec mauvaise gestion pour éviter des règlements de comptes inutiles . L’on devra privilégier uniquement les intérêts supérieurs du pays et non des intérêts étroits personnels de rente car contrairement vues de sinistrose, montrant une société composée d’une majorité de la jeunesse, en plein vitalité, vivante et en mutation, espérons le positive, l’Algérie, un grand pays, selon l’ensemble des observateurs internationaux étant un acteur stratégique pur la stabilité de la région méditerranéennes et africaine. N’oublions jamais l’Economique si l’on veut éviter la cessation de paiement horizon 2022, où horizon 2020 sortiront 300.000 des universités, devant avoir un taux de croissance dépassant la pression démographique de 8/10% si l’on veut combattre le lancinant problème du chômage. Car le monde avance, l'intelligence artificielle et le digital révolutionnant tant les relations internationales, la gestion des Etats, des institutions, des entreprises que les relations que personnelles, devant nous adapter aux arcanes de la nouvelle économie et ce afin que l’Algérie ne soit pas isolée de la nouvelle révolution économique mondiale. La majorité des organisations doit s'éloigner des schémas utopiques du passé des années 1970/1980/1990, étant à l'aube d'une véritable révolution planétaire 2020/2030. L’Algérie n'a pas d'avenir si elle ne favorise pas la bonne gouvernance et l'économie du savoir, devant s'adapter à ces nouvelles mutations, qui sont les deux piliers fondamentaux du développement du XXIe siècle.
1.-Dans ce cas, il est illusoire voire utopique de prévoir l’élection présidentielle pour le 04 juillet 2019 où on assiste déjà à une désobéissance civile tant des présidents d’APC que des magistrats dans bon nombre de wilayas, avec le risque d’un boycott massif ne résolvant en aucune manière la crise qui est avant tout politique, au contraire avec le risque de l’amplifier. Devant la gravité de la situation, le vice ministre de la défense nationale Chef d’Etat Major de l’ANP ayant affirmé récemment que toutes les solutions sont ouvertes pour trouver rapidement une issue à la crise. Cela fait suite à la sentence de l’immense majorité de la population du 26 avril 2019 et des précédents manifestations depuis le 22 février 2019 rejetant l’actuel chef d’Etat, l’actuel premier ministre et le gouvernement où des ministres ont été hués lors de récents déplacements, montrant la confiance brisée avec les actuelles institutions, étant dans une impasse politique, nuisible à l'image de l'Algérie tant au niveau national qu'international. Tous les Partis du pouvoir et même de l’opposition avec leurs satellites dites faussement société civile représentatives seuls interlocuteurs du pouvoir depuis des décennies, ont été hors circuit, l’immense majorité de la population ne leur faisant pas confiance. Au vu d’élections administrées (fraude) depuis l‘indépendance politique, aucun parti en ce mois d’avril 2019 ne connait exactement sa représentativité réelle, ne pouvant donc pas dresser la réelle cartographie électorale. D’ailleurs nous assistons à un paradoxe, unique dans le monde, des alliances contre nature, avec des programmes différents qui dans la vie courante ont un impact sur la structuration sociale et politique. Or à l’avenir l’Economique sera déterminants où les alliances doivent avoir un socle commun : vision socialisante du passé, vision libérale ou vision socio-démocrate. Attention à ces slogans des courants extrémistes populistes, qui risquent de conduire Al HJirak dans l’impasse : « dégagez tous ». S’il faille lutter contre la corruption, supposant une moralité sans faille de ceux qui auront à diriger la Cité, devant avant tout reposer sur un Etat de Droit et une justice réellement indépendante, la majorité des fonctionnaires, des cadres tant au niveau de la société civile que de l’ANP/forces de sécurité sont honnêtes, devant à tour prix éviter le vide des institutions ce qui conduirait à l’anarchie profitable aux conservateurs.
