Algérie 1

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Lever les entraves bureaucratiques au développement du secteur privé productif

22-10-2017 12:20  Pr Abderrahmane Mebtoul

Je définis le véritable nationalisme comme celui à quelque niveau de responsabilité qu’il soit, entrepreneurs  ou de simples citoyens, qui contribuent à l’accroissement de la valeur ajoutée nationale, à la création d’emplois durables et contribuant à travers un impôt juste aux recettes fiscales de l’Etat.

 I.- Les principaux entrepreneurs privés algériens opérant dans la sphère réelle économique sont  connus sur la place publique notamment dans l’industrie et le BPTPH .  Pour éviter des interprétations byzantines, la  liste  qui suit  est faite en vrac et ne traduit pas forcément le poids réel  de chaque groupe.  1.-Nous avons le  groupe CEVITAL,  -2- Le Groupe MEHRI-3-  Le groupe KOUININEF --4-   Le Groupe HADDAD  -5- Le groupe  RAHIM -6- Le groupe BENAMOR  – 7- Le groupe OTHMANI  -8-Le groupe BENHAMADI   – 9-Le groupe HASNAOUI - 10-Le groupe BIOPHARM -11-  Le groupe  SIM  - 12- Bien entendu il existe  d’autres groupes dont je ne citerai sans être exhaustif - a-  , la  société HAMOUD BOUALEM  –b- Le  groupe ATTIA –c- Le groupe  EDEN ( Cherif Othmane) . – d- Le groupe DENNOUNI –e- ALLIANCES ASSURANCES -f- Nous avons notamment  LA  BELLE,–g- la Sarl CVA BELLAT. Sur le plan organisationnel, nous avons le manque d’unification des organisations patronales  privées  où sans être exhaustif nous  avons : la  Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA)  la Confédération générale du patronat (CGP-BTPH), la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA, la Confédération algérienne du patronat (CAP) , le Conseil supérieur du patronat algérien (CSPA),  l'Association des femmes chefs d'entreprises (Savoir et vouloir entreprendre-SEVE), le Club des entrepreneurs et des industriels de la Mitidja (CEIMI). Le FCE est  considéré comme un Think tank (laboratoire d’idées) et non comme une organisation syndicale.   Se pose cette question qui interpelle la décision de l’impôt sur la fortune : les plus grosses fortunes en Algérie sont-elles forcément   dans la  sphère réelle en Algérie dont plus de 80% des opérateurs dépendent de la dépense publique et des emprunts  des banques et comment comptabiliser l’argent investi ou déposé dans les paradis fiscaux à l’étranger ? Quelles sont les fortunes   au niveau de la sphère informelle notamment marchande avec une intermédiation informelle à des taux d’usure .Cette sphère contrôle au niveau de la sphère réelle 65% des segments des produits de première nécessité : fruit/légumes, marché du poisson, marché de la viande blanche/rouge et à travers des importations informels le textile/cuir,  avec une concentration du capital  au profit de quelques monopoleurs informels. Cette sphère liée à la logique rentière tisse des liens dialectiques avec certains  segments de l’administration  expliquant  qu’il est plus facile d’importer que de produire localement.

2.-Sur le plan historique  depuis l’indépendance politique, le  secteur privé algérien s’est développé largement à l’ombre du secteur d’Etat selon le fameux slogan  secteur privé facteur complémentaire du secteur d’Etat. Ce qui le freine  c’est l’environnement qui bloque la mise en  œuvre d’affaires et les  initiatives créatrices  de valeur ajouté à l’instar, comme l’actuel marché du travail  rigide et   la politique salariale qui favorise des  emplois rentes au lieu du savoir et du travail. Cela explique selon  nos enquêtes   que bon nombre d’entrepreneurs, face à une concurrence étrangère ont des filières d’importation afin d’équilibrer  leur comptes globaux. Que l’on visite bon nombre d’anciennes zones industrielles (Est- Centre – Ouest ou la zone de Ghardaïa)   et l’on constatera  que bon nombre d’anciennes usines  se sont transformées en aire de stockage expliquant d’ailleurs le dépérissement du tissu productif où l’industrie représente selon l’ONS en 2016, 6,3% du produit intérieur brut. La raison essentielle sont les contraintes d’environnement : bureaucratie pour  plus  de 50%, un système financier administré,( plus de 90% des crédits octroyés sont le fait de banques publiques), un système socio-éducatif  inadapté  et enfin l’épineux problème du foncier. A cela s’ajoute du fait  de l’ancienne  culturelle,  une méfiance  vis-à-vis du privé tant local qu’international  du fait que les  tenants de la rente ont peu de perdre des parcelles de pouvoir. Cela explique d’ailleurs  ces alliances entre la sphère bureaucratique  et certaines sphères privées spéculatives mues par des gains de court terme via la rente. 