2.-En ce mois d’avril 2019, nous avons des forces réformistes et des forces conservatrices. Les deux forces réformistes tenant compte de la période tragique des années 1990/1999, c’est la population et l’ANP/ forces de sécurité, qui ont payé un lourd tribu et Al Hirak, structure spontanée non organisée. Comme dans tout mouvement populaire, il est maladroit de demander à plus de 20 millions de toutes les couches de la population, traversés par des courants idéologiques contradictoires, de s’organiser. Al Hirak a des revendications politiques claires qu’il s ‘agit de satisfaire, appartenant aux organisations structurées, devant être morales, tant politiques que de la société civile de les prendre en charge, assistant actuellement au niveau des plateaux de télévisions à des déclarations de personnes, presque toujours les mêmes, qui désignent et s’auto -désignent (tout le monde devient expert) mais qui ne peuvent représenter AL HIRAK dans toute sa composante complexe. L’ANP, en symbiose avec la population, ne renouvellera pas l’expérience tragique des années 1990, tant pour des raisons internes qu’externes pouvant isoler l’Algérie de l’arène internationale. Le haut commandement dans son immense majorité est composé de cadres de hauts niveaux et de hautes valeurs, n’étant pas une armée classique mais une armée populaire n’oubliant pas qu’il est lui même traversé par les impacts de la société en perpétuelle évolution. L’Algérie sera avant tout ce que les Algériennes et les Algériens voudront qu’elle soit, étant un grand pays, les forces externes acquis aux réformes étant consciente que toute déstabilisation de l’Algérie se répercuterait sur la région méditerranéenne et africaine (voir notre interview à l’American Herald tribune 11 aout 2018). Parallèlement, nous avons deux forces conservatrices très puissantes pouvant assister à des alliances contre nature pour préserver les intérêts de la rente, quitte à déstabiliser l’Algérie ( calcul de court terme) qui feront tout pour faire avorter les réformes et les revendications d’Al Hirak, avec des alliances externes de pays ou de réseaux qui ne veulent pas que la démocratie véritable et une économie de marché concurrentielle à finalité sociale s’instaurent en Algérie, ce qui aurait des incidences négatives sur certains pouvoirs et sur certains intérêts occultes. Ces deux forces, tissant des liens étroits égalent avec la sphère informelle, sont la bureaucratie centrale et locale rentière présente dans tous les appareils de l’Etat et l’oligarchie financière rentière, non pas les véritables entrepreneurs créateur de richesses.
3.-Quelles actions rapides pour une sortie de la crise politique en Algérie ? J’émets sept (07) propositions. Premièrement, devant la gravité de la situation, le vice ministre de la défense nationale Chef d’Etat Major de l’ANP ayant affirmé récemment que toutes les solutions sont ouvertes pour trouver rapidement une issue à la crise, il y aura démission de l’actuel chef d’Etat , le Haut conseil de sécurité pouvant désigner une personne au maximum à cinq personnes, étant souhaitable trois ( le chiffre doit être impair donnant deux voix au président) qui auront l’autorité de chef d’Etat, devant faire l’objet d’un minimum de consensus et surtout avoir une haute prohibité morale ne devant pas se présenter à la future élection présidentielle. Deuxièmement, l’actuel gouvernement devant démissionner, la nouvelle présidence transitoire, désignera un gouvernement de compétences nationales non partisans, des personnes morales chargés de gérer les affaires courantes jusqu’à la fin de l’année. Deux ministères doivent retenir l’attention : celui de la justice et celui de l’intérieur, tout en soulignant l’importance de la nomination rapide du gouverneur de la banque d’Algérie, indépendante de l’exécutif selon la Loi, afin de crédibiliser nos relations financières internationales, n’appartenant pas au ministère des finances ou à des organes bureaucratiques le contrôle des changes. Troisièmement, LA nouvelle présidence transitoire , installera et c’est l’aspect le plus important, une commission indépendante de supervision des élections composée de représentants de la société civile dans sa diversité, les représentants d’ El Hirak, les représentants des partis politiques, et des personnalités candidats à l’élection présidentielle , avec des réseaux au niveau des wilayas et communes. Quatrièmement, le ministère de l’intérieur, les walis (assurant seulement la logistique) et les actuels APC à dominance FLN/RND ne seront pas concernés par cette supervision, la centralisation des résultats se faisant au niveau de la commission nationale et ce afin d’éviter la fraude. Cinquièmement, la date de l’élection présidentielle devra avoir lieu le dernier trimestre 2019, avec une date précise. Sixièmement, l’ANP, en symbiose avec le mouvement populaire, (la sécurité permanente du pays devant impliquer la société), comme cela a été souligné par le haut commandement de l’ANP, veillera à des élections « transparentes » et accompagnera cette transition démocratique, pour revenir à ses missions constitutionnelles après l’élection présidentielle. Septièmement, afin d’éviter le vide institutionnel, seul un Président légitime pourra réviser la Constitution dissoudre l’APN et le Sénat et tracer les profondes réformes politiques, sociales et économiques qui doivent être contenues dans son programme.