3.- Il est utile de mettre en relief quelques indicateurs pour 2016 ( source ONS)


a-chiffre d’affaires :-total  189 milliards de dollars -public 65 milliards de dollars -privé 124 milliards de dollars -35% public, 65% privé -Valeur ajoutée 32% public, 68% privé.


b-consommations intermédiaires : pour 2016 les consommations  intermédiaires(CI) globales représentent 36,20% par rapport au chiffre d’affaires (CA) et par rapport à la valeur ajoutée(VA)  56,70% -Pour le secteur public les CI représentent  40,52% par rapport au CA et 68,15% par rapport à la VA -Pour le secteur privé les CI représentent 33,87% par rapport au CA  et 51,21% par rapport à la VA.


c-produit intérieur brut – PIB 2016 -Industrie 6,1%- hydrocarbures 18,8% -agriculture 13,3%-BTPH 12,9% -services marchands 30,1% -services non marchands 18,8%, pour ces deux derniers rubriques 48,9% et en incluant le BTPH qui relève de la dépense publique 61,8%.


d- impôts liés à la production  par secteur juridique en 2016 : Le secteur  privé ne contribue qu’à hauteur de 32,4% et le public à 67,6%.


e- part du secteur privé dans la valeur ajoutée :Par secteurs le secteur public représente dans les hydrocarbures 89,4%, le secteur privé 10,6%, - services travaux pétroliers 100% secteur public,  étant surtout les partenaires étranger, - eau énergie 100% secteur public, - les mines  et carrières le secteur public 91,8% et 8,2% le secteur privé, -les industries mécaniques, métallurgiques, électriques ISMME noyau du développement industriel, le secteur public représente 93,0% et le secteur privé seulement 7,0%, - le secteur agriculture- pêche-sylviculture , le secteur privé représente 99,3%,- dans la chimie, plastique-caoutchouc 79,2%, -dans les matériaux de construction , 46,2% dans  l’agro-alimentaire 87,5%, - 83,1% dans le BTPH , 86,4% dans le textile/cuir -50,2% dans la section  bois lièges papiers- 82,9% dans le transport communication mais dominé par les petits transporteurs et taxis,  le chemin de fer, l’aviation relevant du domaine de l’Etat,94,4% dans le commerce ,80,1% dans la section  hôtels-café restaurant,68,6% dans les  services fournis aux entreprises et 92,2% dans les  services fournis aux ménages.Concernant l’emploi, l’Algérie comptait au 01 janvier 2016  une population active de 11,932 millions de personnes, répartie entre une population occupée de 10,6 millions de travailleurs et un nombre de chômeurs de 1,337 million d’individus, selon les chiffres de l’Office national des statistiques (ONS). Début  2016, la  population occupée se compose de 8,66 millions d’hommes et de 1,934 million de femmes. .Le salariat continue à constituer la forme dominante de la population occupée avec un taux de 69,8%.La catégorie des employeurs et indépendants représente 28,7% de l’ensemble de la population occupée. Quant à la structure de l’emploi selon le secteur d’activité, elle fait ressortir que les services marchands et non marchands absorbent 61,6% de la main d’œuvre totale, suivi par le BTP (16,8%), l’industrie (13%) et l’agriculture (8,7%). En fonction du secteur juridique, l’enquête de l’ONS indique que le secteur privé emploie 58% de l’ensemble des employés, mais avec une disparité hommes-femmes puisque l’emploi féminin se concentre en particulier dans le secteur public avec 64,1% de l’emploi féminin global.


4.-Selon les données quantitatives du recensement économique (RE) effectué par l'Office national des statistiques (ONS) en 2011, le seul réalisé depuis, mais certainement n’ayant pas connu de changement  structurel notable entre 2012/2017,  le  nombre d'entreprises recensées sur le territoire national a atteint 990.496 entités dont plus de 934. 250 entités économiques  avec  la «prédominance» du secteur commercial et le caractère «tertiaire de l'économie nationale plus de 83% du tissu économique global.    Par ailleurs  cette enquête  a révélé  que le tissu économique national est fortement dominé par les personnes physiques à 95% (888.794) alors que les personnes morales (entreprises) représentent seulement 5%, soit 45.456 entités, ce résultat étant  révélateur d'une économie basée essentiellement sur des micro- entités peu initiées au mangement stratégique. Les quelques cas analysées précédemment qui sont d’ailleurs confrontés  à de nombreuses contraintes, ne peuvent  permettre à eux seuls  une dynamisation globale de la production hors hydrocarbures, nécessitant  des milliers d’entrepreneurs dynamiques.  Car si  le secteur privé réalise 80% de la valeur ajoutée hors hydrocarbures du pays, qui ne représente d’ailleurs que 2/3% du total des exportations  contre 97/98% pour Sonatrach, et sur ces 2/3% 60% sont des dérivées d’hydrocarbures relevant du secteur public donc un montant dérisoire de moins 500/600 millions de dollars pour 2016 et sa part dans l’investissement porteur à moyen et long terme global est négligeable. Aussi,  que représente le secteur privé algérien  face au chiffre d’affaires de Sonatrach qui contribue directement et indirectement via la dépense publique/via les hydrocarbures à plus de 80% du produit intérieur brut restant un long chemin à faire supposant une autre vision politique. il n’existe pas d’économie de marché spécifique à l’Algérie, les lois économiques étant universelles mais des spécificités sociales dans la gestion de la ressource humaine. Force est de constater que durant cette période de transition, ni économie de marché concurrentielle, loin de tout monople qu’il soit public ou privé plus néfaste, ni économie étatisée, l’Algérie se cherchant toujours, le secteur privé algérien  qu’il soit autonome vis-à-vis des sphères du pouvoir ou dépendant, (pour l’octroi de marchés), a une attitude contradictoire tant vis-à-vis de la politique du gouvernement que de grands dossiers. Comme la privatisation ( totale ou partielle des entreprises publiques existantes)  qu’il s’agit de ne pas  confondre avec la démonopolisation ( unités nouvelles  crées par le   secteur privé) avec parfois des  alliances contre nature avec des syndicats corporatistes, (intérêts communs  de rente) , les dossiers de   l’adhésion à l’organisation mondiale du commerce,  des Accords de libre échange avec l’Europe et  de la règle  des  49 /51% %( l’Etat algérien supportant tous les  surcouts via la  rente)  régissant le privé international ,  instaurée en 2009  ( sans une délimitation claire de ce qui est stratégique et de ce qui l’est pas),  dont les  IDE, selon les rapports internationaux   sont relativement faibles , contrairement aux discours officiels . D’ailleurs on peut se poser cette question : pourquoi la majorité des projets  dans le  cadre de la  règle des 49/51% valables pour les  segments  stratégiques à définir avec précision,  et pourquoi ne pas  instaurer la minorité de blocage pour les segments non stratégiques,  et le pourquoi de cet assainissement des entreprises publiques   du secteur public alors que 70% sont revenues à la  case de départ au lieu  d’une nouvelle affectation plus rationnelle au profit de nouvelles filières? 

5.- Pour sa relative autonomie, n’existant pas une autonomie totale dans l’absolu, le   rôle du secteur privé a besoin d ‘être démystifié souvent assimilé faussement à voleurs alors que l’Algérie a besoin de milliers d’entrepreneurs privés dynamiques cohabitant avec de véritables managers du secteur public qui eux aussi ont besoin d ‘autonomie pour prendre des décisions en temps réel en ce monde turbulent et instable.  Le développement des espaces de liberté, ne saurait signifier  capitalisme sauvage devant concilier efficacité économique et une profonde justice sociale qui n’est pas l’antinomie de l’efficacité. L’Etat régulateur dans tous les pays du monde y compris aux USA, a  un rôle stratégique à jouer afin de concilier les  coûts sociaux et les coûts privés. Il ne faut pas se tromper de stratégie. Nous avons de nombreux entrepreneurs dynamiques  informels acquis à la logique de l’économie de marché qu’il s‘agit d’introduire dans la sphère réelle non par mesures administratives autoritaires mais par de nouveaux mécanismes économiques de régulation. Comme nous avons  le dynamisme  de certains patrons de la sphère réelle soumis aux contraintes bureaucratiques. Comme il ne faut pas oublier notre diaspora,  les milliers d’entrepreneurs algériens qui réussirent à l’étranger qui peuvent être un pont entre  l’Etranger,  au sein des espaces euro-méditerranéens et –africains. Ils peuvent être des relais  de transfert managérial et technologique grâce à des co-partenariats et des co-localisations avec des investisseurs étrangers et  contribuer au développement économique et social de l’Algérie.  