4.- L'Algérie souffre cruellement de prospectives en ce monde instable et turbulent avec de profondes mutations géostratégiques qui s'annoncent 2018/2030, étant souhaitable à l’avenir afin d’éviter les scandales récents, que l’ensemble des projets inscrits dans le programme soit individualisés et que leur mode de financement (part dinars, devises) année par année soit clairement défini avec leurs impacts sur la trajectoire budgétaire, le taux de croissance et le taux de l’emploi. Enjeux énormes de pouvoir, le grand défi est de dynamiser le système financier afin qu'il soit un facteur de développement et non pas un facteur facilitant le transfert illicite de devises par la redistribution de la rente des hydrocarbures dans le sillage des sphères de clientèles. Pour paraphraser les militaires, il faut s’attaque à l’essentiel et non au secondaire, devant différencier stratégie et tactiques pour une lutte réelle contre la corruption, le système financier n’ayant pas fait sa mu depuis l’indépendance politique, incapable de se réformer du fait de la neutralisation des rapports de force au niveau des différentes sphères du pouvoir, un PDG de banque étant souvent plus puissant qu’un ministre des finances. Depuis 2000, nous retrouvons souvent les mêmes personnes au niveau des directions générales avec des permutations qui reproduisent les mêmes comportements bureaucratiques alors qu’il s ‘agit d’injecter du sans neuf existant au sein d’un bon nombre de compétences managériales en dehors de cette sphère, afin d’éviter que les mêmes causes produisent les mêmes effets néfastes.
Ainsi s’impose des audits et un renouveau urgent au niveau de quatre structures stratégiques pour le devenir du pays, qui relèvent du ministère des Finances, les banques dont celles garantissant les crédits, la direction de la fiscalité, celle des domaines, et celle de la douane. A ce titre, je considère que le nerf du système rentier depuis l’indépendance politique repose sur le système financier, lieu de distribution de la rente, et que sans sa réforme, il ne faut pas s’attendre à ce que le mal de la corruption qui ronge le corps social disparaisse, car les mêmes causes et les mêmes responsables reproduisent les mêmes effets pervers pour le développement futur du pays, tous les dossiers relatés récemment ayant un lien avec le système financier.
5.-En cette période difficile de tensions budgétaires, personne n’ayant le monopole de la vérité et du nationalisme, l’Algérie doit mobiliser tous ses enfants sans exclusive, favoriser le dialogue productif, évitant les dissensions inutiles ou pouvoir, opposition et experts non organiques, doivent contribuer au redressement national dont une croissance négative ou faible, devant être supérieur au taux de croissance démographique, peut avoir des répercussions tant nationales, sociales, politiques que géostratégiques au niveau de la région existant un lien dialectique entre sécurité et développement. Evitons de fonder une politique économique sur des modèles économétriques appliqués aux pays développés déconnectés des réalités nationales dont certains experts, qui avaient pronostiqué en 2014 le retour d‘un cours du pétrole à plus de 100 dollars. Devant l’ex premier ministre et les membres de son gouvernement dans ma conférence au Club de Pins le 26 novembre 2014, dans plusieurs interviews les médias publics et privés nationaux et médias internationaux (voir www.google.com Mebtoul 2014/2016) , j’avais proposé un comité de crise de crise chargé de proposé des mesures opérationnelles de réformes au sein du conseil économique et social en léthargie depuis des années. Induit en erreur par certains experts ou intellectuels organiques aux ordres, Il en est de même après des discours euphoriques sur le bienfait du financement non conventionnel de certains experts organiques et politiques dont un ex Ministres des finances dont d’ailleurs les mesures sur la sphère informelle ont permis des enrichissements sans efforts de certains oligarques rentiers qui ont retiré leurs dépôts des banques primaires taux d’intérêt à 2%) pou les placer au Trésor, à un taux d’intérêt de 5%, qui avaient salué ce mode de financement, le dénoncent actuellement. Or les enregistrements font foi de leurs déclarations ayant induit en erreur l’opinion publique avec la complicité de certaines sphères du pouvoir. Dans une contribution parue le 17 juin 2017 sur le site www.algerie1.com, j’avais mis en relief que ce mode de financement risque de conduire le pays vers une dérive inflationniste à la vénézuélienne (devant comparer le comparable) avec des incidences économiques, politiques et sociales négatives. Rappelons que le financement non- conventionnel a été retenu en conseil des ministres le 14 juin 2017, qui constitue une application de la théorie keynésienne applicable à une économie de marché concurrentielle structurée, par l’injection monétaire, disposant de facteurs de production oisifs (équipement-main d’œuvre qualifiée) et en sous-emploi alors que l’Algérie souffre de rigidités structurelles avec un dépérissement du tissu productif et une dépendance vis-à-vis du cours volatil des hydrocarbures, d’où le risque avec la planche à billets, d’un processus inflationniste incontrôlée à la vénézuélienne. Les responsables ne nous ont pas écoutés et nous en payons aujourd’hui les conséquences de cette imprévision
6.-En résumé, vieillissement des élites politiques issues de la guerre de libération nationale, gestion volontariste, obsolescence du système politique et enjeux de pouvoir internes, crise économique, sociale et culturelle et contraintes externes de plus en plus pesantes ont révélé une réalité bien amère : l'absence dramatique d'une véritable stratégie nationale d'adaptation tant aux mutations internes qu'externes le tout aboutissant à des incohérences au manque de visibilité dans la démarche. Pour l’avenir, soit des réformes ou la récession/ déstabilisation : pour preuve, entre 1963 et avril 2019 la nature du pouvoir n’a pas changé de fond mais seulement de formes dominé par les liens dialectiques, rente, monopole et logique rentière où directement et indirectement 98% des recettes en devises provenant de Sonatrach, qui est l’Algérie et l’Algérie c’est Sonatrach. Le véritable pouvoir économique mondial et l’influence diplomatique reposent sur une économie forte, où les deux pivots du développement du XXIème siècle sont la bonne gouvernance et la maitrise du savoir étant l’’aube de la quatrième révolution économique mondiale 2020/20030. La crise politique en Algérie, conditionnant sa sécurité, doit être révolue impérativement avant la fin de l’année 2019, sinon il y a risque d’une récession économique et sociale, allant droit à la cessation de paiement et donc un retour au FMI horizon 2021/2022. Dans ce cas, il serait illusoire de parler d’indépendance politique et économique, sans compter du fait des tensions au niveau de la région africaine et méditerranéenne, des impacts géostratégiques (voir nos différentes contributions 2016/2019 sur www.google sur ce sujet et notre intervention à l’Ecole Supérieure de Guerre à l’invitation du commandement de l’ANP 19 mars 2019). Il s’git impérativement de mettre en place des institutions crédibles si l’on veut combattre concrètement et durablement la corruption qui menace la sécurité nationale à ne pas confondre avec mauvaise gestion et ce pour éviter des règlements de comptes inutiles passant par de profondes réformes politiques et économiques. Toute perte de temps pour des raisons de calculs obscurs ne peut que conduire le pays à de graves dérives et à sa stabilité. [email protected]
Références :
Cette présente analyse s’inscrit dans le prolongement de trois contributions parues au niveau international (Africa Presse Paris ) , avant le 22 février 2019 le déclenchement d’El Hirak (Pr A. Mebtoul (1/3) : –« Le développement de Algérie implique la réforme du système politique » 8 août 2018 – Pr A. Mebtoul (2/3) :« Il est urgent d’adapter nos partis politiques algériens, pour la majorité liés à des intérêts de rente » 9 août 2018 – Pr A. Mebtoul (3/3) : « Pas de développement pour l’Algérie sans vision stratégique d’une économie hors hydrocarbures » 10 août 2018) Pr A. MEBTOUL : « Les cris de la jeunesse d’Algérie pour un profond changement doivent être entendus » 5 mars 2019. AfricaPresse Paris France- -Ouvrage collectif « les enjeux géostratégiques de l’intégration du grand Maghreb » Edition Harmattan Paris/ France – 2015 sous la direction d’Abderrahmane Mebtoul et de Camille Sari deux ouvrages (1050 pages) Le premier ouvrage collectif s’intitule, « quelle gouvernance et quelles institutions au Maghreb face aux enjeux géostratégiques ». Le second ouvrage collectif traite « de l’intégration économique maghrébine, un destin obligé. Contribution du professeur Abderrahmane Mebtoul Institut Français des Relations Internationales – IFRI- « La coopération Europe/Maghreb face aux enjeux géostratégiques 55 pages 04 avril 2011 » et du même auteur « la problématique de la sphère informelle au Maghreb (IFRI 28 pages 03 décembre 2013). -Interviews à l’American Herald Tribune 28 décembre 2016 (58 pages) et au quotidien financier français la Tribune.fr mars 2017 « toute déstabilisation de l’Algérie aurait un impact sur l’espace méditerranéen et africain »- Pr Abderrahmane Mebtoul- à l’American Herald Tribune – 11 aout 2018 sur le bilan et les perspectives de l’économie algérienne 2018/2020/2030 (14 pages)