6.-La sécurité nationale étant posée,  l’Algérie en ce mois d'octobre  2017, ne connait pas encore de crise financière mais une crise de gouvernance. Mais le risque sans correction de l’actuelle politique économique est d’aller droit vers le FMI horizon 2019/2020 ou cohabiteront crise financière et crise de gouvernance La   solution la plus sûre  est d’avoir une vision stratégique, loin de tout replâtrage, les tactiques  pour paraphraser les experts militaires, devant  s’insérer au sein d’une fonction objectif stratégique ce qui fait cruellement défaut actuellement. L’Algérie a un répit de seulement trois ans pour changer de cap et éviter de vives tensions  sociales 2018/2020. Alors que faire pour maintenir le niveau des réserves e change à un niveau acceptable qui tient la valeur du dinar  car à 20/30 milliards de réserves de change la cotation officielle du dinar  serait à plus de 200 dinars un dollar.  Comment compresser  les rubriques importation de biens et services, dynamiser  les rentées annuelles de Sonatrach qui dépendront à la fois de la forte consommation inférieure, de la concurrence internationale et des cours futurs, dont l’Algérie n’a aucune emprise ? L’annonce euphorique des gouvernements précédents   d’une sortie de devises en biens et services  de 30 milliards de dollars entre 2017/2018 , même discours due l’actuel ministre  du commerce le 19 octobre 2017  est irréalisable, sauf à fermer la majorité du secteur économique et provoquer une implsio, sociale. En effet , nos calculs largement publiés dans la presse nationale et internationale  à partir des statistiques douanières donc officielles, année par année en janvier  2017 montrent qu’entre 2000/2016  les  sorties de devises de biens ont été d’environ 520 milliards de dollars( 560 milliards de dollars à juillet 2017) ,  plus les services 120/140 souvent oubliés dans les  déclarations officielles ( 10/11 milliards de dollars/an entre 2010/2016)  et les transferts légaux de capitaux  de plus de 730 milliards de dollars , pour une entrée de devises  d’environ   850 milliards de dollars, la différence » étant les réserves de change  au 31/12/2016 de 114 milliards de dollars  et de 102 milliards de dollars septembre  2017. Les sorties de devises biens-services-transferts légaux de capitaux ont été d’environ de  60 milliards de dollars en 2016   et les entrées de devises 29,5 milliards de dollars. Pour 2017 (prévisions en fonction des indicateurs officiels des huit premier mois, les  sorties de devises(prévision 2017 :biens-services-transferts légaux de capitaux seront entre 55/57 milliards de dollars pour  une entrée de devises 32/33 milliards de dollars dont le montant officiel annoncé par le PDG de  Sonatrach de 31 milliards . 

7.-En résumé, faute d’une bonne communication par un discours  vérité, ne signifiant pas  sinistrose avec  des solutions réalistes mis en relief non par des intellectuels organiques  aux ordres mais des personnalités crédibles, le discours totalement alarmiste a eu un effet dévastateur   au niveau national  et international. Au  niveau national, selon nos enquêtes, certains possédant  d’importantes sommes d’argent   se sont précipités pour retirer leur agent des banques soit en les reconvertissant en euros,  soit en achetant de l’or ou des biens durables.  Et surtout auprès de la population algérienne : que l’on fasse une enquête de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud auprès de simples citoyens qui sont hantés depuis ces discours par la peur de perde leur pouvoir d’achat. Au niveau international,  suite à ces discours alarmistes , des institutions de renommées mondiales comme leurs  récents rapports d’octobre 2017 de l’Institut américain  Carnegie  sur la politique du gouvernement actuel, le grand quotidien français le monde.fr ou une institution financière comme le crédit agricole français reprenant les arguments de certains responsables algériens ont dressé un tableau noir de la situation économique et sociale  de l’Algérie où l’amplification de la crise déstabiliserait toute la région méditerranéenne et africaine. Ce genre de discours porte atteinte à la sécurité nationale, est  facteur de démobilisation,  risquant de provoquer une psychose généralisée pas d’investissement porteur à terme,  (dérive inflationniste), faire fuir les capitaux (dérapage du   sur le marché informel).  Or sans confiance aucun développement n’est possible L’objectif stratégique est  d‘aller vers de profondes réformes structurelles et une mobilisation générale de toutes les composantes de la  société  sans lesquelles,  l’on ne pourra pas faire émerger une économie diversifiée. Sans réformes, au-delà de 2020, il sera impossible de maintenir le niveau des réserves  au vu de la  situation économique.  L’Algérie n’est pas en faillite et a toutes les potentialités pour surmonter la crise. Redonnons confiance   et  rassemblons les Algériens  au lieu de les diviser. [email protected]

NB-Le professeur Abderrahmane Mebtoul avec des experts, universitaires, opérateurs du secteur public et privé de toutes les régions du pays ont fondé en décembre 1992 au moment ou dominait la pensée bureaucratique étatiste, l’association algérienne de développement de l’économie de marché ADEM (agrément national 93/62 du ministère de l’intérieur ) dont il fut président  de 1992/2015 dont le programme a été largement diffusé au niveau national et international en arabe-français-anglais. Ila été également président du conseil national des privatisations entre 1996/1999 avec rang de ministre délégué.



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